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La vérité sur l'attaque d'El Horane
Publié dans El Watan le 16 - 02 - 2017

Si Mohand Igherviene nous parle «en tant qu'un des acteurs aux côtés et sous la responsabilité de l'aspirant Mohand Arezki Ouakouak, d'Adrar At Kodia (Aghribs), placé par Si Amirouche, vers le début de janvier 1958, comme chef de la 3e compagnie relevant du bataillon de choc de la Wilaya III, en remplacement de Si Moh Ouali Slimani, dit Chiribibi, de Timerzuga, sous la responsabilité duquel nous étions auparavant».
Il ajoute : «Avec Moh Arezki Ouakouak, dit aussi Moh Arezki Amechtoh, comme chef de la 3e compagnie, Si Amirouche nous envoie en Zone II (Béjaïa) où l'on a formé le bataillon de choc composé de la première compagnie, qui a pour chef Oumira, la 2e compagnie sous la conduite de Mohand Ou-Rabah, et la 3e avait comme responsable Moh Arezki Amechtoh. C'est ainsi que notre compagnie est envoyée vers la zone de Melouza, qui renferme Beni Ilmane, Houra et El Bordj, à M'sila. La première compagnie (Oumira) prend la zone d'Ighil Ali et Seddouk, tandis que celle de Mohand Ou-Rabah s'occupe de la zone du Djurdjura (Haïzer), et c'est là que l'histoire du camp d'El Horane est divulguée, chez les responsables d'abord.».
A l'origine, ajoute-t-il, «c'était Rabah Renaï, un moudjahid de Bouzeguene, qui connaissait un appelé algérien (sergent chef) dans l'armée française et qui s'appelait Mohamed Zernouh, auquel nous donnions, plus tard, le nom de Si Mohamed El Boussaadi. Celui-ci, originaire de Djelfa, travaillait avec les moudjahidine, alors qu'il était encore à El Bordj comme appelé dans l'armée française. Après des soupçons sur lui de la part de ses supérieurs, ces derniers le mutèrent au camp d'El Horane. Rabah Renaï, ayant appris cette affectation, reprend contact avec lui par le biais d'une liaison, une femme du village Ouled Sidi Amar, dont le chef de l'organisation s'appelait Mayouf».
Cette femme, dont Si Moh Igherviene ignore le nom, revoit donc Si Mohamed El Bousaadi qui lui remit un papier sur lequel était dessiné le camp militaire d'El Horane et qu'elle a ramené jusqu'à Ouled Sidi Amar, village se trouvant sous la couverture de la 3e compagnie, explique notre interlocuteur. A la veille de l'opération, Moh Arezki Amechtoh informa le bataillon en disant que ce frère (Zernouh) nous invite à prendre tout le camp. Sitôt tout ficelé, on nous a amené l'adjudant du secteur qui s'appelait Saïd l'Hotchkiss, du village El Yachir, à El Bordj, pour nous accompagner, car il connaissait bien la région.
Le rendez-vous est pris, et Si Mohamed Zernouh prévient dans sa lettre les djounoud quant à la précaution à prendre en se présentant au camp à 17h45 exactement. Si cet horaire est dépassé, pas question de venir, ordonnait-il. Après avoir traversé un oued à Sidi Amar, nous nous retrouvons face au camp militaire, séparés juste d'un champ de blé verdoyant. Il était 17h30. L'attente de l'horaire indiqué terminée, nous fûmes précédés par Saïd l'Hotchkiss, après le signal de phares d'un camion à l'intérieur du camp, tel que prévu comme mot de passe, par Zernouh.
Nous traversâmes le champ de blé et en entrant, Si Mohamed Zernouh, avec son complice à la guérite, donnent des ordres de placement de chacun de nous, pendant que les soldats français étaient dans le réfectoire en train de dîner. Moh Arezki Amechtoh avait comme adjoint l'adjudant de compagnie, Amar Mameur (Aït Lounis) d'Aghribs. Il y avait un sergent qui s'appelait Moh l'Indochine, de son vrai nom Mohamed Fahem, de Tarihant.
Il fut désigné pour braquer les soldats. Sur ce, ce dernier braque et ordonne à l'endroit des militaires : «Les mains en l'air, vous êtes encerclés !» Le lieutenant Dubos rétorquait alors en ordonnant lui aussi : «Laisse-nous tranquille ! Va prendre ta garde, Mohamed !», croyant que c'était Zernouh qui plaisantait. Ce dernier invite le braqueur à reculer et à tirer en l'air. Un soldat sort du réfectoire, une assiette à la main, regarde la sentinelle, lui dit : «Qu'est-ce qui se passe ?» – «Boff ! C'est un sanglier qui passe devant le portail», répondit la sentinelle. Ledit soldat retourne au réfectoire et Moh l'Indochine lui tire dessus et entre au réfectoire en disant : «Cette fois-ci c'est nous, les rebelles ! Les mains en l'air et que personne ne bouge !
Ainsi, nous sommes entrés avec des cordes et nous les avions ligotés. Je ne me souviens pas combien de soldats, en tout cas, parmi eux figuraient 4 ou 5 Algériens. Nous les avions dirigés dehors, puis, soudain, un des soldats à l'intérieur tira au pistolet et atteignit mortellement au dos un de nos camarades dont j'ignore l'identité. Je sais seulement qu'il nous avait rejoints il y avait deux mois environ, après avoir déserté l'armée française à Yakouren en ramenant avec lui une MAT 49», dira encore Si Moh Igherviene. Selon un parent de Moh Arezki Ouakouak, «ce martyr s'appelait Ali des Issers, mais je ne suis pas sûr».
