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Donald J. Trump : quel avenir pour l'Amérique et le monde ? (1re partie)
Publié dans El Watan le 08 - 02 - 2017

Cette cérémonie a été l'occasion pour le nouveau Président de présenter les grandes lignes de sa politique nationale et internationale. Parmi les propositions qu'il a avancées, les deux indiquées ci-dessus en épigraphes sont les plus représentatives de cette nouvelle politique. Les deux épigraphes précédents suggèrent la direction que pourrait prendre la politique américaine du nouveau Président.
Le premier indique la préférence et la prééminence donnée au développement de l'économie américaine sur une politique jusqu'à maintenant accordant une place à l'aide aux pays en développement : «Nous ferons de l'Amérique une grande nation à nouveau», ajoutant […] à partir de ce moment, «c'est l'Amérique qui sera placée en premier». Le second épigraphe indique la nouvelle orientation politique étrangère de Donald Trump : «Nous déterminerons le cours de l'Amérique et celui du monde pour les années à venir. […] à quoi il ajoute […] Nous ne cherchons pas à imposer notre manière de vivre à qui que ce soit, mais plutôt à faire qu'elle serve comme un exemple à suivre.»
A première vue, ces deux declarations déclamées par le nouveau Président dans son discours inaugural du 20 janvier dernier semblent concorder l'une avec l'autre. Cependant, lorsqu'on les analyse mot par mot, on réalise qu'elles renferment des contradictions flagrantes, voire frappantes, d'abord au sein de chacune des déclarations, et ensuite entre les deux déclarations considérées ensemble.
L'objectif du présent papier est d'essayer de comprendre(1) le sens et les dissonances résidant à l'intérieur de chaque proposition, et(2) le sens et les dissonances existant entre les propositions elles-mêmes. Pour ce faire, nous diviserons notre propos en deux parties. Nous parlerons d'abord de la nouvelle politique de prééminence donnée à la nation américaine et ensuite de la nouvelle direction donnée à la politique extérieure des Etats-Unis.
La prééminence donnée à l'intérieur sur l'extérieur
La politique du nouveau Président peut aussi être schématisée de la manière suivante : «nationalisme versus globalisme» ou encore «patriotisme versus altruisme» ou encore «protectionisme versus internationalisme». Désormais, la priorité sera accordée au développement de l'économie américaine et sera axée sur le «business» [la recherche du gain].
Rappelons que cela était déjà la politique appliquée à l'époque de l'ancien secrétaire d'Etat Henry Kissinger sous les présidences de Richard Nixon et Gerald Ford et qui, à la question : «What is the politics of the United States ?» [quelle est la politique des Etats-Unis ?], il avait répondu : «Our politics is business» [notre politique c'est les affaires]. Cette nouvelle orientation va, cependant, poser deux questions : (1) – Qu'adviendra-t-il de l'aide et du soutien au développement des pays en développement ? (2) – Peut-on appliquer les méthodes de management de l'entreprise à l'économie nationale américaine ?
En d'autres termes, peut-on appliquer les méthodes de la microéconomie à la gestion de la macroéconomie ? Une troisième question, non négligeable, doit être posée aussi : la nouvelle politique sera-t-elle en mesure de résoudre les problèmes internes endémiques que connaît l'Amérique (relations raciales, criminalité, relations entre les religions, écart entre riches et pauvres) ? Pour répondre à la première question : qu'adviendra-t-il de l'aide aux pays en développement ? Il est utile de rappeler la situation économique prévalant dans le monde actuellement et l'ampleur du «gap» existant entre les pays développés (les «haves») et les pays en développement (les «have not»).
Cependant, avant de parler de cet écart qui n'a pas cessé de grandir entre les pays riches et les pays pauvres, il faut rappeler un fait historique : si les pays en développement sont dans l'état dans lequel ils se trouvent actuellement, c'est en grande partie en raison des politiques de pillage de leurs ressources appliquées au XIXe siècle par leurs anciennes puissances coloniales. Cela ne signifie pas, bien entendu, que les pays en développement n'ont pas «contribué» à cette situation après leur indépendance et que leur responsabilité pour leur développement futur ne doit pas être engagée. Revenons à la question de l'écart croissant entre les «have» et les «have not».
Pour avoir une image globale de cet écart, prenons quelques chiffres sur la pauvreté dans le monde et, pour cela, donnons la parole à Jeffrey Sachs, l'un des économistes les plus écoutés dans le domaine de l'inégalité et du développement humain : «Ours is a world of fabulous wealth and extreme poverty : billions of people enjoy longevity and good health care unimaginable in previous generations ; yet at least 1 billion people live in such abject poverty that they struggle for mere survival every day.»
(Notre monde est rempli de richesse et de pauvreté : des milliards de gens jouissent de la longévité et de bons soins médicaux inimaginables pour les générations précédentes, pendant qu'au moins 1 milliard de gens vivent dans une telle pauvreté abjecte qu'ils luttent pour la survie chaque jour)(6). Au même moment, l'aide apportée à ce milliard de pauvres par les pays riches s'est réduite comme peau de chagrin au cours des deux dernières décennies.
