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L'institut Cervantès d'Alger : L'œuvre de Cervantès revisitée
Publié dans El Watan le 10 - 10 - 2020

L'ambassade d'Espagne en Algérie et l'Institut Cervantès d'Alger ont organisé une conférence en ligne intitulée «Sur les traces de Cervantès à Alger», animée par Maria Pilar Garrido Clemente, professeur d'études arabes et islamiques à l'université de Murcie en Espagne.
L'universitaire propose un voyage à trois escales : «Les clés arabo-islamiques» de Don Quichotte «Les clés arabo-islamiques de Don Quichotte» et «La Plume suprême». Un voyage qui met en évidence l'empreinte qu'à laissée la culture arabe et morisque dans la vie de Cervantès, et qu'il dissémine dans ses écrits ou dans une partie de ses écrits. Cervantès est le fils d'un Cordouan qui, sous la pression de sa situation économique et ses dettes, déménage d'un endroit à un autre. Il est né le 29 septembre 1547 à Alcalá de Henares.
Il s'installe à Madrid avant ses 20 ans. Mais en 1569, il part pour l'Italie, peut-être pour fuir une accusation après avoir blessé un autre homme en duel. Il parcourt l'Italie au service du cardinal Acquaviva et l'année suivante rejoint l'armée. Il lutte dans la bataille de Lépante en octobre 187 dans laquelle il est blessé mais poursuit sa carrière militaire en prenant part aux expéditions contre Navartino, Corfou, Bizerte et Tunis. Il s'installe, par la suite deux ans à Naples, d'où il prévoit de rentrer en Espagne par la mer en 1575. Lors de la traversée, il est capturé aux côtés de son frère Rodrigo par un renégat d'Alger qui le prend pour une personne importante lui laissant la vie sauve en échange d'une rançon élevée. Cervantès à 27 ans lors de sa capture.
Plusieurs tentatives d'évasion avortées
Il organise plusieurs tentatives d'évasion avortées avec d'autres captifs desquels il avoue être l'unique responsable. L'oratrice soutient que pendant ces années à Alger, Miguel Cervantès à acquis une grande connaissance de la culture arabe et de la religion musulmane. «Il semble peu probable, dit-elle, qu'il ait pu s'identifier à ses ravisseurs qui, bien qui ne l'aient pas torturé aussi sauvagement que d'autres prisonniers auxquels ils coupaient les oreilles et le nez, l'enfermaient dans des cachots lugubre couverts de chaîne.
Il est aussi probable, puisqu'il pouvait parcourir la vielle d'après les témoignages et en fréquenter les habitants, qu'il ait connu des Maures, des Arabes et des Arabo-musulmans aimables qui le traitaient avec compassion et humanité. Et grâce auxquels il a acquis de grandes connaissances à propos de la culture de cette rive qui allait l'aider à mieux comprendre ses compatriotes espagnols de religion musulmane ou les convertis et crypto-musulmans lorsqu'ils se sont vu expulsés de leur patrie.» Soldat de l'empire espagnol, probable dualiste en fuite, adultère, Miguel Cervantès reconnaît être le père de la fille illégitime d'une femme mariée.
Quand il rentre de sa captivité, il a parcouru le monde. Il a servi l'empire, le catholicisme. Il a connu aussi d'autres cultures mais il doit trouver comment rembourser ses dettes contractées pour sa libération et il semblerait qu'il retourne en Algérie. Il débarque à Oran, cette fois, pour une mission secrète payée par l'Etat. Sa vie, à partir de son retour, alterne entre mariage malheureux et un travail mal vu : «Le seul auquel il peut accéder, un travail dit de «Juif». Celui de collecter des impôts pour les guerres de l'empire espagnol qui l'enverra en prison où d'après lui, il concevra l'idée de Don Quichotte» note telle.
Le professeur Maria Pilar Garrido Clémente soutient qu'ayant fait des recherches, elle est à même d'affirmer que Cervantès n'a pas écrit Don Quichotte. «Il n'est pas aventureux, dit-elle, d'affirmer que ses séjours, ses aléas et ses vicissitudes ont fait naître en lui un certain rejet de l'empire catholique qu'il avait servi de tout son corps et âme pour lequel il avait perdu l'usage d'un bras. A cause duquel, ou peut-être auquel il avait été esclave durant cinq ans de sa vie au sein d'une culture, au premier abord étrange pour lui mais, qui maintenant, ne lui semble peut-être pas si différente qu'il accepte comme la sienne et à laquelle il commence à s'identifier. Voire, lui rappelle des moments de son enfance ou réveille en lui des souvenirs de familles inavouables dans un pays, qui à cette époque, était obsédée par la pureté du sang.»
