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« Un nouveau regard du cinéma français à consonance arabe... »
Abdelraouf Dafri. Scénariste et dialoguiste du film « Un Prophète »
Publié dans El Watan le 09 - 02 - 2010

Abdelraouf Dafri, le dialoguiste dont le nom sonne et résonne (L'Aviseur et Mesrine : l'ennemi public n°1)-car tout le monde en parle dans le cinéma français- est auteur de l'histoire originale et coscénariste du film Un Prophète. Interview hardcore (« radicale » !)
De notre envoyé
à Paris( France)
Vous êtes l'auteur de l'idée originale du film Un Prophète de Jacques Audiard...
Sur Un Prophète, j' ai écrit l'histoire au début. C'est le producteur qui a investi exclusivement pour l'écriture. Je voulais raconter mon histoire à travers celle de Malik qui est en prison. Raconter l'histoire de l'Arabe qui est dans la société française. Dans laquelle, même si vous êtes libre, c'est une prison. Vous devez apprendre et vous en sortir que par vous-même. Je voulais montrer dans Un Prophète des personnages arabes qui se prennent en charge, par eux-mêmes. Je ne voulais pas montrer un film « colonialiste » dans lequel les Blancs posent la main sur l'épaule de l'Arabe, pour l'aider à devenir quelqu'un. Et il le fait au détriment des Corses (rires). Je suis un fan du film Dans la chaleur de la nuit avec Sidney Poitier incarnant un « flic » noir enquêtant dans une ville américaine raciste. Je voulais montrer un individu fier de ses origines.... A part que dans ma version, le personnage de Malik sortait de prison au milieu du film. Et après, il montait son organisation (milieu maffieux). Mais Jacques (Audiard) a dit qu'il y avait deux films à l'intérieur (scénario). Autant faire un film où Malik est en prison et après, il y aura peut être une suite.(rires)
Un Prophète part II…
(rires). Oui ! En tout cas, les producteurs y pensent. Et en plus, il y a beaucoup de choses à dire sur Malik, une fois libre.
Vous dites que Un Prophète, c'est l'histoire d'un Arabe. Pourquoi pas celle d'un Maghrébin ?
On est des Arabes. On n'est pas des Perses ! On est des enfants du Maghreb Moi, je suis né en France. Ma famille, mes nom et prénom sont arabes. La société française me rappelle tous les jours que je suis Arabe. Et je voulais faire un film pour montrer les Arabes tels qu'ils sont. Le milieu criminel tel que décrit dans le film, c'est cela. C'est la réalité. C'est-à-dire les Arabes qui sont nés ici (en France), qui sont devenus des gens bien et pour d'autres des criminels, parlent comme ça dans la vie. Quand ils sont entre eux, ils reviennent à leur culture d'origine.
Quelle est la réaction de Jacques Audiard ?
Jacques(Audiard) en terme arabe ou français, il raisonne cinéma. Et il y avait une proposition évidente d'un film avec des personnages arabes parlant en arabe. Et qui n'a jamais été faite en France. Il voulait montrer ces gens dont on parle beaucoup mais qui sont invisibles.
Un nouveau regard du cinéma français, pas du tout manichéen…
Ah ! Oui ! C'est un nouveau regard. Parce que pour moi, pour la première fois, je le redis dans la cinématographie française, il y a enfin un film dans lequel les Arabes parlent français, maîtrisent le système français, et en plus, ils sont fiers de leurs origines arabes et s'expriment en arabe entre eux, comme on le voit dans le film. Cela est nouveau ! On ne le voyait que dans les films américains. On y voit les Hispaniques, les Italiens…Dans Le Parrain, Don Corléone, à un moment, parle en italien.
Ce n'est pas une caricature…
Ah non ! C'est la réalité ! Il y a vingt ans, quand les Arabes se croisaient, ils disaient « bonjour, salut ! » Aujourd'hui, ils disent : « salam aâlikoum ! » Les jeunes, actuellement, ont décidé de l'assumer d'abord par le langage. Aujourd'hui, dans les quartiers en France, les Arabes qu'ils soient Marocains, Tunisiens ou Algériens parlent l'arabe entre eux, en groupe. C'est ce que je regrette. Et ils parlent très bien le français, ils le maîtrisent.
