Le Brésil est une terre de métissage, un pays chaleureux qui accueille en son sein tous ceux qui veulent s'y installer sans discrimination aucune. Pays de métissage, les hommes, toutes races et toutes religions confondues, s'y sont établis et ont participé à la grande épopée brésilienne. Les Arabes n'ont pas été en reste. Ils sont aujourd'hui 12 millions, dont 8 millions d'origine libanaise qui, comme dans beaucoup d'autres pays d'Amérique latine, sont arrivés jusqu'à occuper de très hautes fonctions, à l'image de Carlos Mennem en Argentine. L'aventure arabe au Brésil a commencé à la fin du XIXe siècle. L'empereur brésilien de l'époque, Pedro II, un homme féru de culture et un grand voyageur, fait une tournée au Proche-Orient avec des escales à Beyrouth et à Damas. Il s'est rendu spécialement dans cette dernière ville pour rencontrer l'Emir Abdelkader. Il était au courant du fait que l'homme d'Etat algérien a offert le refuge à des milliers de chrétiens dans son palais pour les protéger de la colère des Druzes qui voulaient les massacrer. L'empereur a consacré un chapitre de son livre sur cette rencontre, ne tarissant pas d'éloges sur l'Emir qui lui a offert à cette occasion sa photo dédicacée, laquelle se trouve actuellement au musée de Rio De Janeiro, une photo qui, paraît-il, n'est pas comme en Algérie. C'est après ce passage que l'émigration arabe a commencé. Aujourd'hui, elle est devenue une communauté importante et influente et active pour jeter des ponts solides entre le monde arabe et le Brésil. Dans ce but, a été créée il y a de cela 50 ans, la Chambre de commerce arabo-brésilienne, dont le siège se trouve à Sao Paulo, avenue Paulisto, l'équivalent de la 5e Avenue à New York. Nous avons eu l'occasion d'assister à un workshop entre les représentants de la Chambre et des hommes et des femmes d'affaires brésiliens sur les opportunités d'investissements dans le monde arabe, sur les échanges commerciaux entre les deux régions, sur le développement du tourisme, un sujet où la destination Algérie n'a jamais été évoquée. Tout au long des exposés et des interrogations qui ont été posées, il est apparu nécessaire que pour découvrir de nouveaux marchés et faire des affaires avec le Monde arabe, le relais le plus rapide et le plus sûr reste la Chambre de commerce arabo-brésilienne. La mission de la Chambre est « d'accroître les échanges économiques, culturels et touristiques entre les Arabes et les Brésiliens », selon un document de l'institution qui précise que « tout au long de ces décennies, elle a joué un rôle fondamental dans le développement des relations privilégiées entre ces deux peuples ». « Son but, ajoute-elle, est de consolider et de multiplier les partenariats, de créer des opportunités et, principalement, de rapprocher les Brésiliens et les Arabes en facilitant, entre eux, les flux de renseignements et de connaissances ». Pour atteindre ces objectifs, la Chambre a créé plusieurs structures afin de faciliter les activités dans le monde des affaires. On peut citer : — une agence d'informations mise en place en 2003, « inédite à l'échelle mondiale », centrée uniquement sur le Brésil et le Monde arabe. Signe de son succès, elle a neuf prix de journalisme brésiliens à son palmarès. Elle travaille en outre en partenariat avec huit agences de presse arabes, dont l'APS (Algérie Presse Service). — Lorsque les négociations aboutissent entre partenaires brésiliens et arabes, la Chambre « est autorisées à émettre des certificats d'origine et à certifier les documents d'exportation vers les pays arabes, ainsi que tout autre document commercial garantissant à l'importateur la provenance des produits et des services ». — La Chambre a en outre créé un « espace de la connaissance commerciale » qui « rassemble les informations portant sur différents secteurs, notamment l'économie, le commerce, la culture et le tourisme. Il s'agit d'un centre de référence destiné aux recherches concernant les relations entre le Brésil et les pays arabes ». — La Chambre organise des « conférences et séminaires destinés à apporter des renseignements sur les marchés et les opportunités d'affaires », des « workshops fournissant les outils de base pour préparer les entreprises à la négociation », des « missions commerciales, des projets entre acheteurs et vendeurs, l'accueil de délégations », des « rencontres d'affaires réunissant plusieurs entreprises sur les mêmes biens », et des « participations à des Foires ou à des Salons. » — La Chambre effectue des recherches dans « les secteurs de l'économie, du marché et de la culture », afin de préparer de la documentation sur le commerce extérieur, l'accès à l'information et les opportunités d'affaires. — Enfin, la Chambre a créé un service de traduction de documents, de lettres et correspondances, de supports publicitaires en général, d'emballages et d'étiquettes, de supports de vente, de journaux et de livres. Les services offerts par la Chambre ne relèvent pas de la pure propagande. Elle s'est entourée d'économistes de renom, de sociologues, d'hommes de culture… pour mener à bien sa mission. Le luxueux immeuble de l'avenue Paulisto est une véritable ruche. C'est là par exemple où ont été préparées les participations de la Chambre arabo-brésilienne à la Foire d'Alger. Rafael Abdoulmassih, analyste en développement des marchés, qui y a assisté à deux reprises, en garde un bon souvenir.