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Bowling for «Columbo»
Hommage à Peter Falk (2e partie et fin)
Publié dans El Watan le 12 - 07 - 2011

Pour le commun des mortels, il s'appelle Columbo. Il porte une gabardine élimée, il roule dans une 403 cabossée. Il est marié, père d'une fillette et passe le plus clair de son temps à évoquer sa femme que nul n'a croisée.
Au personnage central, il faut rappeler celui du «méchant» ou de la «méchante» inspirés du modèle des scenarii de la production de Sir Alfred Hitchcock. Ce dernier a prouvé que la crédibilité du rôle du méchant renforce celle du scénario. C'est dire l'origine des sources de la création de personnages de fiction cinématographique, car considérer Columbo comme un héros télévisuel, c'est nier son émanation d'origine hollywoodienne. Les exemples foisonnent : le géant opposé au modeste Charlot, les gangsters des films noirs, le détrousseur dans les westerns, le serial killer, les adversaires de Mac Neal (Piège de cristal, 50 minutes pour vivre, Die Hard, etc. ) ou ceux de Spiderman, tous incarnés par de solides comédiens.
Il est donc naturel que Columbo affronte des personnages retors, intelligents. Employés souvent comme guest stars, ils ont pour nom : Robert Culp, Patrick MacGoohan, Ray Milland, Donald Pleasance, Don Amech, Robert Vaughan, John Cassavates, Ben Gazzara, Léonard Nimoy, Patrick Bauchau, Robert Conrad, sans oublier les sublimissimes Anne Baxter, Sarah Miles, Mel Ferrer, Martin Landau et Faye Dunaway, par ailleurs vedettes du grand écran, etc. Des seconds rôles, certes, mais des rôles en or.
A quel monde appartiennent-ils ? Incontestablement à la bourgeoisie de Los Angeles, espace géographique de la majorité des enquêtes de l'homme à la gabardine, à l'exception de trois épisodes qui ont lieu au Mexique, Question d'honneur avec Don Ameche ; Columbo est y invité à passer un week-end, il finit par résoudre une enquête à lasuite de l'assassinat d'un toréador, à Londres, où il est accueilli par un superintendant, SOS Scotland Yard, et sur un paquebot, Eaux troubles. Ils sont avocats, officiers supérieurs, stars de cinéma, grands chefs, diplomates, médecins, animateurs de télévision, réalisateurs, chefs d'orchestre.
Ce sont tantôt des hommes, tantôt des femmes. Ces dernières élèvent l'interprétation vers des sommets, à l'instar d'Helen Sheaver dans L'Enterrement de Madame Columbo, où elle incarne le rôle de directrice d'une agence immobilière ; elle est belle, forcément belle et hyperintelligente ; elle est animée par un désir de vengeance, au point qu'elle décide d'empoisonner Madame Columbo, ou bien Fantasme mené tambour battant par une Julia Montgomery, matérialisant la vie intérieure d'une psychologue débordant d'imagination ; elle, qui rêvait de jouer le rôle d'une courtisane, est trahie par son amant. Elle se teint les cheveux, arbore une nouvelle tenue ; elle abandonne le camaïeu marron pour le noir élégant, glisse littéralement dans la peau de Liza, une courtisane et exécute le «traître», son propre amant, en peaufinant un scénario en «béton» au même titre que Janet Leigh dans La femme
oubliée ; elle y interprète une star sur le déclin qui tue son mari producteur, coupable d'être à l'origine de nouvelles carrières et, par conséquent, de nouvelles rivales. Citons encore Requiem pour une star où une actrice exécute sa partenaire. Car toute la série est truffée de références cinématographiques comme Jeu de mots, épisode où les auteurs rendent hommage à Orson Welles. En entendant le mot Rosebud, des chiens réduisent en charpie les ennemis opposés au meurtrier, un expert en communication ; aussi, Columbo mène une enquête à l'intérieur d'une villa, dont les décors et les accessoires sont voués à l'auteur de Citizen Kane, épisode où apparaît, pour la première fois Kim Catral, l'une des vedettes de Sex and the City. Dans Ombres et lumières, Columbo affronte un réalisateur, doué et talentueux, qui n'hésite pas à mettre littéralement en scène le mode opératoire de l'assassinat d'un homme menaçant de révéler un scandale qui de détruire sa carrière.
THRILLERS
Ajoutons d'autres figures. Ce sont des
