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Musique Rachdi Saouli, la disparition d'un savoir
Publié dans El Watan le 06 - 10 - 2017

Ses amis, ses élèves et ses proches ont organisé une veillée funèbre à l'Institut national supérieur de musique d'Alger (INSM) à l'initiative de Abdelkader Bouazara, directeur de l'établissement. Ils sont venus exprimer leur reconnaissance à un artiste infatigable qui n'a jamais cessé de mettre en valeur le patrimoine musical algérien avec toute sa richesse à travers ses célèbres ouvertures avec l'Orchestre symphonique national (OSN). Un orchestre qui dépend désormais de l'Opéra d'Alger Boualem Bessaieh. Il a notamment revisité des noubate de la musique arabo-andalouse comme Sika et Rasd Dhil avec les chanteurs Mokdad Zerrouk et Samir Toumi.
Comme il a redistribué des œuvres populaires telles que Bakhta (modernisée par Cheb Khaled) ou Ahlan wa sahlan bikoum de la tradition populaire algéroise. «Rachid Saouli s'est distingué dans au moins trois domaines : la direction d'orchestre, la composition musicale et orchestrale et l'arrangement. C'est un savoir qu'il faut capitaliser. Rachid Saouli est un savoir, une science. C'est de la musicologie. En dehors de quelques rares interventions musicales, il n'y a presque rien sur ce travail», a regretté Noureddine Saoudi, directeur de l'Opéra d'Alger, lui-même musicien et chanteur.
Il y a, selon lui, un vrai problème de mémoire. «C'est également un problème d'organisation et de structure d'un pays, d'une société. Il est temps de faire une petite escale et essayer de s'organiser. Il faut que la mémoire reste vive. Il faut sortir de l'oralité. Avec l'oralité, on peut faire tout ce qu'on veut, y compris les choses les plus négatives à même de détruire des sociétés. Rachid Saouli est un savoir concret.
Il a travaillé sur l'immatériel, mais lui n'est pas de l'immatériel», a-t-il appuyé. Il a cité également Abdelwahab Salim et Boukhari Mougari, deux chefs d'orchestre, disparus et déjà couverts par l'oubli. «Nous devons rassembler leurs œuvres à tous et leur donner de la visibilité à travers les concerts. Mais il faut également enseigner à l'INSM ce que Saouli, Mougari et Salim ont fait, leurs expériences. C'est de cette manière que nous pourrons affronter l'avenir et que nos enfants aient un terrain solide sur lequel ils peuvent travailler, pas sur du sable mouvant», a-t-il plaidé. Il a évoqué également Boudjemia Merzak, Chérif Kortbi et Haroun Rachid.
La touche parfaite
Pour Abdelkader Bouazara, ex-directeur de l'Orchestre symphonique national, Rachid Saouli était le meilleur arrangeur qu'a eu l'Algérie indépendante. «Il est l'un des fondateurs de l'Orchestre symphonique national et de l'Orchestre de la wilaya d'Alger. Dans les années de braise, il était là à enseigner, à composer et à enseigner mais dans l'anonymat. Rachid avait le charisme, la patience et le savoir-faire. Il avait fait la grande école.
Un vrai académique ! Il a arrangé beaucoup de musique algérienne d'une manière symphonique. Ses ouvertures étaient ‘‘Made in Saouli'' ! Avec ses œuvres, nous avons pu sillonner le pays, animé des concerts dans une quarantaine de wilayas. L'OSN était sous la baguette du maestro Rachid Saouli après le décès de Abdelwahab Salim», a rappelé Abdelkader Bouazara.
L'Orchestre de la wilaya d'Alger a été créé en 1998 (à l'époque du gouvernerat du Grand Alger avec Chérif Rahmani). «Nous avons fait beaucoup de pays ensemble. La musique de Rachid Saouli a été jouée en Chine, en Espagne, en Belgique, en Ukraine… C'est extraordinaire. Nous avons commencé par le local, le national puis l'international», a-t-il noté. La touche de Rachid Saouli est, selon lui, parfaite. «On ne trouve ni virgule ni point. Vous ne touchez à rien. La musique, comme vous le savez, est verticale. Aucun musicien ne peut rouspéter lorsque la musique est écrite par Rachid Saouli. Il était un vrai musicien symphoniste.
Il pouvait écrire des symphonies immortelles, mais nous avons été freinés par les années sombres (les années 1990)», a expliqué Abdelkader Bouazara qui a connu Rachid Saouli en 1972. Les deux artistes ont été formés à l'ex-INADC (Institut national des arts dramatique et chorégraphique) de Bordj El Kiffan (Alger) avant de rejoindre la Russie. «Nous avons côtoyé de grands musiciens à l'ère soviétique. Il n'y avait pas cette grande concurrence comme maintenant. Aujourd'hui, il faut débourser au moins 15 000 euros pour pouvoir étudier une année en Russie.
Je dois rendre hommage aux responsables de la culture des années 1980 et 1990 qui nous ont permis d'étudier la musique à l'étranger et d'être fiers aujourd'hui d'avoir un Orchestre symphonique national composé à plus de 80% d'Algériens. Nos musiciens ont travaillé sous la direction de chefs d'orchestre venus du monde entier. C'est le résultat de beaucoup de sacrifices et de travail intense», a-t-il souligné. Il a précisé que l'enseignement musical en Algérie a connu beaucoup d'évolution avec la création de l'INSM et des IRFM (Instituts régionaux de formation musicale) de Batna, d'Oran, de Bouira et d'Alger.
Le directeur de l'IRFM d'Oran est un docteur en musique, Mohamed Abad. Il est également hautboïste. «Certains vieux routiers, qui n'ont rien à voir avec la musique symphonique, doivent nous laisser travailler. Nous voulons immortaliser notre musique, qu'ils arrêtent de nous mettre les bâtons dans les roues. Ils nous critiquent et ne veulent pas laisser leur place aux jeunes dont certains ont des Masters. Nos jeunes doivent prendre leur place dans l'Orchestre et dans les instituts», a déclaré Abdelkader Bouazara.
«Un grand-père de la culture algérienne»
Tatiana Saouli, épouse du défunt artiste et enseignante de chant lyrique, a évoqué le rapport qu'avait Rachid Saouli avec ses élèves. «Un rapport amical et intense. J'ai reçu les condoléances les plus chaudes de mes élèves et ses élèves. C'était sincère à 100%. Rachid était un grand-père pour la culture algérienne.
Il a arrangé plus d'une trentaine d'œuvres de la musique châabie et andalouse, comme il a travaillé sur plusieurs œuvres classiques», a-t-elle précisé. Elle a confié qu'à la maison, il y a beaucoup de boîtes remplies de partitions musicales. Selon elle, Rachid Saouli est le seul en Algérie à avoir eu le diplôme d'un chef d'orchestre. «C'était un professionnel. Il détectait rapidement une fausse note. Un orchestre doit jouer comme un seul instrument. On doit avoir la chair de poule. Rachid connaissait parfaitement le patrimoine musical traditionnel algérien.
C'est une immense perte pour l'Algérie. C'est dommage qu'on l'ait ignoré quelque peu de son vivant en n'exploitant pas comme il faut ses connaissances», a-t-elle regretté. Elle a rappelé que Rachid Saouli a dirigé un orchestre avec des interprètes d'opéras durant les années 1990, les années de violence. «A l'époque, tout le monde avait peur. Mais, mes élèves de chant ont accepté de travailler avec Rachid Saouli alors que certains musiciens étaient partis ailleurs», s'est-elle souvenu. Elle a fait un plaidoyer en faveur de l'éducation musicale à l'école.


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