Certains résidants affirment que, dans la vie de chaque jour, ils forment une seule famille, mais sont contraints d'établir leurs documents administratifs dans trois municipalités différentes. Le site bidonville d'El Hamiz dispose de particularités qui en font l'un des lieux les plus invivables de la capitale. Bien que ses carences et insuffisances existent dans bien d'autres cités bidonvilles d'Alger, ce site a pour spécificité de réunir, à la fois, trois points «lugubres» qui compliquent davantage le quotidien des habitants. A commencer par le fait qu'il est le seul à relever administrativement de trois communes différentes, à savoir Rouiba, Bordj El Kiffan et Dar El Beïda. Bien qu'il soit connu sous le nom de bidonville «El Hamiz», il n'en demeure pas moins que les résidants, eux, savent que chaque partie de cet imposant point noir dépend d'une commune distincte. Certains résidants affirment que, dans la vie de chaque jour, ils forment une seule famille, mais qu'ils sont contraints d'établir leurs documents administratifs dans trois municipalités différentes. Une situation qu'ils n'apprécient point, notamment lorsqu'il s'agit de documents nécessitant des témoins. «Seul un mur très mince me sépare de mes voisins, mais administrativement, nous sommes séparés par une dizaine de kilomètres», déplore un jeune habitant, ajoutant que certains ne savent plus à quelle municipalité s'adresser. Aussi, ce site de plus de 2000 baraques est l'un des rares lieux d'habitation situé à quelques centimètres seulement d'un oued pollué et infect. A cela s'ajoute le danger permanent qui les menace par temps de pluie et de canicule. «En hiver, les services de la Protection civile interviennent systématiquement à cause des crues répétitives de l'oued qui inondent les baraques, raconte une mère de famille. En été, par contre, les ménages font face à un véritable assaut de moustiques.» «On ne peut pas cuisiner sans avoir un tube de flytox à ses côtés, parfois je crains même d'intoxiquer la famille», raconte notre interlocutrice, expliquant qu'elle est souvent confrontée à un choix difficile, à savoir : «Servir le repas plein de moustiques, ce qui n'est pas évident, ou abuser dans l'utilisation de l'insecticide et rendre ainsi l'air irrespirable durant des dizaines de minutes.» A tous ces maux, s'ajoutent les coupures d'électricité, qui, d'après les habitants, sont quasi quotidiennes. Pis encore, les branchements effectués illégalement présentent un grand danger pour les petits enfants. En fait, les fils électriques sont suspendus à moins de deux mètres de hauteur, ce qui fait que les petits enfants peuvent les toucher facilement, a-t-on constaté. A cela, il faut ajouter l'absence d'eau potable et le déversement des ordures dans l'oued déjà puant. Les habitants affirment qu'ils tentent, tant bien que mal, de s'organiser et de se prendre en charge, mais l'absence des autorités ne facilite pas les choses. La répartition de ce site en trois hameaux, relevant de communes différentes rend les choses plus compliquées. Un homme d'un certain âge n'a, d'ailleurs, pas hésité à préciser qu'«au lieu que toutes ces communes proposent leur aide pour améliorer les conditions de vie de ces milliers de familles, toutes s'arrangent plutôt à rejeter ce site maudit».