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Réflexion sur un moment d'histoire
Le 8 Mai 1945, entre le passé et le présent
Publié dans El Watan le 09 - 05 - 2005

Une réflexion sur un moment d'histoire » proposée samedi matin par la ligue des droits de l'homme samedi matin à la faveur d' un colloque : « Il y a soixante ans : l'autre 8 Mai 1945. Le trou de mémoire colonial et la société française d'aujourd'hui » à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Outre des historiens : Gilles Manceron pour la LDH, Mohamed Harbi, Annie-Rey Goldzeiguer, Jean-Pierre Peyroulou, et deux acteurs de premier plan : Hocine Aït Ahmed et le docteur Chawki Mostefaoui. Si le premier acteur était prévu par les organisateurs, la présence du second parmi les auditeurs est signalée par Mohamed Harbi. Un témoin, l'écrivain et journaliste Henri Alleg.
Le rapport Berger
Auteur de Aux origines de la guerre d'Algérie 1940 -1945. De Mers El Kébir aux massacres du Nord-Constantinois (éditions La Découverte), Annie Rey-Goldzeiguer a expliqué que ce livre était pour elle « une obligation morale », « je ne pouvais pas ne pas expliquer aux Français ce qui avait été fait en leur nom », a précisé l'historienne avant de situer le contexte de ce qu'on appelle communément les Evénements du 8 Mai 1945, « une période extrêmement difficile, où prévalait une peur, des deux côtés : peur des Européens, devant l'unité des indigènes ». C'était la première fois que le mouvement nationaliste retrouvait son unité depuis 1936 avec le PPA, les Ouléma, les partisans de Ferhat Abbas. Les Européens craignaient aussi les réformes du gouverneur général Chataigneau, un historien entré dans la haute administration, lié à Charles-André Julien. Ces réformes devaient battre en brèche les privilèges des Européens. La peur était aussi du côté des Algériens qui avaient vu toute une série de manœuvres militaires en Kabylie. « A côté de cela, il y avait l'espoir de tous, d'abord celui de la fin de la guerre. L'espoir pour les Européens d'être parmi les vainqueurs, l'espoir de ceux qui ont résisté (ils ne sont pas nombreux) que de Gaulle reprenne les choses en main. Pour les Algériens, c'est l'unité qui est porteuse de tous les espoirs, s'appuyant sur l'anticolonialisme américain pour un avenir d'indépendance. » Sur les événements proprement dits, l'historienne s'appuie sur le rapport Berger qu'elle qualifie d'« exceptionnel ». Berger est un commissaire de police envoyé à Sétif dès le 9 mai par Chataigneau avec un cadi et un juriste. Le commissaire Berger mènera une enquête de dix jours, minutée. Voici le récit qu'en fait Annie Rey-Goldzeiguer : « Le PPA devait diriger une manifestation qui devait commencer à 7 h. Hors de la ville, il y avait déjà 6000 à 7000 personnes. Aucun manifestant ne devait détenir la moindre arme. A 8h30, le cortège avance, 200 scouts en tête, derrière les 4 drapeaux alliés, suit le flot des manifestants par rangs. Quand les manifestants arrivent au centre-ville (un premier symbole, le PPA investit la ville européenne, note Annie Rey), un drapeau algérien tenu par un jeune est déployé, et des pancartes sont levées : ‘‘Vive Messali'', ‘‘Algérie libre et indépendante.'' A 9h15, un barrage policier stoppe la manifestation. 9h25, ordre est donné de s'emparer du drapeau. S'ensuit une bagarre, un coup de feu est tiré. La bagarre dégénère, intervient une masse de spectateurs venus pour le marché. Les gendarmes bloqués par une panne ne viennent pas tout de suite. Commence le carnage. Bilan : 21 morts européens et 71 blessés. Du côté algérien, on n'en sait rien. A 12h50, le sous-préfet confie l'ordre à l'armée. Le général Duval prend en main la période de nettoyage. La nouvelle se propage très vite. La révolte s'étend d'Est en Ouest et du Nord au Sud. Commence la deuxième phase, la répression. Elle sera démesurée. A partir du 10 mai, Duval isole les masses révoltées avec les renforts venus de Tunisie et du Maroc, selon un plan préparé de longue date. Les Européens prétendent assurer leur propre sécurité, exigent vengeance et l'exécution immédiate des dirigeants du PPA. Ils veulent la démission de Chataigneau et un gouverneur civil originaire d'Algérie. » Sur les archives, Annie Rey signale l'importance de celles, encore inaccessibles, du 2e bureau, à la tête duquel se trouvait le colonel Cheun. « La bleuite, c'est lui, le berbérisme, c'est lui. » S'adressant à Aït Ahmed, Annie Rey-Goldzeiguer lui dit : « Votre livre m'a mise sur la piste du colonel Cheun, vous écrivez qu'il a cherché à prendre contact avec vous. »
