La chanteuse kabyle Yasmina animera aujourd'hui un gala à la salle Ibn Khaloun ( Alger), aux côtés de Rabah Asma, de la troupe des tambourinaires Acherchar et d'une troupe de danse de Tizi Ouzou. C'est la première fois qu'elle se produit à Alger. Elle chante depuis 1989 et a produit jusque-là huit albums. Néanmoins, sa carrière a connu une longue interruption, soit six ans d'absence. Rencontrée à Alger, elle nous accorde une brève discussion sur la chanson. Pourquoi ces six années d'absence ? C'est simple. La chanson ne m'a rien rapporté. Alors, je me suis lancée dans le commerce. Je vis en France. Pourtant, mes albums sont prisés sur le marché, de plus, j'ai un public. Mais il n'y a pas de suivi de la part de mon éditeur de l'époque. Il prend le produit et me paie cash. On ne peut pas faire des affaires et chanter à la fois. Y a-t-il de l'espoir quant à poursuivre votre carrière après cette longue absence ? J'ai beaucoup d'espoir quant à la suite de ma carrière, d'autant que j'ai changé d'éditeur. Je travaille avec les éditions Izem. Changement constaté en conséquence, je peux venir en Algérie pour me produire sur scène et réaliser des projets. D'ailleurs, je n'ai jamais chanté jusque-là à Alger. Je ne connais personne dans la capitale pour m'aider à réaliser mes projets. J'ai prévu un nouvel album l'an prochain. La chanson kabyle a-t-elle évolué ? Heureusement qu'il y a des chanteurs qui font des efforts énormes pour la survie de la chanson kabyle. Celle-ci n'a pas évolué. La plupart des nouveaux chanteurs n'ont aucune retenue. Ils se permettent de s'exprimer sur leurs aînés, sachant qu'eux-mêmes n'ont pas encore entamé leur carrière. Que pensez-vous du phénomène des reprises et des chansons de fête qui marquent la chanson kabyle ? Nous n'avons pas le droit de toucher aux œuvres des autres chanteurs. Il est peut-être permis de reprendre une chanson d'un maître pour lui rendre hommage mais pas plus. Une chanson est aujourd'hui reprise par dix-sept ou vingt chanteurs. C'est décevant. Les reprises tuent la chanson. Pourtant, il y a des compositeurs et des paroliers. Ces chanteurs n'ont qu'à les solliciter pour les aider à faire carrière au lieu de recourir à ce genre de pratiques. Tant que les artistes et les autres parties concernées par la musique n'investissent pas dans la création, la chanson kabyle n'évoluera pas. Quant aux chansons de fête, il n'y a pas de mal à en composer. La vie est faite de tristesse et de joie. Je tiens à remercier les éditions Izem et l'Etablissement arts et culture de m'avoir sollicité afin de chanter ici à Alger.