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Menace d'épuisement et curieuses tergiversations
L'ALGERIE, PLUS GRAND GISEMENT EN MEDITERRANEE EN CORAIL ROUGE
Publié dans El Watan le 05 - 04 - 2021

D'où proviennent au juste et de quelle nature peuvent être les fortes résistances auxquelles se heurte, jusqu'à l'heure, la réouverture de la pêche au corail, suspendue en 2001, dit autrement, depuis 20 ans ? Maintes fois différée pour des raisons occultes, la reprise de l'exploitation de cette richesse est un vœu pieux.

Par Naima Benouaret

Je suis surpris par votre appel, car depuis que nous avions terminé notre étude et remis les conclusions, personne ne s'en était iniquité. Nous ne savons toujours pas à quoi elle a servi vu que vous me dites que la pêche est toujours interdite.
Pourtant, ayant coûté excessivement cher à votre pays et a nécessité de gros efforts et de laborieux travaux aux équipes de Creocean, Comex et CNRS, cette étude d'évaluation des ressources avait pour finalité de proposer un plan de gestion durable en vue de rouvrir la pêche du corail. En 2009 déjà, sur la base des trois schémas proposés, l'Algérie pouvait décider d'une reprise cadrée de la pêche pour une gestion durable des stocks.
Pourtant, les orientations et recommandations étaient bien précises et loin d'être complexes.» Sébastien Thorin, docteur en écologie marine, responsable de la cellule Recherche et Développement (Environnement Méditerranéen et Tropical, à Creocean, un bureau d'études spécialisé en océanographie et aménagement du littoral (France), qui le déclarait à El Watan, en janvier 2013, comment réagirait-il aujourd'hui ? Car plus de huit longues années ont passé et cette activité, censée «renforcer l'économie nationale par d'autres revenus hors hydrocarbures dans le cadre de la politique de l'Etat visant à diversifier l'économie à travers tous les secteurs, dont la pêche et les ressources halieutiques», ne cessent de répéter nos officiels, est toujours interdite. Maintes fois différée pour des raisons occultes, la reprise de l'exploitation de cette richesse est un vœu pieux ; «avant fin 2012, avant fin 2014, avant fin 2015, avant fin 2016, avant fin 2017», promettaient, à chaque fois et occasion, les pouvoirs publics, manière de rassurer, implicitement, les réseaux mafieux internationaux que du temps, ils en auront encore pour puiser dans ce qui reste de nos stocks coralliens et autres richesses biologiques marines.
En proie à une prédation sauvage, ces réserves continuent de déchaîner les passions chez les spécialistes du braconnage, en témoignent, d'ailleurs, les récurrentes prises et les saisies interminables de matériels et d'équipements de pêche illicite réalisées ces dernières années par les services de sécurité, tous corps confondus, à Alger, Annaba, El Kala, Skikda ou à Collo et Jijel. Qu'attend-on pour mettre un terme à ce trafic des plus, écologiquement et économiquement, dévastateurs qui dure depuis plus de deux décennies et comment s'interprètent les persistantes tergiversations des autorités concernées ? «La pêche du corail rouge sera rouverte durant l'année en cours», soit 2021, annonçait, une fois encore, Sid Ahmed Ferroukhi, début février dernier, depuis la wilaya d'El Tarf où s'était tenu un atelier national sur l'exploitation du corail. En ajoutant «dès que toutes les conditions seront réunies», le ministre de la Pêche et des Productions halieutiques, désormais plus prudent, laissait entendre des réserves, indirectes, quant au respect de cette nouvelle échéance.
LOIS, ENJEUX ET MARIONNETTISTES OCCULTES
D'autant qu'à travers cet atelier, il aspirait mobiliser l'ensemble des acteurs autour de «l'enjeu d'aplanir toutes les entraves existantes, la finalité étant de revenir à l'activité de pêche au corail dans des conditions organisationnelles irréprochables dans les wilayas concernées». Entraves, dont il est loin d'en ignorer les tenants et aboutissants, qui ont fini par avoir raison de sa détermination à réautoriser, en 2014 puis en 2016, l'exploitation de cette ressource pour la préserver et la protéger, lors de son premier passage au ministère de la Pêche entre 2012 et 2016.
En octobre de la même année, soit quelques mois après la prise de fonction, son successeur, Abdesselam Chelghoum, non moins déterminé, annoncera, à son tour, «l'année 2017 comme dernier délai pour lancer l'exploitation et fin 2016 pour le parachèvement du cadre juridique dont le taux d'avancement des préparatifs», assurera-t-il, étaient «à 90%». Mieux, «des instructions fermes» ayant été données à ses services aux fins de «respecter les délais». Février 2021, revoilà M. Ferroukhi, insistant que «l'activité sera rouverte au cours de cette année, sur des bases bien fondées après finalisation des textes et des mécanismes réglementaires».
Bien que plus d'un lustre se soit écoulé, les 10% restant des préparatifs n'ont, semble-t-il, pas encore été finalisés. Serait-il question de textes d'application pour la mise en adjudication des concessions par zones sur le littoral algérien. Le décret exécutif (n° 15-213) fixant les modalités et conditions de pêche au corail, à savoir «la durée, les moyens utilisés, les périodes, les normes scientifiques et techniques relatives à la nature du corail ainsi que les plongeurs professionnels chargés de la pêche et de la formation», étant prêt depuis 26 août 2015.