« Une colonisation terrible » selon Hocine Aït Ahmed
Après avoir exprimé une pensée à Florence Aubenas et à Hussein Saâdi, affirmant qu'« il est intolérable que de tels actes puissent encore se produire et je souhaite que la solidarité puisse s'étendre librement à notre pays », Aït Ahmed souligne que « les services ont toujours joué un rôle dans l'avant, pendant et après l'indépendance de l'Algérie » en écho à l'évocation du rôle joué par le colonel Cheun par Annie Rey-Goldzeiguer. Et de signaler qu'on ne peut pas comprendre ce qui s'est passé en mai 1945, si on oublie l'existence d'un Etat dirigé par la grosse colonisation en Algérie. « L'Etat colon en Algérie n'était pas un Etat de droit, mais il faisait appel au droit chaque fois que cela pouvait servir ses intérêts. C'est un Etat qui ne s'est jamais assumé, comme l'Afrique du Sud, par exemple, à un moment donné. Les grands colons préfèrent instrumentaliser tous les réseaux qui leur permettent de prendre en otages l'opinion française, la classe politique. Cet Etat, qui est clandestin, vit de subventions de la Métropole qui, elle, est un Etat démocratique. L'Etat ségrégationniste s'oppose au développement de l'Algérie, à son industrialisation. » « Les colons sont à chaque fois intervenus pour bloquer les réformes en Algérie. » L'orateur rappelle que l'armée française qui « s'est fait bousculer » en Indochine, se replie en Algérie. « Avec cette armée, l'Etat colon devient le maître, a failli faire un coup d'Etat en France. » Aït Ahmed dira que mai 1945 « a permis de trouver des formes de lutte permettant la libération de l'Algérie ». « Les événements de Mai 1945 ont conduit également à des réflexions », comme « la nécessité de ne pas négliger le politique », et « aller vers des mouvements politiques au-delà du PPA ». Sur la loi du 23 février 2005, Hocine Aït Ahmed a ces mots : « Cette loi est hallucinante, tragique. Comment peut-on continuer à s'aveugler devant une colonisation terrible ? On veut occulter les réalités. »
Le Docteur Chawki Mostefaï : Les véritables raisons des manifestations
Le docteur Chawki Mostefaï a tenu à attirer l'attention sur une confusion, celle qui consiste à faire accroire que les massacres de Sétif sont consécutifs à un ordre d'insurrection. Il précise que les manifestations de Mai 1945 avaient deux raisons : le 1er mai, le PPA avait décidé de défiler dans toutes les villes d'Algérie pour « montrer la force de notre mouvement parmi les ouvriers et les paysans. Avant le 1er mai, on voulait la défaite allemande, une propagande avait été déchaînée par l'administration coloniale, y compris le parti communiste pour lequel on était un concurrent, nous qualifiant de fascistes et d'hitlériens. Il nous fallait montrer que le jour de la victoire nous étions dans le camp de la liberté et de la démocratie ». L'autre raison invoquée par le docteur Mostefaï était de montrer que le peuple algérien ne manifestait pas dans un cadre français, mais algérien. C'est pourquoi il était important de défiler le 8 mai 1945 avec l'emblème national. Les militants d'Oran, d'Alger et de Blida l'ont hissé le 1er mai. Les porte-drapeaux ont été abattus : 4 morts à Alger, un mort à Blida et un mort à Oran. « J'étais le plus disponible pour rédiger l'ordre du jour de la manifestation du 8 mai, un texte demandant de faire attention à des provocations éventuelles. » Le docteur Mostefaï souligne que « le 9 ou le 10 mai, des éléments de Sétif sont venus nous demander des armes - on n'en avait pas - , ou de les aider. Pendant deux jours non-stop, nous nous sommes demandé quoi faire. Nous avons estimé que la seule façon d'aider les gens était de déclencher des actions ailleurs. Nous avons donné un ordre d'insurrection, en réalité c'était une action de diversion. L'ordre était diffusé le 12 mai. Nous avons alors assisté à trois phénomènes : un certain repli des troupes qui allaient vers l'Ouest ; un employé du Conseil général, un interprète, avait rapporté que le colonel Cheun en était informé ; cela n'avait pas répondu à notre mot d'ordre ». Le contre ordre à l'insurrection est alors donné.


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