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La Méditerranée reste à inventer
Publié dans El Watan le 14 - 09 - 2005

En quelques siècles, l'humanité est passée du stade de cellules autonomes plus ou moins isolées au stade d'un système mondial dans lequel il n'existe plus d'espaces indépendants.
Quatre centres (Etats-Unis, Union européenne, Japon et NPI) disposent des principales richesses et concentrent les pouvoirs de décision. Les « périphéries » (le reste du monde) se caractérisent par leur relative faiblesse pour innover et par leur degré de dépendance vis-à-vis des centres. Dans cette représentation, centres et périphéries ont leurs destins liés. La région méditerranéenne, outre l'Europe de l'Est, se présente donc comme l'espace de constitution de son bloc spécifique dans ce processus de mondialisation régionalisée, où la régulation de l'économie est, sous la tutelle de la récente Organisation mondiale du commerce (OMC), laissée au fonctionnement des marchés et aux choix des grandes firmes américaines, japonaises et européennes. Dans ce contexte, l'enjeu méditerranéen pour l'Europe est triple :Sur le plan géopolitique dans le cadre de la réorganisation de sa périphérie, la région méditerranéenne devient l'espace de rééquilibrage de l'Europe vers le Sud, parallèlement à son extension vers l'Est. Elle est même le lieu privilégié d'application de la toute nouvelle Politique extérieure et de sécurité commune (PESC), mise précisément en place au moment de l'échec balkanique. Or, selon les prévisions dominantes, si d'ici 2010 rien de nouveau ne se fait dans cette région, l'écart de richesse entre la rive nord et la rive sud doit encore doubler. L'enjeu économique est alors décisif dans cet espace constitutif du bloc européen en compétition locale, régionale avec le bloc américain. Mais ce qui surdétermine cet enjeu, c'est la peur européenne d'un avenir fortement marqué par l'immigration des pays proches de l'Est et du Sud. Le Bunker Europe met au point des nouveaux instruments pour se protéger, cherchant chez les gouvernants de ce pays des partenaires dociles. L'aide économique agit donc comme levier de croissance de ces pays, leur croissance comme garantie de la sécurité de l'Europe, et, entre temps, détermine des mesures d'accompagnement des processus économiques d'intégration dans le marché mondial.D'où la nécessité d'une régulation concertée des flux migratoires, mais les conditions en seront dictées aux voisins pauvres par la citadelle riche. Or, celle-ci et c'est le troisième enjeu, entend se doter, en Méditerranée, d'une capacité militaire spécifique et autonome (Euroforce, Euromaforce, force aéromaritime, maintien d'un arsenal nucléaire tactique de grande précision, réseau spatial de renseignement stratégique avec satellites d'observation optique de type Hélios, etc.) dans le cadre d'une stratégie « préventive » tout en s'inspirant du « modèle Golfe » et de sa logique expéditionnaire. Dans ce processus de constitution d'un bloc euro-méditerranéen, l'Europe rencontre ainsi la politique méditerranéenne des Etats-Unis, dont il faut mesurer la signification. En effet, pour les Etats-Unis, la Méditerranée fait partie du premier cercle de leur représentation stratégique du monde. En effet, cette mer est une ligne vitale de communication et d'accès au Moyen-Orient composé de la Syrie, d'Israël, de la Palestine, de la Jordanie et de l'Egypte et adossé à une région richissime en pétrole, la péninsule arabe, l'Iran et l'Irak (60% des réserves mondiales). Trois axes fondamentaux caractérisent la politique américaine dans la région :
Le contrôle des ressources énergétiques (pétrole, gaz).
La recherche de débouchés pour la vente d'armes.
