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Laurent Bonelli. Sociologue, professeur à l'université Paris X
« La police n'a pas à gérer la misère »
Publié dans El Watan le 07 - 11 - 2005

A votre avis, qu'est-ce qui a déclenché ces émeutes : le langage de Nicolas Sarkozy, la mort des deux adolescents ou un ras-le-bol généralisé des jeunes des cités ?
Les émeutes ne naissent pas ex nihilo. Il y a toujours un point de départ. L'élément déclenchant est la mort des deux adolescents. La mort, accidentelle ou non, a toujours été un élément déclenchant des émeutes. Ces affrontements entre la police et les jeunes sont fréquents depuis 15 ou 20 ans. Les relations ont toujours été tendues. Cela renvoie à la situation de ces jeunes de quartiers, sans qualification, marginalisés sur le marché de l'emploi. Ils restent dans le quartier car ils n'ont pas où aller. Il y a un phénomène de misère et de pauvreté. On demande à la police de résoudre, de gérer ces phénomènes. L'Etat social recule. Il y a moins d'infirmières, de médecins, de médiateurs mais plus de policiers. Cela renvoie aussi aux policiers, eux-mêmes très jeunes, souvent provinciaux, en début de carrière. Ils ont peur quand ils se retrouvent mutés dans les cités. Ils ne comprennent pas la manière de parler, les gestes des jeunes. Cette rivalité est répétée dans le quotidien. Les policiers vont répéter les mêmes gestes, les mêmes contrôles. En schématisant, cela donne, bonjour X, montre-moi tes papiers. D'où les outrages et les actes de rébellion qui sont passés de 10 000 à 50 000 en cinq ans. Certains policiers, il ne faut pas le nier, ont des attitudes racistes. Les jeunes des cités sont les seuls à avoir une compétence sociale de l'émeute.
Vous croyez donc que le discours politique est déconnecté des émeutes, que les mots « racaille », « nettoyer au Kärcher »...
Il y a un discours de provocation. C'est assez nouveau. Auparavant, les autorités avaient un discours mesuré et cherchaient l'apaisement. Le discours du ministre de l'Intérieur est très guerrier. Il entre dans une logique de surenchère. Un peu comme Charles Pasqua quand il disait qu'il fallait terroriser les terroristes. Le soir même de son discours, il y a eu des dizaines d'attentats, c'est dire si les terroristes avaient peur. Il s'est passé la même chose la semaine dernière.
Nicolas Sarkozy parle de manipulation... ?
Le discours sur la manipulation est complètement faux. Qui peut manipuler les jeunes ? Les islamistes ? Lesquels ? L'analyse de l'unification de l'islam ne résiste pas à l'analyse. Les islamistes ne peuvent pas manipuler ces jeunes. Qu'il y ait des musulmans dans ces quartiers, oui et ils sont nombreux. Que des associations musulmanes existent, oui. De là à parler de manipulation, non. Dans les années 1970, on parlait de la main de Moscou. Il peut y avoir des manipulations dans des lieux précis. Le Front national a fait ce genre de manipulations dans certains quartiers. Des militants brûlent une ou deux voitures et les jeunes tombent dans le piège et en font cramer d'autres. Cette fois, il n'y a pas eu de manipulation.
La grenade lacrymogène lancée contre le lieu de prière a-t-elle exacerbé ces émeutes ?
C'est un élément qui vient se rajouter au reste mais n'a aucune incidence profonde. Les émeutes se seraient déroulées de la même façon. Pourtant le ministre de l'Intérieur s'est empressé de dire que si la grenade lacrymogène appartient à la police, il n'est pas prouvé que ce soit un policier qui l'ait lancée... En permanence, les ministres de l'Intérieur ont dédouané les policiers. A chaque émeute ou coup dur, ils les couvrent. Cela participe à la provocation. Le discours de Nicolas Sarkozy attise la colère. Il jette de l'huile sur le feu. Les médias ont repris la thèse officielle comme si c'était l'unique vérité possible. A l'exception notable de Libération et l'Humanité, toute la presse s'est engouffrée dans les explications confuses du ministre de l'Intérieur sur les circonstances de la mort des deux adolescents. La relation des médias avec ces jeunes est assez ambivalente. Ce genre de violence cadre avec les attentes de certains médias. On est dans le spectaculaire. Les quartiers populaires n'apparaissent que sous les flambées de violence. Les journalistes sont de moins en moins issus de ces quartiers. Ils n'ont aucun contact avec le peuple. Et pour les médias, il y a soit la version progressiste, misérabiliste ou alors les jeunes barbares des banlieues pour les conservateurs. Il y a un ethnocentrisme social. Les milieux populaires n'ont pas la parole. Les jeunes souffrent de l'image qu'ils donnent d'eux-mêmes.
On a l'impression que la « France blanche » se trouve à Paris intra muros et que la « basanée » se retrouve de l'autre côté du périphérique. Est-ce un raccourci ?
Paris n'est pas la France. L'immigration n'est pas la coupure. Paris s'embourgeoise. Dans le quartier où j'habite, au nord de Paris, il y a effectivement de moins en moins d'étrangers. La coupure est sociale. Les pauvres se retrouvent derrière le périphérique. Et les plus pauvres sont les immigrations récentes. Les revenus des plus pauvres n'arrêtent pas de chuter et ceux des plus riches d'augmenter. Cette différence se matérialise aussi territorialement. Paradoxalement, les quartiers les plus riches sont les plus ghettoïsés. Il y a une forte concentration de richesses. Dans les quartiers pauvres, il reste encore une forme de mixité sociale.


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