La marche pacifique à laquelle ont appelé hier les étudiants de l'université M'hamed Bougara a failli tourner au vinaigre. Un important dispositif de sécurité a été mis en place dès le début de la matinée pour empêcher les universitaires de battre le pavé. Mais la détermination des étudiants, venus en très grand nombre pour prendre part à cette action de protestation, a eu raison des mesures dissuasives imposées par le service d'ordre. La marche a finalement eu lieu en début d'après-midi. Les étudiants ont sillonné l'artère reliant la faculté des sciences de l'ingénieur, en scandant des slogans hostiles au système en place : «Pour une université libre et autonome», «L'université est une industrie qui sert à alimenter le marché national de la pensée de la nation», ont-ils écrit sur certaines de leurs banderoles. «On rejette tout ce qui a été fait jusque-là. La tutelle n'a aucune volonté de résoudre les problèmes dans lesquels se débat l'université algérienne. Le 27 janvier, elle a signifié à ses invités que la plupart des étudiants n'ont pas compris le contenu du décret», s'indigne un étudiant de 4e année biologie. Les protestataires, encadrés par des dizaines de policiers, ont observé une halte au niveau de la faculté des sciences (ex-INIM) avant de rallier le siège du rectorat, le point de chute de leur action. La marche a débuté vers 12h30. Ses initiateurs étaient cernés par des dizaines d'agents de l'ordre au niveau de la faculté des sciences de l'ingénieur. Les policiers ont même usé de leur matraque, malgré les cris qui fusaient de la foule rappelant le caractère pacifique de leur action. Une demi-heure après, ils ont réussi à sortir dans la rue via une petite porte «qui a été ouverte il y a plus d'un mois par l'administration dans le but de casser notre mouvement de grève». Plusieurs bousculades, marquées par l'usage de la force, ont eu lieu au niveau de l'artère jouxtant la cité U des filles. Certaines résidentes, empêchées de sortir de leur cité, se sont mises à lancer des bouteilles d'eau de leur balcon. Dépassés par les événements, les policiers ont fini par céder aux pressions des étudiants. Ces derniers dénoncent le mépris affiché par la tutelle quant à la satisfaction de leurs principales revendications, précisant que la réunion du 27 mars a été tenue avec les représentants des organisations satellitaires et pas avec les vrais délégués des universités du pays.