«A recent estimate finds that between 1987 and 2007, the fraction of ODA [Official Development Aid] that is tied [with conditionality], together with the fraction that was food aid or technical assistance (both of which are typically of low value to the recipient) fell from 80% to 25% .» (Une estimation récente a trouvé qu'entre 1987 et 2007, la portion de l'Aide publique au développement qui est “liée” (avec conditionalité) ainsi que la fraction de l'assistance alimentaire ou technique (qui sont toutes deux d'une faible valeur pour les bénéficiaires) a diminué de 80% à 25%)(7). Ces deux statistiques globales à elles seules suffisent à montrer l'effort qui reste à faire —par les pays en développement eux-mêmes, mais aussi par les pays riches — pour sortir ce milliard de pauvres de leur état actuel.
La deuxième question que pose la nouvelle politique de Trump concerne l'applicabilité ou non-applicabilité des méthodes de gestion de l'entreprise à l'économie d'un pays aussi vaste que les Etats-Unis. En effet, Trump a lui-même dit qu'il faut un «businessman comme moi pour résoudre les problèmes de l'Amérique»(3). Cette question soulève deux sous-questions : (1) Peut-on gouverner un pays comme les Etats-Unis avec les méthodes de gestion de l'entreprise ? (ce que prétend Trump). (2)N'y a-t-il pas un conflit d'intérêts entre les biens et entreprises possédés par Trump et sa nouvelle mission en tant que président des Etats-Unis ? Pour ce qui est de la première sous-question, il faut rappeler quel est l'objectif d'une entreprise et celui d'un pays comme les Etats-Unis.
L'objectif d'une entreprise est, principalement [mais pas seulement bien sûr], de réaliser le maximum de profit [principalement] pour l'entrepreneur. Cela implique d'utiliser tous les moyens pour arriver à cette fin (réduire les coûts à leur strict minimum, y compris compresser le personnel et le réduire à son strict minimum utile, produire des produits qui, dans certains cas, sont des «bads» [produits nocifs] et non des «goods» ). L'entreprise ne se préoccupe pas, par exemple, du chômage et de ses conséquences sur les chômeurs et leurs familles.
Elle ne se préoccupe pas non plus [sauf si le gouvernement l'y oblige par l'application de la règlementation antipollution] des effets de ses produits sur l'environnement et les humains. Qu'en est-il de l'objectif d'un pays comme les Etats-Unis ? Même si Trump [et Kissinger avant lui] affirme que la politique des Etats-Unis est le «business» (et par voie de conséquence, le «profit»), on ne peut pas dire pour autant que l'objectif d'un pays est de réaliser le maximum de profit. Cela serait en contradiction totale avec le principe selon lequel le gain d'un pays signifie une perte pour un autre pays.
Cette politique — appelée en économie «Beggar-thy-neigbour policy» [politique d'appauvrissement du voisin] — a été originellement affirmée par Adam Smith, selon qui la doctrine économique mercantiliste statuait que «leur intérêt consistait à faire des voisins leurs mendiants»(4). Cette politique serait, elle-même, en contradiction avec la politique de globalisation poursuivie depuis plusieurs décennies et préconisée et acceptée par la plupart [pas tous] des pays, qu'ils soient au nord ou au sud de la planète. On voit donc que, ne serait-ce que pour ces raisons, l'objectif d'un pays n'est pas assimilable à celui d'une entreprise et que, par voie de conséquence, il n'est pas possible de «gouverner» un pays comme on «gère» une entreprise.
La deuxième sous-question est de savoir si les intérêts [les biens et les entreprises possédés par Trump ne sont pas en conflit avec les intérêts du pays. En d'autres termes, est-ce que Trump ne va pas utiliser son poste de Président pour se «servir» et accroître sa richesse.
Trump a promis, déjà au cours de sa campagne présidentielle, de se désister de ses entreprises [par des donations à ses enfants], mais jusqu'à présent il n'en a rien été. Beaucoup d'analystes pensent que, même s'il venait à le faire, les risques existent toujours qu'à travers ses enfants, il continuerait à «tremper» dans les biens de l'Etat américain.
On voit bien que cette question hautement «éthique» va se poser encore pendant un certain temps, à moins que le nouveau Président prenne la décision de séparer complètement ses avoirs de ceux de l'Etat américain. La troisième question posée par la nouvelle présidence américaine est : «La nouvelle politique proposée va-t-elle résoudre (ou tout au moins réduire) les problèmes endémiques que connaît l'Amérique depuis longtemps et qui se sont accentués ces dernières décennies ?» Parmi ces problèmes, citons quelques-uns des plus importants : (1) la crise des relations raciales et ethniques ; (2) la place des religions dans la vie politique. (A suivre)


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