En vertu de cet instrument législatif, après 5 ans au maximum, durée d'exploitation de la concession, les périmètres d'exploitation seront fermés et mis en jachère pour une période d'au moins de 20 ans. Le quota annuel maximum autorisé par concession est au prorata du nombre de concessionnaires admis sans, toutefois, dépasser 3000 kg par périmètre d'exploitation. La reprise devrait s'effectuer «successivement par un système de rotation dans deux zones (Est et Ouest), organisées en deux périmètres à raison de 30 concessionnaires par périmètre au maximum».
La zone Est couvre le littoral de la wilaya d'El Tarf (30 concessionnaires), celle Ouest, comprenant, quant à elle, les wilayas de Skikda et de Jijel (15 concessionnaires pour chaque wilaya). Le débarquement du corail pêché dans lesdits périmètres «s'effectuera au niveau des ports d'El Kala, de Annaba, de Boudis (Jijel), de Béjaïa, de Stora (Skikda), de Dellys, de Ténès, de Mostaganem et de Beni Saf». Y sont, en outre, définies les conditions et modalités d'exploitation par la plongée sous-marine professionnelle.
Et pour s'assurer de la traçabilité du corail pêché et lutter contre son trafic, des mesures ont été fixées par la loi suivant lesquelles, le concessionnaire est tenu de soumettre une demande à l'Agence nationale de développement de la pêche et de l'aquaculture (ANDPA) pour l'obtention du titre de propriété.
Document l'habilitant à vendre le produit aux enchères. En outre, les dispositions du décret exécutif n°15-231 stipulent que «le concessionnaire est tenu de vendre 70% du corail pêché à l'Agence nationale pour la transformation et la distribution de l'or et des autres métaux précieux (Agenor) qui achète la quantité en contrepartie d'une somme d'argent fixée de commun accord». La vente du corail aux artisans et aux transformateurs à travers le territoire national étant du ressort de cet organe. La loi amendant et complétant la loi 01-11, relative à la pêche et à l'aquaculture, réaménagée en 2015, prévoyant ainsi une reprise rationnelle avec un durcissement des sanctions ayant trait à la pêche et au commerce illicites du produit.
LES CORAUX, VICTIME DE LA «PÈGRE»
En attendant la matérialisation de la reprise, la pression et la destruction sauvages des coraux se poursuivent diablement, surtout à l'est du pays, berceau des réseaux mafieux du braconnage. Et l'Etat ne semble pas prendre la mesure du phénomène. S'agit-il de déni ou d'anosognosie ? Car bien curieux est son immobilisme face à la prolifération des affaires liées au grand trafic de corail rouge, dont l'Algérie possède la plus grande réserve en Méditerranée. La dernière, d'envergure internationale, ayant retenti de l'autre côté de la frontière Est.
C'était en mai 2019 lorsque les autorités tunisiennes avaient réussi à démanteler un réseau de trafic de corail rouge et arrêté une dizaine de suspects ; sept Tunisiens, deux Espagnols et un Algérien. Y avaient été saisis près de 700 kg de corallium rubrum, principalement récoltés dans les fonds d'El Kala, d'une valeur marchande d'environ deux millions d'euros.
C'est dire qu'ils soient Italiens (Naples) ou Asiatiques, les négociants ou acheteurs finaux du corail rouge, demeurent, démesurément, en appétit pour l'espèce algérienne. Bien qu'elle soit «sans doute très fluctuante comme celle de toute matière première dont la quantité mise à terre n'est pas prévisible, connue ou biaisée d'une façon ou d'une autre», tel que nous l'avait précédemment précisé Jean-Pierre Feral, directeur de recherche CNRS émérite dans le domaine de la biologie marine, son collègue Jean-Georges Harmelin du Centre d'océanologie de Marseille était, quant à lui, affirmatif : «L'Algérie détient certainement encore de grands gisements en corail rouge, et elle en a toujours eu la réputation depuis des siècles.»
Toutefois, «même si on peut supposer qu'elle a encore le premier rang pour la taille de la ressource encore disponible, il ne faut pas oublier que les moyens actuels d'exploitation peuvent réduire rapidement cette ressource, y compris au niveau des autres régions exploitées en Méditerranée», mettait en garde le Dr Harmelin, l'auteur d'une récente nouvelle étude «Le corail rouge, l'or de Méditerranée» où, outre la Corse, la Tunisie, la Sardaigne, un accent particulier est mis sur l'Algérie et l'importance de ses réserves.
Définie comme très proche d'une exploitation minière, ceci en raison de la «croissance extrêmement lente de cet animal, un temps très long étant donc nécessaire pour fabriquer un squelette épais, pouvant justifier toute éventuelle exploitation commerciale», l'exploitation du corail dont la relance, «version 2021» risque de décevoir, économiquement parlant, surtout. Considérant la prédation humaine ayant sévi, deux décennies durant et dans l'indifférence la plus totale, il serait, en effet, utopique qu'en termes de nouvelles ressources, la ruée vers l'«or rouge», espérée, puisse permettre au Trésor public de s'assurer de «belles prises».
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