Le groupe KIA mettra, dès aujourd'hui, fin, pour une durée indéterminée, au montage automobile en Algérie. Cette décision intervient en réaction à la décision du gouvernement d'interdire l'importation des pièces SKD/CKD destinées au montage. «Le travail sera interrompu à partir du 17 mai à l'usine de Batna», a indiqué l'entreprise dans un message. Dans un communiqué de Global Group, la raison de cette décision est «la rupture des kits d'assemblage SKD/CKD et le retard dans la publication du cahier des charges relatif à cette activité». L'entreprise assure que cette décision a été prise en commun accord avec les travailleurs en mars dernier, après l'épuisement des kits d'assemblage. Il s'agit du sort de pas moins de 2000 travailleurs, employés par l'usine de Batna, lancée il y a deux ans, et qui avait pour plan de charge de fabriquer 5000 véhicules par an. Seuls 1000 voitures y seront montées. L'entreprise assure rouvrir dès la publication du cahier des charges, mais cela reste improbable, en raison de la nouvelle politique économique plus exigeante en termes de qualité et de taux d'intégration. Cette fin du montage est une suite logique pour une aventure qui avait été lancée sur de très mauvaises bases. Le montage automobile en Algérie a été une grossière arnaque pour dilapider les deniers publics. Des centaines de milliards de dinars empochés par de faux concessionnaires pour monter des pneumatiques. Il n'a d'ailleurs jamais été question de montage à proprement parler. Le taux d'intégration était loin des attentes et les prix des véhicules, censés baisser, ont triplé. De grandes facilités octroyées pour l'importation des kits SKD/CKD, des avantages fiscaux accordés à de faux industriels qui auront vendu un mirage aux autorités en leur promettant des taux d'intégration jamais atteints. Pour rappel, nombre de concessionnaires automobiles se retrouvent en prison pour différents chefs d'accusation, notamment la corruption pour l'obtention de marchés. Hassen Larbaoui, PDG du groupe KIA Algérie, a été mis sous mandat de dépôt en juin 2019, il est accusé de dilapidation de deniers publics causant une perte de 29 milliards de dinars au Trésor public, d'avoir bénéficié du pouvoir et de l'influence des agents de l'Etat, de modification des prix et de transfert illégal de fonds. Le plus triste dans le scandale du montage de véhicules est le nombre de salariés qui se sont retrouvés du jour au lendemain sans emploi.