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Ce que fait le monde et l'Algérie pour combattre la pandémie du coronavirus : Feuilles de route et financement de ces politiques
Publié dans El Watan le 20 - 04 - 2020

Une crise de grande ampleur avec des conséquences significatives
La pandémie de coronavirus qui a émergé au cours du premier trimestre de 2020 a causé la mort de nombreuses personnes et conduit des dizaines de pays à procéder au confinement de leurs populations et à la suspension de pans entiers des économies nationales. Ceci a bien entendu entrainé l'effondrement à grande échelle et de façon soudaine l'activité et mis en péril la vie et les moyens d'existence des populations. Cette crise sanitaire se double d'une crise économique et financière et de l'effondrement des cours des produits de base. Les pays dont la croissance repose sur le tourisme, le voyage, l'hôtellerie et le divertissement connaissent des perturbations particulièrement fortes.
Les pays émergents et les pays en développement se heurtent à des difficultés supplémentaires, notamment à un retournement sans précédent des flux de capitaux en raison d'un recul de l'appétit pour le risque au niveau mondial et à des tensions sur leur monnaie, alors que leurs systèmes de santé sont plus faibles et qu'ils sont, du fait d'un espace budgétaire plus restreint, moins armés pour soutenir leur économie.
En outre, plusieurs pays ont été frappés par cette crise dans un état de vulnérabilité, avec une croissance anémiée et des niveaux d'endettement élevés. Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales d'avril 2020, le FMI prévoit que l'économie mondiale enregistrera une contraction de 3 % en 2020, soit une baisse de 6,3 points de pourcentage par rapport aux dernières projections de janvier 2020. Pour les pays avancés, la contraction devrait s'établir à 6,1 %. Les pays émergents et les pays en développement devraient également enregistrer une contraction en 2020 (1,0 % ou 2,2 % si on ne tient pas compte de la Chine). Le revenu par habitant devrait diminuer dans plus de 170 pays. C'est la plus grande contraction économique depuis la dépression des années 1930. Ce recul de l'activité économique peut être encore plus profond, accompagné d'une plus grande détérioration des conditions financières et de nouvelles ruptures dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. Face à cette catastrophe humanitaire, trois questions se posent : (i) quelles sont les politiques publiques mises en œuvre pour la période d'urgence au niveau international et en Algérie ? Comment ont-elles été financées et comment prépare-t-on déjà l'après pandémie sur le plan économique ?
Quelles sont les feuilles de route sur le plan des politiques publiques pour la période d'urgence ?
Les grands axes d'intervention : (i) Une économie saine a besoin d'une population saine. Cela suppose poursuivre les mesures essentielles de confinement et donner la priorité aux dépenses de santé. Cela implique en outre de s'abstenir de restreindre les mouvements d'exportations des biens médicaux et des aliments ; (ii) la protection des travailleurs et des entreprises. Dans ce sens, il faut prendre des dispositions pour empêcher que des problèmes de liquidités ne se transforment en problèmes de solvabilité.
En conséquence, il faut mettre en place des appuis pour les ménages et les entreprises, assurer des transferts en espèces, mettre en place des garanties de crédit et procéder à des ajustements sur les conditions de prêt existants. Cela implique également un système financier qui continue de fonctionner sous pression. Ici, les mesures de relance monétaire et de liquidité jouent un rôle indispensable. Pour les petites et moyennes entreprises ou les travailleurs indépendants qui sont durement touchés, il convient d'envisager des transferts directs, sur la base des impôts qui ont été payés précédemment avec des contreparties quand nécessaire.
Le financement des plans d'urgence : Dans tous ces domaines prioritaires, la rapidité de l'action dépendra de l'accès aux ressources. Une première catégorie de pays concerne les pays avancés (39 environ). Même si ces pays ont enregistré d'importants déficits, un endettement élevé et peu de manœuvre au niveau de la politique monétaire du fait de leurs réponses asymétriques à la crise financière mondiale de 2008, les pays industrialisés disposent de structures administratives solides, d'établissements médicaux performants et ont accès au marché financier international à des conditions très favorables (taux d'intérêt variant entre 1-1,4 %). Une seconde catégorie de pays au nombre de 10 environ sont des pays émergents qui disposent de marge de manœuvre budgétaire confortable qui leur permettent de faire face au choc sanitaire.
