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La violence peut coûter 20 DA !
la délinquance chez les jeunes s'installe dans la banalisation
Publié dans El Watan le 14 - 12 - 2005

Ils n'étaient pas plus hauts que trois pommes, mais avec un regard... », raconte une journaliste qui aurait pu se faire agresser pour 20 malheureux dinars. (Suite de
C'est en rejoignant sa voiture, garée sur un terrain vague non loin de la Maison de la presse, que Ghania a eu la surprise de sa vie. « On m'a déjà crevé les pneus, en plein Ramadhan à une heure de la rupture du jeûne. On m'a également volé les baguettes de ma voiture, mais on ne m'avait encore jamais attendue avec des tessons de bouteilles cassées », poursuit-elle. L'affaire est anodine en soi. Je monte dans ma voiture sans faire attention que j'étais la dernière à quitter ce pseudo-parking. J'avais ouvert la fenêtre en grand, car il faisait chaud. Erreur fatale. Je m'aperçois que quatre garçons étaient assis en face de moi sur une espèce de petit muret. Ils me regardaient fixement tous les quatre et j'ai commencé à me poser des questions. Celui du milieu se penche en arrière, ramasse une bouteille de bière qui jalonne tristement la station de bus et la casse. Ses copains en font autant sans me quitter du regard. Instinctivement, j'ai eu envie de remonter ma fenêtre, mais je craignais qu'ils saisissent ma détresse. Devant obligatoirement passer devant eux pour quitter le parking, j'ai opté pour la solution la plus sage : je les ai appelés. » Ghania s'entretiendra avec le groupe avec le plus de détachement possible. Comme si elle n'avait rien remarqué. « Je les ai appelés pour leur demander combien je leur devais sachant pertinemment qu'ils n'avaient pas surveillé ma voiture. L'un d'entre eux, visiblement le chef, prendra les 20 DA avec un sourire qui laisse trompeur. Il m'a fait remarquer que je n'avais plus les baguettes de ma voiture et m'a proposé de m'en ramener pour trois fois rien. » Ghania avait enfin mis un visage sur le voleur de ses baguettes. « J'ai compris que c'étaient lui et sa bande qui les avaient volées. J'ai compris qu'on pouvait être délinquant à 12 ans. » Ils la laisseront tranquillement partir, les 20 DA chaudement enfouis dans leur poche pour leur rappeler qu'ils pourraient se faire une cliente régulière. Elle n'y remettra plus jamais les pieds. Quelques mois plus tard, elle le retrouve, seul, chez le buraliste du coin. Il achète des bonbons.
Chacun sa route, chacun son trottoir
« J'ai interrogé le buraliste qui m'apprendra qu'il n'est pas du quartier. » L'événement, somme toute commun à de nombreuses personnes, est cependant significatif. Les menus larcins font la part des menus garçons. Jusqu'à les retrouver, une fois adultes, engloutis dans les méandres de la machine judiciaire pour avoir grimpé les échelons dans l'art de la délinquance. Du vol insignifiant de portables qu'on pratique davantage pour se roder et montrer de la poigne à la bande, on s'expatrie dans le monde du vol avec violence et maniement expert de l'arme blanche, voire de l'arme à feu. Autre problème soulevé par les parkings informels : payer la bonne personne. « J'ai garé ma voiture du côté droit de la route. Tous les soirs lorsque je la récupère, je verse 20 DA au jeune qui prétend l'avoir surveillée », explique un cadre qui travaille à la caisse de sécurité sociale à Belcourt. « Un soir, même topo, le jeune vient vers moi et je m'apprête à lui donner ses 20 DA lorsqu'un autre jeune intervient et prétexte que c'est à lui que je dois de l'argent. Car à partir de maintenant, le trottoir de ce côté de la chaussée est à lui et non à l'autre. Ne sachant que faire, je donne les 20 DA à l'un d'eux sans faire plus attention. Je ne désirais qu'une seule chose : partir. » Erreur fatale. Le lendemain, il revient se garer du même côté de la chaussée. Le soir, le cadre trouvera son