Don Quichotte devient-il le livre symbole de tous les métissages ?
Toujours selon notre interlocutrice, il n'est pas aventureux d'affirmer que c'est en prison, voire avant, à Alger qu'est né non pas Don Quichotte mais Sid Ahmed Benengeli.
Un prétendu historien arabe et de La Manche. Elle cite un passage de l'œuvre : «Philosophe mahométan présenté comme tel dans Don Quichotte» en poursuivant : «C'est ainsi qu'il le décrit. Un alter ego qui lui permet d'esquiver la censure de l'inquisition et de relier son œuvre à la culture islamique.
Ce stratagème pourrait justifier sa manière de traiter les histoires liées au monde musulman et particulièrement au monde morisque.» Elle s'interroge alors : «Don Quichotte est-il la meilleure initiation à la connaissance de l'islam en langue romane ? Grâce à l'interculturalité, Don Quichotte devient-il le livre symbole de tous les métissages ? Peut-être suite à sa captivité et ses expériences à son retour, faisons-nous face à un Cervantès musulman ou qui sympathise avec le monde musulman ?» L'universitaire affirme qu'une part de la singularité et de l'originalité de Don Quichotte se doit aux clés arabo-islamiques qui le composent et auxquelles l'œuvre fait constamment écho.
Parce que Cervantès fait preuve d'une maîtrise extraordinaire des œuvres culturelles et de la vie de la société arabe qui se trouve sur la péninsule, au sein de la société morisque, expulsée, justement, lors de la période qui se déroule entre la publication du premier et du second volume de Don Quichotte.
Don Quichotte n'est pas Miguel de Cervantès mais Sid Ahmed Benengali Maria Pilar Garrido Clémente ose affirmer – en s'appuyant sur des notes et des analyses, issue de l'œuvre Cervantine – que le véritable auteur de Don Quichotte n'est pas Miguel de Cervantès mais Sid Ahmed Benengeli. L'authentique. Celui qui porte et chausse les vêtements et les chaussures de Miguel Cervantès, son hétéronyme. «Cervantès affirme avoir trouvé par hasard le manuscrit qui raconte la majeure partie de l'histoire de Don Quichotte dans les marchés d'Alacana de Toléde où il ne semble n'avoir eu aucune difficulté à trouver un morisque parlant espagnol pour le traduire.» Miguel Cervantès parle souvent des arabes et de leurs coutumes, comme par exemple dans le chapitre 18 de la première partie dans lequel il décrit la bataille qu'imagine Don Quichotte alors qu'il contemple la rencontre de deux troupeaux et mentionne à partir d'hypothétiques romans de chevaleries «l'intrépide Brandabarbaran de Boliche, seigneur des trois Arabies».
Maria Pilar Garrido Clémente est convaincue que quand on parcourt l'œuvre de Miguel Cervantès, on entre dedans. De son avis, il est intéressent d'étudier les citations et les passages de Don Quichotte qui sont révélateurs de la nécessité d'identifier et de comprendre. «Les œuvres de notre illustre auteur, les personnages, leurs vécus, les lieux où il s'est retrouvé et où se déroulent ses œuvres portent la trace de ses pensées et de ses sentiments, comme nous pouvons le constater. Alger et Cervantès. Cervantès et les Algériens, l'islam et le monde arabe sont inévitablement liés et montrent un profond respect et une reconnaissance pour ce qui est vécu ainsi qu'une critique, ce dont il est témoin sur chaque rive.»
La conférencière terminera ce voyage par une phrase de l'un des personnages de Don Quichotte – le naïf paysan Sancho Panza qui soutient que : « Chacun est fils de ses œuvres, pas de son credo.» Une affirmation qui semble pour Maria Pilar Garrido Clémente, aussi nécessaire qu'actuelle pour poursuivre ce dialogue, dans l'immersion et l'approfondissement. Et pour profiter des subtilités et des richesses de cette grande œuvre de Cervantès Don Quichotte. 
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