C'est le communautarisme…
On les a poussés au communautarisme. A partir du moment où on décrète que vous avez cette couleur-là, vous celle-ci, vous allez rester ensemble dans un quartier. On vous refuse le mélange, le brassage… Qu'est-ce qu'ils vont faire ? Moi, pour arriver là où je suis, il a fallu que je me « tape » toutes les étapes. Il a fallu que je sois plus Français dans le langage, que je prenne un accent, mais je ne me suis jamais renié. Pour mon premier emploi dans ce pays, on m'a embauché en me disant qu'il fallait que je change de nom. J'ai dû trouver un autre nom à consonance française pour pouvoir avoir un salaire : Francis Panama, jazzman américain. Dafri Abel Raouf, ça ne passait pas. Et je suis vivant !
En recevant le prix Lumières pour Un Prophète, vous avez réagi par rapport au débat sur l'identité nationale en France en disant : « Je me demande pourquoi il existe un ministère de l'identité nationale ? »
Il y a quelque chose qui me choque dans ce pays. Quand on pense à ce qu'a fait ce pays aux Juifs, aux Noirs, et ce qu'il a fait en Algérie en le pillant une certaine époque, dans les colonies...Et puis, il crée un ministère de l'Identité nationale. Qui a construit ce pays (France) dans les années 1970. Qui a vidé les ordures des Français ? On l'a oublié cela ? Et on voudrait nous dire aujourd'hui : estimez-vous heureux, c'est bien d'être là ! Ce pays a été bâti par nos pères. On nous a fait venir ici.On est allé chercher les anciens jusque dans les villages. On est parti chercher la main-d'œuvre mais pas les intellectuels algériens. C'est honteux un ministère de l'Identité nationale ! La première mosquée de Paris a été construite en 1926. On dirait que l'on découvre pour la première fois l'Islam. La population d'origine arabe, musulmane ou encore africaine représente 15% de la société en France. Et vous savez quoi, ils représentent 80% de la population carcérale. Il n'existe plus d'aumônier dans les prisons. Pourquoi ? Parce qu'ils y a un nombre massif de Maghrébins, Africains et surtout de Musulmans. L'Islam est la première religion carcérale en France ! On vit dans ce pays, on paie nos impôts et ces « Blancs » intolérants et xénophobes et bien, ils font avec. C'est leur problème, pas le nôtre, pas le mien en tout cas !
Un nouveau scénario en chantier... ?
Oui ! Je suis en train d'écrire un scénario portant sur une histoire vraie de deux jeunes Maghrébins d'Aubervilliers qui, dans les années 1980, ont commis un hold-up au Japon en guise de vendetta contre la mafia locale, les Yakuza.
La prophétie de Abdel raouf
Le film-événement Un Prophète de Jacques Audiard dont l'histoire originale est signée Abdel Raouf Dafri est un véritable plébiscite. La preuve ! les distinctions ne font que pleuvoir ! Le Grand Prix du jury lors du 62e Festival de Cannes, Prix du meilleur film au Festival du film de Londres, Prix Louis-Delluc ou encore le Prix du meilleur acteur européen pour Tahar Rahim qui a aussi décroché le trophée du Meilleur acteur pour son époustouflante et charismatique performance dans Un Prophète ( rôle d'un détenu, self-made-man qui devienda un caïd) et Jacques Audiard, celui du Meilleur réalisateur pour Un Prophète lors de la 15e cérémonie des Lumières, Awards récompensant le cinéma français, et ce, de par la presse étrangère-par analogie aux Golden Globes américains. De front, la cérémonie des British Academy of Film and Television Awards (les Baftas) se déroulant à Londres le 21 février prochain, Tahar Rahim y est en course dans la catégorie « Etoile Montante ». Et pour la très attendue 35e cérémonie des César qui se tiendra le 27 février prochain, au théâtre du Châtelet, à Paris, Un Prophète est nommé…13 fois. Un numéro gagnant ! Dans les catégories Meilleur acteur, Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur dans un second rôle (Niels Arestrup), Meilleur espoir masculin, Meilleur scénario original, Meilleure musique, Meilleurs décors, Meilleurs costumes, Meilleur son et Meilleur montage. Et puis Un Prophète est retenu à la cérémonie de remise des Oscars pour représenter la France dans la catégorie Meilleur film étranger.


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