Une troisième catégorie de pays (environ 20 autres pays émergents) a été affaiblie de façon considérable par d'énormes sorties de capitaux de plus de 100 milliards de dollars au cours des deux derniers mois et en conséquence ils ne peuvent couvrir qu'une partie de leurs besoins de financement extérieur, qui sont estimés à des milliards de dollars et pour certains ils sont dans l'impossibilité d'assurer le service de leur dette extérieure. Enfin une quatrième partie de pays notamment les pays en développement (environ 120 pays) dont les ressources sont trop faibles pour couvrir les besoins urgents en matière d'appui sanitaire et social. En conséquence, ils auront besoin (pour un petit nombre limité) soit de recourir à la monétisation de leur déficit s'ils estiment pouvoir gérer les conséquences macroéconomiques soit de solliciter (pour la majeure partie d'entre eux) un soutien financier international auprès des institutions de Bretton Woods pour financer les dépenses de sante soit de la communauté internationale pour alléger le fardeau de leur dette. En effet, la lutte contre la pandémie du coronavirus est le combat de tout le monde.
Les initiatives multilatérales pour financer les dépenses imprévues et alléger la dette : Dans ce sens il faut noter deux initiatives internationales pour aider les pays les plus vulnérables en fournissant un financement accru ainsi qu'un allégement des services de la dette, créant ainsi un espace pour les dépenses urgentes en matière de santé et en atténuant l'impact économique de la crise. En premier lieu, il faut citer le FMI, la Banque Mondiale et l'Union Européenne) qui se sont dotés de ressources importantes s'élevant à 100, 150 et 16,4 milliards de dollars, respectivement pour financer les dépenses d'urgence des pays qui ne disposent pas de moyens nécessaires. De plus, le FMI a également exhorté ses membres à ne pas hésiter à monétiser les déficits au cours de cette période d'urgence et pour les pays les plus pauvres ne pas soucier du règlement du service de la dette extérieure.
L'aide financière du FMI intervient dans le cadre du mécanisme d'urgence est fournie sous la forme d'achats directs sans besoin d'un programme de réformes au préalable ($1 à $2 milliards pour notre pays) mais le pays est tenu de coopérer avec le FMI pour s'efforcer de résoudre ses difficultés de balance des paiements et de décrire les politiques économiques générales qu'il se propose de suivre. Des actions préalables peuvent être nécessaires lorsque cela est justifié. Plus de 100 pays ont demandé l'appui du FMI au cours de cette phase d'urgence.
25 pays ont déjà reçu cette aide suivant une procédure accélérée. En second lieu, il faut citer l'initiative du G20 afin d'alléger le fardeau de la dette des pays les plus vulnérables en repoussant les échéances de la dette de 6 mois. De plus, le FMI a fourni un allègement de la dette équivalent à 213 millions de dollars à 25 pays éligibles leur permettant de couvrir leurs obligations pour les 6 prochains mois. Quatre autres pays additionnels recevront cet appui dans les prochains jours.
Les actions prises à ce jour sur le court terme par les pays dans le cadre de plans cohérents de lutte contre les effets immédiats de la pandémie. De très nombreux pays ont établi des feuilles de route claires qui intègrent des mesures cohérentes pour la phase d'urgence et la phase post urgence. Sur le plan budgétaire, jusqu'à présent, d'après les données du FMI, les pays ont pris des mesures budgétaires d'un montant voisin de 8 000 milliards de dollars pour endiguer la pandémie et limiter les dégâts économiques. Parmi les mesures d'urgence prises au niveau mondial figurent une augmentation des dépenses et des pertes de recettes (3 300 milliards de dollars), des prêts et des injections de capitaux du secteur public (1 800 milliards de dollars) et des garanties (2 700 milliards de dollars). 7 000 milliards de dollars ont été engagés par les pays avancés et les pays émergents du Groupe des Vingt.
