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Le 12e vendredi du hirak s'est formidablement adapté au Ramadhan : «Un Etat civil, pas militaire»
Publié dans El Watan le 11 - 05 - 2019

Alger, 10 mai 2019. 12e vendredi du hirak. Premier Ramadhan sans Bouteflika. Ceux qui tablaient sur une extinction du mouvement par l'effet du jeûne, surtout du côté des résidus de l'ancien régime, ont eu tout faux : le mouvement populaire s'est admirablement adapté aux contraintes du mois sacré.
Ni le Ramadhan, ni la chaleur accablante, ni les menaces du dernier édito d'El Djeich et l'arrestation de Louisa Hanoune n'ont empêché les Algériens de sortir une nouvelle fois par centaines de milliers en prenant clairement pour cible celui que l'on désigne désormais comme le «Sissi» algérien : Ahmed Gaïd Salah.
A l'unanimité, les pancartes, les chants, les slogans dénonçaient sans ambages les dérives autoritaires du patron de l'ANP en rejetant sa feuille de route et le passage en force qu'il entend opérer en voulant imposer une présidentielle qui ne fera, de l'avis de la majorité, qu'aggraver la crise.
Carême oblige, la matinée était calme, et il y avait relativement peu de manifestants aux premières heures de la journée. Cela dit, quelques dizaines d'inconditionnels étaient déjà massés très tôt sur les marches de la Grande Poste.
Aux alentours de midi, la foule avait sensiblement grossi pour prendre, après la prière, des proportions de véritable marée humaine déferlant sur les rues Didouche, Hassiba, la Place Audin, la Grande-Poste, le boulevard Amirouche…
Les manifestants ont trouvé la parade en se relayant autour des places fortes de la capitale, chaque nouvelle vague apportant du sang neuf aux manifs.
«Gaïd Salah dégage !»
Les slogans scandés hier ont une nouvelle fois rejeté massivement le plan de Gaïd Salah et la présidentielle du 4 juillet. Les protestataires ont également tenu à dénoncer massivement les velléités d'instauration d'une dictature militaire en martelant avec force : «Dawla madania, machi askaria» (Etat civil, pas militaire), «Gaïd Salah dégage !» ou encore «El Djeich dialna wel gaid khanna» (C'est notre armée mais Gaïd nous a trahis). On entendait aussi : «Hé, viva l'Algérie, yetnahaw ga3 !»
«Le peuple veut qu'ils partent tous», «Libérez l'Algérie», «Pas d'élections avec les gangs», «Djazair horra dimocratia», «Edazier machi Massar ya el issabate» (L'Algérie n'est pas l'Egypte, bande de gangs !), «Y en a marre de ce pouvoir», «Pouvoir assassin !»…
La foule répétait, par ailleurs, des slogans qui témoignaient de sa profonde détermination à maintenir la pression : «Maranache habssine, koul demaâ khardjine» (On ne s'arrêtera pas, chaque vendredi on sortira). Même le Ramadhan ne dissuadera pas les plus aguerris, et ils se comptent par millions : «Maranache habssine, fi ramdhane khardjine» (On ne s'arrêtera pas, on sortira encore pendant le Ramadhan).
Les pancartes et les banderoles là encore, étaient parlantes. Une banderole soulevée par la foule, à la Grande Poste, apportait un vif soutien à Louisa Hanoune dont le portait ornait la bannière, avec ce slogan : «La prison est aux voleurs, pas aux militants nationalistes». Le chef d'état-major de l'ANP trustait les slogans hostiles : «Gaid, partez en retraite.
Le peuple veut sa transition, allez vous-en !» ; «Gaid Salah, ne règle pas tes comptes sur le dos du peuple», «Non au régime militaire», «Djoumhouria machi caserna» (Une République, pas une caserne), «Primauté du politique sur le militaire : Etat civil, Etat de droit, justice indépendante», «On a dit nouvelle république, pas nouvelle dictature», «Ni Gaid ni DRS, le peuple est la base», «Mon général, ta feuille de route c'est du pipeau ; le peuple n'est pas dupe pour tomber dans ton piège constitutionnel», «Ya Gaid Salah, la constitution n'est pas un menu à la carte», «Ici c'est l'Algérie, ce n'est pas l'Egypte, non à la dictature, Gaid dégage !» ou encore cette belle trouvaille en référence à Sissi : «L'Algérie est InSississable».