artistes : Symphonie en noir raconte l'histoire d'un chef d'orchestre qui assassine sa maîtresse qui le somme de choisir entre elle et sa femme. L'homme à la baguette et au smoking n'est autre que John Cassavetes, mari de Gena Rowland et ami personnel de Peter Falk dans la vie, chef de file du cinéma indépendant new-yorkais, auteur de Husbands, Mort d'un bookmaker chinois, etc. Johnny Cash interprète le rôle du méchant dans Le Chant du cygne en tuant sa femme et simulant un accident d'avion. Les écrivains sont aussi de la partie. Universal Télévision leur a consacré plusieurs épisodes : le roi du thriller, condensé de la jalousie et du vol chez les auteurs de livres policiers. Cet épisode, réalisé par Steven Spielberg à la fin des années soixante-dix, évoque le meurtre d'un écrivain désireux de s'affranchir de la fidélité de son compère. Edition tragique est une véritable anthologie de la littérature. On y cite Norman Mailer, Mickey Spilmane, Chandler. Interprété par Jack Cassidy, Greenleaf (feuille verte) est un éditeur qui ordonne la mort d'un écrivain qui refuse de publier sous sa bannière ou plutôt sous sa jaquette. Dans Des sourires et des armes, un écrivain d'origine irlandaise prête main forte à l'IRA, en collectant de l'argent et en tuant un marchand d'armes trop gourmand. Dans Le Mystère de la chambre forte, c'est une écrivaine d'un âge certain qui assassine le fiancé de sa nièce, admirable Ruth Gordon ! A dire vrai, Columbo ne croise pas des membres de la cour des miracles, mais des hommes et des femmes dans leur quotidienneté. Cette remarque est décelable chez d'autres adversaires du
lieutenant : des personnages au caractère
trempé ; ce sont des médecins et des officiers, des sportifs et des hommes d'affaires. Finalement, sous des airs de comédie policière, Columbo cache une dénonciation du «way of life» typiquement américain. C'est un pays où les criminels courent les rues, où règne la cupidité, la soif du mal et de l'argent, mais où il y a une justice. Ceux qui essaient d'y échapper sont emprisonnés ou exclus ; c'est le cas de ce diplomate saoudien qui nourrit le rêve secret de renverser un monarque dans Immunité diplomatique.
FRANKY GOES TO HOLLYWOOD
Sa réussite tient aussi dans sa forme hypercinématographique, car tournée en 35mm, découpée et montée selon un code classique : 60% de décors extérieurs , 40% de décors intérieurs, forme qui rappelle celle des nouvelles séries comme Dirty sexy money ou Six feet under dont les auteurs sont à la fois les scénaristes et les producteurs qui ont compris que pour fidéliser les foules, il faut adopter une écriture qui a démontré son efficacité, car n'oublions pas qu'après avoir réalisé un épisode, Plan pour un meurtre, où un architecte ambitieux et malicieux tente d'humilier le lieutenant en lui obstruant toutes les pistes, Peter Falk est devenu le producteur exécutif de la série. Il a écrit - précision utile - le 59e épisode intitulé Le Meurtre aux deux visages, où il donne la réplique à la très «vénéneuse» Faye Dunaway au charme magnétisant. Toutes ces raisons expliquent sa longévité et l'attrait qui poussent de grands réalisateurs à y apposer leurs griffes, John Irving, S. Spielberg, Jonathan Demme, auteur d'un épisode succulent : Meurtre à la carte où l'assassinat très raffiné avec un mets rare, un poisson japonais à la chair appétissante, mais néanmoins empoisonnée ; épisode où apparaît la très très jeune Jamie Lee Curtis. Et dire que Peter Falk, né en 1927 d'une mère hongroise et d'un père italien, avec un œil de verre depuis sa troisième année - à la suite d'un cancer -, et qui avait au début refusé de jouer le rôle d'un héros télévisuel, porte, aujourd'hui encore sur ses épaules, cette légende : Columbo.
Mais à propos, comment se prénomme-t-il ?
Voyons, il se prénomme Frank. Frank Columbo. Il est mentionné sur sa carte d'officier de police. Pour le savoir, il vous suffit de regarder ses 69 épisodes. Il s'y trouve, dans l'un d'eux. Si vous êtes accro, comme disent les jeunes d'aujourd'hui, vous y découvrirez le numéro d'immatriculation de son cabriolet qui a été changé deux fois, vous saurez qu'il parle italien, qu'il fredonne son air favori, décliné parfois comme un jingle et, conséquence indirecte, vous saurez l'histoire du développement de la zone géographique de
Los Angeles, ainsi que l'évolution
technologique : de l'interphone au cellulaire, en passant par le fax. Mais ceci est une autre histoire.

Abderrezak Hellal. Cinéaste et écrivain


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