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Poète du chant clair
Publié dans El Watan le 21 - 10 - 2017

Dirigé par l'écrivain Yahia Belaskri, l'ouvrage collectif «Mohammed Dib, un écrivain de lumière» (Sédia, 2017) rassemble de précieuses contributions qui permettent au lecteur de découvrir ou de redécouvrir différentes facettes du parcours et de l'œuvre de l'auteur de La Grande maison. Les ouvrages collectifs consacrés à des écrivains tiennent rarement le juste milieu entre l'académisme froid et les témoignages d'admiration exacerbés.
Celui-ci se distingue par son équilibre sous ce rapport. Les approches y sont variées et souvent instructives. Ne serait-ce que pour la large évocation de la poésie de Dib (moins connue que les romans et pourtant essentielle à l'œuvre), cet ouvrage mérite une lecture attentive. Bien que certains de ses personnages soient entrés dans la culture populaire algérienne (notamment grâce à l'adaptation télévisée de Mustapha Badie), l'œuvre de Dib reste encore en grande partie à découvrir et faire découvrir. Et commençons par le commencement : Mohammed Dib est né en 1920 à Tlemcen. L'information n'est pas anodine.
L'écrivain à l'aura internationale est resté toute sa vie marqué par le paysage primordial et les expériences premières de l'enfance. C'est ce que démontre Assia Dib qui décèle les souvenirs de son père à travers les lieux et les personnages de ses fictions. «Une autobiographie ? Elle est déjà écrite. Ce sont tous mes livres», écrivait Dib lui-même. Cet écrivain à la parole rare et mesurée est tout entier dans son œuvre.
Evidemment, Dib ce n'est pas seulement la Trilogie algérienne. Il n'en demeure pas moins que ses romans parus au cœur de la guerre d'indépendance ont durablement marqué les esprits. Ils ne se résument certainement pas à des romans à thèse. C'est leur profondeur humaine qui perdure. Le romancier Alain Mabanckou raconte sa lecture de La Grande maison durant son enfance au Congo-Brazaville.
Il affirme que le petit Michel, personnage de son roman Demain j'aurai vingt ans, est un parent éloigné du petit Omar de Dib. Guy Dugas revient pour sa part sur la réception de la trilogie à l'époque de sa parution, entre des conservateurs «européens», outrés par le procès du colonialisme, et des gauchistes qui reprochaient à Dib de ne pas aller assez loin dans l'analyse politique.
Louis Aragon fut l'un des premiers à y voir «un roman qui commence», celui de la littérature algérienne. Aragon préfacera par la suite le recueil de poèmes Ombres gardiennes en 1961: «Ô Mohammed, entre toi et moi, pourquoi cette confiance ? Qu'avons-nous qui ne nous sépare ?» s'interroge l'auteur du Fou d'Elsa.
Dans sa contribution, Hubert Haddad revient sur le passage de Dib d'un roman réaliste à une quête littéraire et humaine qui se jouera des barrières génériques et stylistiques. Dib y répond en toute simplicité : «A partir du moment où l'Algérie est devenue indépendante, j'ai pensé que l'écrivain étant indépendant lui-même, son devoir n'était plus de présenter son pays et ses revendications, mais de se livrer à une réflexion plus personnelle». Cette réflexion, il l'entame dès le lendemain de l'indépendance avec Qui se souvient de la mer ? (1962) auquel Abdelkader Djemai consacre de belles pages avant de regretter l'absence du «chant» de Dib dans un monde envahi de bavardages.
Du reste, la poésie irrigue toute l'œuvre et Hervé Sanson rappelle que l'une des premières publications de Dib est son lumineux poème Véga (1947). Le critique établit un parallèle saisissant entre l'étoile du jeune Dib (Vega est la plus brillante de la Constellation de la Lyre) et celle de Kateb qui publiait à la même époque Nedjma ou le poème ou le couteau, poème matrice du roman à venir. Parmi les précieuses contributions, on citera également la lecture du roman poétique Les Terrasses d'Orsol par Abdelmadjid Kaouah et l'éclairage de Soumya Ammar-Khodja sur une œuvre poétique en quête d'ascèse et d'une vérité de l'instant.
Une «parole de circonstance», écrit Amin Khan. Poète, Mohammed Dib «maîtrisait parfaitement la parabole de la lumière» affirme Habib Tengour qui a rassemblé et annoté l'œuvre poétique complète, citée par Yahia Belaskri. Comme en écho à l'affirmation de Tengour, Ali Chibani analyse les significations du soleil omniprésent dans Un été africain (1959). Soleil de plomb éclairant la souffrance du peuple sous le système colonial, l'astre prend ici une toute autre dimension que l'aveuglant «tueur de questions» de Camus.
Citons enfin les belles pages signées Abdecelem Ikhlef sur Simorgh. «Livre-cri» publié quelques mois avant la disparition de Dib. Ikhlef, qui l'a traduit vers l'arabe, décrit la langue de Dib au sommet de sa quête comme une parole qui «dit la chose d'emblée et s'en va sereine et invisible. Indifférente à merveille».
La dernière phrase du Simorgh nous parle encore : «Le temps n'a pas joué contre lui, mais contre ceux qui l'ignorent encore aujourd'hui». Ce beau recueil est l'occasion de rattraper, un tant soi peu, le temps perdu.


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