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Judas dans de nouveaux habits
Publié dans El Watan le 08 - 09 - 2015

Judas apparaît sous de beaux traits dans le dernier film du Franco-algérien Rabah Ameur Zaïmèche, présenté dimanche soir au Théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh de Béjaïa à la faveur des 13es Rencontres cinématographiques. Histoire de Judas suit le rapport entre le disciple Judas et le maître Jésus de Nazareth qui paraît étroit dans le film.
Judas est fidèle, obéissant, protecteur, courageux, franc, brave. Ce n'est pas le personnage voué aux gémonies par les chrétiens depuis la nuit des temps. Pour l'Eglise, Judas était un traître. C'était lui qui aurait livré Jésus aux romains contre une poignée d'argent avec l'aide des prêtres de Jérusalem.
Au fil des siècles, la trahison de Judas a alimenté le discours antijuif au sein de la communauté chrétienne, puis au-delà. Rabah Ameur Zaïmèche déconstruit la trahison de Judas, fait une intelligente relecture. Réhabiliter Judas ? Oui, absolument. Je ne comprends pas pourquoi, après des décennies, le monde du cinéma n'ait pas prospecté et approfondi ce personnage.
Judas est le personnage qui a catalysé toute la haine des juifs depuis des milliers d'années. «C'est la première fois qu'on voit le personnage de Judas aussi beau», a déclaré le cinéaste lors du débat qui a suivi la projection. Judas (Rabah Ameur Zaïmèche) est chargé par Jésus (Nabil Djedouani) de détruire les écrits portant ses paroles.
«Fais ce que tu dois faire», lui dit-il. Judas exécute, brûle les écrits d'un scribe après avoir reçu ce qui peut paraître comme un ordre. «Les paroles s'envolent, partent avec le vent, sont portées loin. Mais est-ce qu'elles demeurent dans nos cœurs ? Dans les manuscrits, on peut écrire ce qu'on veut.
On peut travestir les écrits, les trahir. On ne sait presque rien de Jésus en dehors des écrits rédigés bien plus tard à son propos», a relevé le cinéaste. Jésus sème le trouble parmi les prêtres en Galilée, constitue une menace pour les Romains qui accusent Jésus de s'être déclaré «Roi des juifs». Il sera crucifié car César préfère «l'injustice» au «désordre».
La crucifixion n'est pas montrée dans le film, pas de traces de sang. Et Judas, blessé, n'apprend la mort de son maître qu'après avoir entendu les cris des fidèles. Le film fonctionne par ellipses, puisque même l'arrestation de Jésus par les gardes romains n'est pas montrée. Le fou Carabas (Mohamed Aroussi), qui se proclame «Roi des juifs» et qui maudit Rome, enlève les trois croix de la colline. Judas pleure à chaudes larmes.
Mais, Jésus a-t-il été tué ? La version du Coran dit que le prophète Aïssa (Jésus) n'a pas été crucifié par les Romains mais remplacé par un autre homme envoyé par Allah. «Vous voulez vraiment qu'on me coupe la tête ?» a répondu Rabah Ameur Zaïmèche à la question sur le rapport avec la version coranique.
Le propos du film n'est probablement pas de s'engager sur le terrain glissant des religions, mais de proposer une réflexion sur l'homme, sur ce qu'il laisse comme traces, sur son rapport à l'autre et sur le sens de son existence sur Terre. Le procès de Jésus face à un César hésitant et craintif se déroule dans un sorte théâtralité suggérant le simulacre du jugement. Un jugement qui n'est pas public comme évoqué par la Bible et qui a lieu dans des ruines romaines. Toute civilisation finit par disparaître.
Que reste-t-il alors ? L'amour ? Les écrits ? Les pierres gravées… d'écriture ? «Passer par ce rôle m'a donné plus d'ouverture, de tolérance. La persistance du message d'amour comme énergie universelle qui circule entre nous tous, c'est que je retiens de ce film», a souligné Nabil Djedouani qui a interprété son premier rôle au cinéma.
Il n'y a pas vraiment de reconstitution historique dans le film Histoire de Judas, même si les costumes peuvent le suggérer. Le manteau blanc qu'offre Judas à Jésus porte une certaine signification.
Le souci «d'évacuer» le texte est présent dans la fiction puisque même Jésus parle peu. Le dernier dîner avec les apôtres est filmé dans un saisissant silence. Tout est dans le regard. Tourné dans la région de Biskra, le long métrage offre de belles images des oasis, des ksour et des dunes des Zibans.
Le regard de Rabah Ameur Zaïmèche est poétique et les images d'Irina Lubtchansky fabuleuses. Le cinéaste laisse parfois les silences meubler les paysages, peu de musique. «Je suis d'origine algérienne. Et l'Algérie me paraissait le lieu le plus adapté pour construire un Jérusalem céleste», a-t-il dit.


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