Un appui budgétaire est également assuré par les stabilisateurs automatiques, à savoir les éléments du système d'imposition et de prestations sociales qui stabilisent les revenus et la consommation, notamment les impôts progressifs et les prestations d'assurance chômage. Les 1000 milliards restants sont engagées par de nombreux pays en développement et émergents affaiblis. Sur le plan monétaire, les grandes banques centrales à travers le monde ont procédé à des injections de liquidités massives s'élevant à plus de 6 billions de dollars dans le contexte d'une coordination internationale substantielle. Sur le plan des échanges internationaux, des mesures sont à l'étude pour le maintien du commerce et de la coopération au niveau international, qui sont essentiels pour vaincre la pandémie et optimiser les chances d'un redressement rapide. Cependant, compte tenu de la gravité de la crise, d'importants efforts supplémentaires seront nécessaires.
L'Algérie face à la pandémie et au choc pétrolier : de la crise à la super crise
Avant la crise sanitaire, le pays était déjà en crise. La croissance était anémiée (1-1,5 %), le chômage très élevé (11,3 %) et les déficits des finances publiques et des comptes extérieurs étaient énormes entrainant une véritable hémorragie de nos ressources rares. Entre 2014, année du choc pétrolier et 2019, le montant cumulé des déficits budgétaires était estimé à environ 11,800 milliards de DA, dépassant les 9000 milliards de DA investis entre 2000 et 2018 en matière d'infrastructures. Sur le plan extérieur, la poursuite de la politique d'encouragement de la consommation a aussi entrainé une perte cumulée de change d'environ 130 milliards de dollars entre 2014 et 2019. Le pays vivait largement au-dessus de ses moyens car au lieu de gérer le choc pétrolier de 2014 avec des mesures fortes étalées dans le temps pour les rendre supportables, et qui aurait placé l'Algérie dans une meilleure situation aujourd'hui, les anciens gouvernements ont opté pour la fuite en avant, y compris le recours à la planche à billets.
Depuis mars 2020, le pays fait face à un tsunami avec la combinaison de 2 chocs sanitaire et pétrolier puissants qui ne peuvent qu'ébranler fortement une économie déjà fragile. Les impacts macroéconomiques sont énormes, avec entre autres un plus grand creusement du déficit budgétaire (+de 1000 milliards de DA de plus) et extérieur (une perte additionnelle de 7 milliards en réserves de change).
Par ailleurs, le nouvel accord pétrolier force le pays à baisser sa production journalière de 240.000 barils/jours pour mai et juin, 193.000 barils entre juillet et décembre 2020 et 145.000 barils entre janvier 2021 et avril 2022. Avec une production de 1 million de barils/jour et une consommation domestique de 400.000 barils par jour, il restera 600.000 barils desquels il faut soustraire désormais ces coupes, ce qui entrainera un manque à gagner de 16 milliards de dollars sur le reste de l'année 2020. Un énorme trou.
La réponse économique et financière à la pandémie et au choc pétrolier n'est pas encore à la hauteur des défis pour l'heure. Certes, des mesures ont été prises mais encore une fois sur une base ad hoc, y compris une compression des importations et des services, une dépréciation du dinar algérien et un accompagnement en matière bancaire, monétaire et social. Mais contrairement à ce qui s'est fait dans de nombreux pays dans le monde, y compris des pays peu développés, il n'y a pas à ma connaissance, trente jours après les chocs de feuille de route claire et cohérente sur le plan macroéconomique, structurel et sectoriel pour la gestion de la phase d'urgence. Encore moins pour la gestion de l'après crise comme l'ont fait également d'autres pays.
En effet, il est admis que la gestion de la phase post-crise se prépare maintenant. Il sera en effet difficile de prendre avantage de la reprise qui va se dessiner tôt ou tard d'ici la fin de 2020 (à moins que la pandémie ne soit pas surmontée d'ici là) si les politiques publiques ne sont pas articulées de façon appropriée et en temps opportun pour comprendre des mesures macroéconomiques (politique budgétaire, politique monétaire, politique de change, inflation, gestion de la dette), structurelles et sectorielles pour relancer les investissements, sauvegarder et créer l'emploi et réduire la pauvreté.
Vu les défis et l'étroitesse de nos moyens, le pays doit faire lui-même ce travail de redressement qui nous permettra de garder le contrôle de notre destinée. Si nous ne le faisons pas, le temps jouera contre nous et in fine nous serons contraints de solliciter l'appui du FMI au plus tard le premier semestre de 2022. Comme en 1994. Je souhaiterais me tromper.
Par Abdelghani Bessaha ,
Macro-économiste, spécialiste des pays en post-conflits et fragilités


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