Plusieurs écriteaux signifiaient par ailleurs un niet catégorique à l'élection du 4 juillet : «Le 4 juillet, vote de la honte», «Ni dialogue ni élections jusqu'à l'éviction de tous les symboles et résidus du système mafieux de Bouteflika». Une femme en robe kabyle et casquette Algérie scandait : «RDV du 4 juillet annulé par le vendredi 10/05/2019, acte n°12».
«Les gens ne veulent pas perdre le rythme du vendredi»
Rencontré à la Grande-Poste, Abdelkrim Boudra, porte-parole de Nabni, note à propos de ces manifestations stoïques en plein Ramadhan : «Je pense qu'il y a un rythme qui s'est installé, et le peuple qui s'exprime chaque vendredi, a eu peur de perdre le rythme. Les gens veulent continuer sur cette voie, ils ne veulent pas casser leurs habitudes, leurs repères. (…) Les Algériens ne veulent pas lâcher la proie pour l'ombre, donc ils sont là, en masse, et sous une très forte chaleur. Je vois beaucoup de femmes, énormément de femmes, des enfants.
C'est très diversifié.» Abdelkrim poursuit : «La semaine passée a été pour moi un marqueur pour dire qu'on a maintenant une majorité, je dirais 80%, qui sont des ‘believers' comme on dit en anglais, des personnes de conviction.
Et c'est pas des gens que la chaleur ou l'été ou le ramadhan, vont arrêter.» Réagissant à l'arrestation de Louisa Hanoune qui a suscité une vive émotion, Abdelkrim Boudra s'exclame : «Bien sûr que c'est inquiétant ! Je l'ai dit à maintes reprises : ce régime n'est pas crédible en voulant appliquer une justice qu'il a lui-même transgressée. (…) Il ne faut pas tomber dans le panneau et céder à la panique. Il faut continuer à œuvrer.
Seule une justice libre, indépendante, que nous allons bâtir, et qui demandera un peu de temps, pourra juger tout le monde.» Abdelkrim estime qu'«hormis les questions de sécurité, pour le reste, que ce soit les affaires économiques ou autres, il n'y a pas urgence à convoquer les gens et les mettre en prison».
«On va affronter une crise avec des institutions affaiblies»
S'agissant de la marche forcée vers la présidentielle que veut imposer AGS, Abdelkrim Boudra commente : «Je pense que même eux n'y croient pas. Ils n'ont pas pu fêter le 8 mai 1945, c'est dire… un gouvernement qui ne peut pas célébrer une fête nationale aussi symbolique ne peut pas organiser des élections.
Ce n'est pas sérieux.» Et de poursuivre : «Je n'ai pas compris cet édito d'El Djeich (qui s'en prend violemment aux partisans de la transition, ndlr). On est en pleine transition. Il me semble qu'il y a eu un quiproquo sur le terme ”transition”. Ils ne veulent pas d'une période où il y aurait un vide constitutionnel.
Et ça, à la limite, c'est recevable. Il faut qu'on arrive à trouver rapidement une solution, puis revenir à la Constitution. Mais dire qu'il n'y a pas de période de transition, c'est ridicule.
Encore une fois, on est en période de transition. On est en pré-transition. C'est quoi la transition ? C'est le fait d'aller vers un pays qui soit gouverné par des institutions, et non pas par des hommes, et cela prend des années.
Cet éditorialiste d'El Djeich devrait réviser ses notes. Une transition, c'est un parachèvement d'un processus où la démocratie, demain, sera irréversible. Même si on élit un Trump, on pourra le dessaisir, le bloquer, faire jouer d'autres institutions, la justice… On n'est pas dans ça.
Aujourd'hui, tout repose sur le chef d'état-major.» «La justice est bloquée, la Présidence n'existe plus, la primature n'existe plus… On n'a plus d'institutions. La gouvernance Bouteflika a affaibli, détruit, atomisé, bombardé, les institutions de ce pays. Avec Nabni, on l'a souvent répété : on va affronter une crise avec des institutions affaiblies.
Ce n'est pas comme en 1996, comme en 1989. Avant, même les imams, on les écoutait. Aujourd'hui, on les chasse à coups de bâton. Les islamistes n'ont plus d'emprise sur la société, les démocrates aussi.
La bonne nouvelle est que le peuple est conscient et il essaie de s'organiser. Je pense qu'on va être forts de ça, comme on l'a été en 1954, et avant, et à chaque fois.»


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