Nous avons perdu tout espoir. Pas de logement, pas de travail, aucun avenir». Ces mots reviennent sans cesse dans la bouche de centaines de jeunes chômeurs de la localité de Ras El Ma (ex-Bedeau) qui viennent d'interpeller, pour la énième fois, les responsables locaux sur un phénomène générant, inexorablement, désespoir et désœuvrement. Depuis quelques jours, par le biais de diverses pétitions, plusieurs groupes de chômeurs tiennent à mettre en garde les pouvoirs publics et les élus locaux contre une situation qu'ils qualifient d'explosive. Leur message ne souffre d'aucune ambigüité: «Les dernières manifestations (janvier dernier, ndlr), visant à dénoncer le chômage et l'exclusion, semblent n'avoir eu aucun effet (….) ! Nous espérons que les responsables comprennent la mesure de notre détresse avant qu'il ne soit trop tard», peut-on lire dans l'une des missives adressées au premier responsable de la wilaya et dont une copie nous a été remise. Et de rappeler que les fonds publics colossaux injectés ces dernières années dans divers projets de développement à Ras El Ma, située à 100 km au sud de la ville de Sidi Bel Abbès, n'ont servi presque à rien. «L'opacité entourant les projets de développement n'a fait que compliquer les choses en favorisant la corruption et les passe-droits», estiment les chômeurs de cette localité déshéritée. Selon eux, la réception, ces dernières années, des nouveaux sièges du palais de justice, de l'hôpital et de la direction des impôts, avait suscité tant d'espoir, avant de nourrir, de nouveau, leur grande désillusion. Et pour cause, les quelques postes de travail créés dans le cadre de la mise en service de ces structures ont bénéficié, pour la plupart, à des personnes issues d'autres localités. «Pourtant, il ne s'agissait que de postes d'emploi ne nécessitant aucune qualification professionnelle, qui revenaient, en priorité, aux jeunes diplômés de Ras El Ma», tient-on à dénoncer. Secouée par plusieurs mouvements de contestation, depuis 2007, Ras El Ma ne souffre pas uniquement du chômage. Bien plus, les jeunes de cette localité évoquent notamment l'inexistence d'activités sportives et culturelles et la mise à mort planifiée du mouvement associatif local. Enfin, la disqualification, par la ligue régionale, de l'unique club de football de Ras El Ma, en 2007, en raison de difficultés financières, pourrait résumer, à elle seule, l'isolement et la précarité affectant les jeunes de cette localité.
