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Jean de crevecœur, albert camus et le colonel maâmar kadhafi
La ronde des utopies
Publié dans El Watan le 31 - 03 - 2005

La sortie insolite du colonel Maâmar Khadafi au dernier sommet de la Ligue arabe à Alger prouve, si besoin est de le souligner, que ce militaire est un homme de culture (comme notre talentueux Mohamed Moulesshoul, alias Yasmina Khadra) autant qu'un virtuose de diplomatie active (à faire pâlir de jalousie, à titre post mortem, Talleyrand, surtout dans le règlement du conflit historique entre la Libye et l'Italie).
Le cultivé colonel propose ni plus ni moins « la création d'un Etat commun aux Palestiniens et aux Israéliens » (sic). Force alors est de relever que Kadhafi a dû lire Albert Camus et qu'il l'a mieux compris que nos universitaires et nos intellectuels. Le colonel réactive ainsi l'idée originale d'Albert Camus énoncée en 1945 sur la nécessité de construire une république franco-arabe citoyenne (El Watan, 17 mars 2005, p.24). Kadhafi étant de culture traditionnelle arabe et de formation académique moderne anglo-saxonne pose un problème aigu quant à la détermination du socle de savoir lui ayant servi à réfléchir et à penser une solution originale à la question nationale palestinienne sur laquelle beaucoup se sont cassé les dents ou pis encore ont dû casser leur pipe. Où est-ce que Khadafi a pu dénicher cette idée camusienne ? Certainement pas grâce à des critiques littéraires algériens, ou de ceux-là qui tentent désespérément de tourner cette page infamante d'indigence intellectuelle. Kadhafi lit-il en français ? Son historique amitié avec Jacques Chirac dès les années 1970, quand l'actuel locataire de l'Elysée se mit à apprendre la langue de Abdelhamid Benbadis grâce à un professeur tunisien à seule fin de discuter « dans le texte et dans la rhétorique » avec les copains d'alors au nombre desquels le toujours vivace et tenace Khadafi et un certain Saddam Hussein, cette amitié donc compensa autrefois et largement la défection entêtée et rancunière maghrébine. C'était l'époque de la seconde chance que la patrie de Montesquieu et de Rousseau donnait aux Arabes pour l'accompagner et la soutenir dans la recherche et la revendication d'un nouvel ordre mondial. Peine perdue ! L'ancien Premier ministre de l'Hexagone finit par aller chez Pigier et recourir à la méthode accélérée, Assimil, pour prendre langue avec la perfide Albion et son éternel tuteur l'Oncle Sam. Comme dit le proverbe, il vaut mieux s'adresser à Allah qu'à ses marabouts. Et Kadhafi l'a très bien compris. A coup sûr, la Libye aura, elle aussi, ses écoles doctorales, ses coopérants, ses programmes de sauvetage, et ses étudiants ne seront plus obligés de venir à Alger apprendre un cliché de langue, capter une image floue de culture et détecter une strate du djurdjurassique inférieur de science périmée dans des départements sinistrés, actuellement sous perfusion ou en dopage grâce à la clairvoyance des décideurs effarés par la médiocrité générale ambiante ! Et si Kadhafi n'a pas lu Camus ? D'où donc a-t-il bien pu tirer cette idée utopique d'une république citoyenne qui, à ce jour encore, n'aura existé nulle part sur tout le Croissant stérile du Golfe à l'Océan ? La culture italienne ? Kadhafi ne semble pas avoir encore tourné la page. Prudent autant que rusé, le Fenec du Fezzan ou du Tibesti attend de voir comment nous, Algériens, nous tournons celle de notre commune histoire avec la patrie de Diderot et de Jacques le fataliste. Pour le moment, il n'observe attentivement que de fantasmagoriques mouvements de manches accompagnés de l'importation de vestes réversibles dans des institutions anachroniques et désuètes que le décideur national envisagerait, semble-t-il, de mettre prochainement au placard de l'histoire. Donc, côté langue française, Kadhafi ne se sent pas encore obligé à l'effort au point de se plier à ânonner les sermons de Bossuet, ni de méditer les pensées de Pascal, ni enfin de s'initier à la méthode cartésienne de discourir. Peut-être s'intéressera-t-il à la tirade du magnanime Auguste dans Cinna ou à celle de Bajazet victime d'un complot du sérail, voire l'innoublibale cri du Cid, lui l'infatigable nomade qui n'a pas hésité à confier la garde de son sublime corps à un groupe de choc d'amazones refusées de paraître devant nos illustres représentants qui venaient de trancher dans le vif sur le problème du statut de la femme ? Côté culture maghrébine, rien à gratter ! Le dernier colloque sur la question nationale (16 et 17 mars) aura soulevé le voile sur l'impensable, mais combien réel déficit de connaissance et de savoir dans la formation de la nation algérienne, dont la libyenne fut un moment un segment en partage d'histoire et de destin et auquel le bouillonnant colonel mit un terme à la fin des années 1960. Pour ce qui est du savoir arabe ou arabo-musulman oriental, Kadhafi fut catégorique. Il n'est plus arabe, a-t-il souligné plus d'une fois. Il est africain (sic) d'abord, libyque ensuite. Peut-être faudra-t-il chercher alors ce socle de savoir du côté de Saint-Jean De Crevecœur, ce fermier américain qui inspira Camus beaucoup plus et plus sûrement que du côté d'un certain Fenimore Cooper, admirateur des races volontaristes et colonialistes. La thèse de Thanina Maougal * quant à l'influence de Saint-Jean de Crevecœur sur l'utopie camusienne de nation multiculturelle, multiconfessionnelle, multilingue, indique une piste d'investigation sérieuse à explorer. Mais un problème demeure avec l'imprévisible comportement de l'inénarrable colonel libyen. C'est qu'il a prévu de convertir à ses vues iconoclastes les bastions satrapiens du radicalisme conservateur, l'UGTA, les députés misogynes et le préhistorique parti du FLN. Si Kadhafi a décidé d'y aller prêcher la reconversion et l'ouverture, il reste à craindre qu'il ne se rende à l'évidence que ce n'est pas du côté de Crevecœur ni de Camus qu'il lui faudra chercher des solutions mais du côté d'une troisième langue en un art majeur, le théâtre. Brecht**, le facétieux dramaturge, voyant se réaliser des réformes que les pouvoirs imposaient à des citoyens récalcitrants et accrochés à leurs dogmes socio-démocrates, a imaginé un sulfureux congrès des blanchisseurs avec la solution radicale : « Dissoudre les peuples. » Les gouvernants ne seront plus devant la moindre opposition. Déjà notre presse a annoncé que le FLN sera totalement restructuré. Les vieux démons sont de retour. *Maougal Thanina, Identités et identifications, controverses entre Camus et Fanon, in A. Camus, assassinat post-mortem, éditions APIC, Alger, 2005, pages 175-185 **Brecht Bertolt, Le Congrès des blanchisseurs, théâtre complet de Brecht, éditions de l'Arche, Paris, 8 tomes

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