Le développement économique du Moyen-Orient à partir de la maîtrise d'institutions financières (Banque mondiale et constitutions d'une Banque de développement du Proche-Orient et l'Afrique du Nord). En matière géostratégique, les Etats-Unis considèrent que l'OTAN, dont les frontières et les zones d'intervention sont désormais élargies de facto, constitue le cadre et l'outil les plus appropriés de concertation stratégique entre Américains et Européens pour le contrôle militaire de la Méditerranée. Après s'être susbstitué à l'ONU en Bosnie, l'OTAN se présente comme le seul organisme légitime à l'usage de la force pour faire respecter le droit international qui risque de se confondre avec la Pax americana. Ainsi, la Méditerranée est un espace où se croisent et se heurtent les intérêts européens et américains, pour les débouchés commerciaux, pour la vente d'armes, pour le contrôle du pétrole (d'Irak, mais aussi de Libye et également de notre pays l'Algérie) et d'une manière plus globale pour la redéfinition géopolitique de la région. Longtemps rivé à une politique d'« industrialisation industrialisante » aussi flatteuse que ruineuse sur le plan économique dû à l'absorption d'énormes capitaux, notre pays a été le dernier au Maghreb à conclure l'accord d'association avec l'Union européenne. La question qui reste posée, et à laquelle va inévitablement buter, le projet du partenariat euro-méditerranéen : est-ce que les pays tiers-méditerranéens (PTM) (notamment l'Algérie) sont mûrs pour la mise en œuvre d'une zone de libre-échange ? Est-ce que cela est dans leur intérêt ? Est-ce que les agents économiques privés européens sont prêts à s'engager dans une telle entreprise, d'autant plus qu'ils considèrent que l'Algérie est un pays paradoxale qui avait été ravagé par une guerre sans merci entre un régime incapable de se remettre en question et une opposition islamiste sans merci ? Les raisons du faible engagement financier des Etats européens et des investisseurs privés dans notre pays comme dans beaucoup de PTM sont multiples : a - Elles tiennent d'abord aux politiques économiques inadéquates (une bureaucratisation paralysante, des lenteurs excessives, un système juridique engorgé, une main-d'œuvre peu qualifiée, des infrastructures insuffisantes, des politiques de change peu crédibles, exiguïté des marchés, absence de marché financier, un secteur privé faible, des gabegies du secteur public, une fragmentation des marchés, des taux d'endettement insupportables, des perspectives économiques incertaines). b - Elles tiennent ensuite au retard pris par notre gouvernement pour clarifier les règles du jeu en matière d'investissement étranger, et pour découvrir les effets bénéfiques de l'investissement public et privé sur le potentiel de production, de délocalisation industrielle et la balance de paiements. c - Elles tiennent enfin au climat de sécurité interne dans notre pays, où le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, proposé à référendum le 29 septembre, devra déboucher sur une grande espérance.Jusqu'ici l'idée de Méditerranée est avant tout apparue comme une projection du Nord sur le Sud. Longtemps, la Méditerranée n'a été qu'une figure nostalgique, une référence incantatoire à la latinité et à la grécité, seules sources reconnues et acceptées de la culture européenne. Le monde arabe et turc, repoussé au nom d'un « Orient imaginaire », ne pouvait être partie prenante d'un même ensemble culturel et il n'était guère envisagé qu'il puisse exister des valeurs communes. Dix ans bientôt après la ratification du processus de Barcelone, nous n'en sommes plus là aujourd'hui, même si les forces de rejet sont puissantes et que les idéologies d'exclusion se renforcent surtout depuis la guerre du Golfe. Le débat actuel sur la Méditerranée exprime la quête d'un sens commun, celle d'une identité complexe faite d'usages, d'habitudes et de coutumes, d'un rapport au temps et à l'espace, du goût de la vie et de la saveur des choses traversées par le tragique, de l'indissociable alliance du sensible et du divin, autant d'éléments qui fondent un être au monde qui peut être qualifié de Méditerranéen, mais qui n'abolit jamais la diversité en une simple unité. La naissance de la Méditerranée, comme projet politique, économique et culturel n'est possible que dans une Europe qui choisit l'ouverture créatrice et non le repli destructeur. La Méditerranée reste à inventer.


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