pneu crevé. « On m'a informé qu'il fallait faire attention avec cette lutte de trottoirs. Celui qui était intervenu la veille sortait en fait de prison et réintégrait ses quartiers. Il entendait juste faire comprendre qui était le chef maintenant. » Des luttes intestines au sein d'un pâté de maisons pour imposer un mot d'ordre : la violence. Une amie du cadre de la sécurité sociale, qui travaille au CPA de Belcourt, appuie : « Ils m'ont carrément reproché d'avoir une voiture et de travailler alors qu'eux étaient oisifs. Ils trouvaient que l'attitude des femmes était ostentatoire avec leurs bijoux et la télécommande de l'alarme de leur voiture dans la main », précise-t-elle. Ces jeunes font pourtant difficilement « pitié ». Blouson cuir, baskets dernière tendance, et de marque s'il vous plaît. Quelques bracelets de cuir autour du poignet quand ce n'est pas une gourmette en or. « Ce qui fait tache avec l'état de leur dentition. Certains n'ont déjà plus de dents devant ou complètement abîmées. On sait que le dentiste coûte cher », commente le cadre. Le regard flou, l'esprit parfois ailleurs, ce ne sont pas toujours de mauvais bougres. « Moi je prends des cachets et j'ai besoin de ma dose », reconnaît un jeune du 1er Mai. « Je me dis que je n'ai plus rien à perdre, j'ai déjà fait de la prison, mes parents vivent au Sud... »
La politique de l'autruche
« Je volais pour avoir de l'argent », avoue Hassen. C'est aussi simple que ça. Aujourd'hui, il vit de petits boulots, mais qui semblent lui convenir. Il répare un truc chez untel, s'occupe de la maintenance dans telle entreprise, histoire de s'occuper et de remplir ses poches. Car le dilemme reste à peu près le même : sans argent, il retomberait « dans le réseau », dit-il. « Si j'ai une petite amie, il me fallait de l'argent pour que rien ne lui manque. » Galant. « Et j'avais besoin de ma dose de chicon environ tous les deux jours. » Rêveur. « Et je volais pour pouvoir m'habiller convenablement. » Un tantinet narcissique. Il reconnaît que ses besoins n'étaient pas si impérieux que ça puisque, aujourd'hui, il se contente plus facilement de ce qu'il a. Même s'il ne conçoit toujours pas d'aller à un rendez-vous sans argent. « Je ne fume plus ou presque. J'ai lâché petit à petit ceux-là mêmes qui m'avaient entraîné dans le gouffre. Et je m'occupe », déclare Hassen. Son plus gros coup : voler une voiture tandis que son propriétaire remplissait l'essence. « J'ai fini par l'abandonner à Aïn Bénian », raconte-t-il. « J'ai toujours eu de la chance puisque je ne me suis jamais fait prendre par les flics », poursuit-il. « La prison ? J'ai eu de la chance, mais j'en connais d'autres... » Selon Hassen, elle n'a rien de réparateur ou de réformateur. La prison, c'est juste un lieu d'escalade dans la délinquance. « Les jeunes sont condamnés pour une année ou deux et se retrouvent avec des têtes brûlées qui ont fait de gros coups. En fait, ils apprennent des choses qu'ils ne soupçonnaient même pas. Parfois, ils gardent même contact entre eux une fois sortis », explique-t-il. Certains ressortent de prison aguerris en jurant tous les cieux que plus jamais ils ne recommenceront. Mais leur bonne intention ne dure pas. Ils ont besoin de leur dose et ils n'ont pas d'argent. « Mes parents ? Ils savaient parfaitement ce que je faisais. Ma mère étouffait l'affaire en fait. Elle savait que je prenais des cachets, que je fumais. Mais elle fermait les yeux », continue-t-il. « Les affaires qui passaient le seuil de la maison et que j'avais volées comme les portables, elle faisait comme si elle n'avait rien vu. » Cela a duré quatre ans puis Hassen s'est rangé. Il attribue cela au fait qu'après l'armée, il a trouvé du boulot. Peut-être que la coupure avec son quartier et sa bande, le temps du service miliaire, y est aussi pour quelque chose...


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