Ainsi, poursuit Si Moh Igherviene : «Nous sortîmes dehors en guettant tout pendant que d'autres moudjahidine sortaient des armes et d'autres encore arrosaient le camp avec de l'essence. Sitôt l'opération terminée, les munitions, les armes, les pièces lourdes, ont été chargées sur des mulets au nombre, me semble-t-il, de plus de 70. Les bêtes ont été conduites par leurs propriétaires originaires de Ouled Sidi Amar, Hammam Dhelaâ, Ouled Bouhedid…
Ensuite, Si Mohamed El Bousaadi sort un char et le retourne, canon pointé vers le camp et tire un obus qui fait écrouler le premier étage et embraser tout le site arrosé d'essence. Nous quittions les lieux en marchant toute la nuit pour arriver à Hammam El Biban. Là, nous montions en montagne, puis déchargeâmes les armes récupérées, dont celles contre avions et contre chars.» Avant la levée du jour, un hélico arrive. Il fait un cercle par un projecteur sur la zone et repart.
Le jour levé, nous vîmes des soldats qui déclenchent leur opération de recherche à partir de Mansoura vers le côté situé en face du nôtre, soit vers M'sila. En revanche, côté Mansourah, vers nous, aux Bibans, rien ! Nous y sommes restés jusqu'à 18h passées. Puis nous rechargeâmes les mulets et en route pour Haïzer, le Djurdjura, en traversant Assif Abbas ! Là, nous vîmes les soldats arriver sur la route nationale de Béjaïa. Nous y sommes restés encore jusqu'en fin d'après-midi, puis route vers Ichelladen.
Le jour était levé. L'opération de l'armée française s'est limitée à l'oued, ne croyant pas que nous l'avions déjà traversé. Nous y sommes restés encore jusqu'à la tombée de la nuit pour reprendre la marche jusqu'à Akfadou où nous avions déposé les armes et pris les munitions qu'il nous faut pour chacun, puis, après un repos nécessaire, l'on nous ordonna à ce que notre compagnie reparte à Melouza, Hammam Delaâ et Ouled Sidi Amar. Nous fûmes pris par un ratissage entre Ouled Bouhedid et Ouled Sidi Amar, et ce jour-là, Mayouf, le chef organique de ce dernier village, est tombé au champ d'honneur. Nous pûmes sortir et atteindre le village Taslent (Akbou) où nous nous refugiâmes. Sur place, on nous égorgea un bœuf, et au matin, nous nous trouvions encore encerclés.
C'est l'engagement de tirs dès 4h du matin pour durer jusqu'au soir. Les soldats français cessèrent de tirer, alors que nous, nous n'eûmes pas eu de répit. Quelque «délation» aurait dit aux Français : «Vous les trouverez (les moudjahidine) endormis, donc vous les attachez et les ramenez», avions-nous su plus tard. Mais ce fut un cuisant échec pour les Français. Et ce jour-là, tous les jeunes de Taslent rejoignirent les rangs des moudjahidine, après avoir désarmé et détroussé de leur tenue les soldats tombés.
Ils avaient pu même récupérer des armes Thomson américaines. A 15h, poursuit le narrateur, on nous lança des tracts demandant l'arrêt des tirs pour permettre d'enlever les cadavres, mais nous, nous ne pouvions nous arrêter, sachant que nous n'étions pas une armée régulière. Pendant que nous cherchions à nous en sortir, nous vîmes 8 soldats lever les mains en l'air et se rendre vers nous, leur arme en bandoulière, jusqu'à ce qu'ils pénètrent dans nos rangs.
C'était des appelés kabyles dans les rangs de l'armée française. Parmi eux figurait un nommé Saïd de Tazazraït (Tamda). Il est toujours en vie. Puis ces jeunes appelés sont venus avec nous, avec leurs armes jusqu'à Akfadou où nous y sommes restés. L'année 1958 tirait alors à sa fin. Il ajoute : «Là, on a remplacé Moh Arezki Amechtoh de notre compagnie et on a reformé notre bataillon de choc.
Si Mohamed El Bousaadi (Zernouh), qui a réussi l'exploit d'El Horane, a reçu des mains de Si Amirouche le grade de capitaine en mettant notre bataillon sous sa responsabilité. C'est avec lui que ce bataillon a pris la direction vers Batna. En arrivant quelque part entre Sétif et Barika, nous occupions une montagne s'appelant Djebel Maâdhi. Et c'est là que nous avions appris, par radio, la mort de Si Amirouche et Si El Haoues, mais nous n'avions pas cru, attribuant cela à la propagande habituelle des Français.
En arrivant à Djebel Boutaleb (Batna), nous apprîmes officiellement la bouleversante nouvelle. Puis nous poursuivîmes notre chemin : Batna, Khenchela, Tebessa, Souk Ahras, Laâouinet, Lakbari, Zarouria…, jusqu'à la frontière tunisienne où nous nous retrouvions à trois bataillons (Wilayas II (Jijel), III et IV). A notre retour à Batna, Mustapha Bennoui, chef de la kasma, ordonne aux Kabyles de regagner la Wilaya III, en nous précisant que celle-ci est en train d'être décimée par l'opération Jumelles. En arrivant à Sétif, nous perdîmes 32 maquisards de la section de Mohand Ou-Ramdane, dont il ne restera que celui-ci et Moh Lazayev de Tigzirt, brûlés par le napalm, mais ils vivent à ce jour.»


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