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La grande mosquée d'Alger : Il serait sage de geler le projet
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Publié dans El Watan le 25 - 08 - 2011

Nous commençons notre présent article par une question (les universitaires utilisent souvent le «nous» à la place de «je») : pourquoi parler de la Mosquée d'Alger aujourd'hui et pas avant ?
La réponse est simple : les décideurs nous ont habitués à ne jamais tenir compte des avis contraires aux leurs, même lorsqu'il s'agit de ce que l'on appelle de «la critique constructive». En termes plus clairs, cela n'aurait rien changé au projet si nous avions émis nos réserves bien avant. Ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est la crise économique mondiale qui s'annonce et qui exige que l'on s'en protège autant que possible pour atténuer les effets graves qu'elle aura sans aucun doute sur la population algérienne. Nous rassurons tout de suite les lecteurs, en précisant que nous ne sommes pas du tout contre l'idée même de construire une grande mosquée à Alger, mais contre son mode de financement, et nous ferons une remarque sur le côté technique du projet tel que présenté par la presse.
En ce qui concerne le mode de financement qui, rappelons-le, est l'argent de l'Etat, donc argent du Trésor, donc argent public, il nous apparaît choquant qu'un pays sous-développé comme l'Algérie consacre des sommes colossales à des dépenses de prestige, que nous n'hésiterons pas à appeler «dépenses de luxe», lorsque l'on tient compte du fait qu'une partie non négligeable de la population algérienne ne dispose pas encore - cinquante ans environ après l'indépendance - des conditions sanitaires minimales de vie et de logement (pas d'eau courante, pas de réseaux d'électricité ni de gaz ni d'évacuation des eaux usées), que les hôpitaux publics ne répondent pas toujours aux normes minimales en ce qui concerne leurs infrastructures et leurs moyens matériels…
Au cours de nos trente-six années d'enseignement à l'université, nous avons essayé d'apprendre à nos étudiants de ne jamais utiliser l'expression «pays en voie de développement» en parlant de l'Algérie, car la triste vérité est que nous sommes un pays sous-développé selon les normes scientifiques de classification internationale. L'appellation «pays en voie de développement» nous a été suggérée par les Occidentaux comme pour nous endormir, en nous laissant croire qu'il suffit de nous allonger sur l'eau de mer et les petites vagues se chargeraient elles-mêmes de nous pousser vers le rivage du développement. Les pays riches et industrialisés sont eux-mêmes «en voie de développement», car ils n'ont jamais décidé de faire une pause pour attendre qu'on les rejoigne.
En réalité, le développement économique est très loin d'être une mince affaire, c'est au contraire ce qu'il y a de plus important dans la vie du citoyen et du peuple en général, car tous les aspects de notre vie y sont liés : santé, instruction, logement, nourriture, vêtements, ce que l'on «appelle» «le niveau de vie». Il n'est pas donné à n'importe quel dirigeant politique d'être capable d'assurer le développement pour leur peuple. Nous avons parlé plus haut de «dépenses de prestige et de luxe» et nous expliquons cela par des données historiques : les plus belles mosquées du monde, tout comme les plus belles églises ont été édifiées par des Etats riches, même si leur richesse reposait sur l'exploitation des masses populaires et ou sur les revenus de leurs colonies et autres territoires occupés.
A titre d'exemple, les très belles mosquées que nous avons eu le plaisir de visiter en Turquie ont été construites, pour la plupart d'entre elles, durant la période de l'Empire ottoman qui dominait l'ensemble du bassin méditerranéen et une bonne partie du Moyen-Orient. Les provinces occupées, ajoutées aux razzias pratiquées sur les côtes du sud de l'Europe et à la guerre de course (piraterie maritime) participaient à la richesse de la Sublime Porte (nom donné à la capitale de l'empire). Les deys installés à Alger se devaient régulièrement, pour rester au pouvoir, de faire des dons considérables à leur protecteur turc.
Le moment de faire des économies
Au moment où les pays actuellement les plus riches, les plus industrialisés, les plus développés adoptent des mesures drastiques pour diminuer de beaucoup leurs dépenses publiques, l'Etat algérien a davantage de raisons d'apprendre à bien compter ses sous et faire des économies. Nous n'avons pas su garder les sages et bonnes traditions de nos ancêtres qui consistaient dans le stockage des produits alimentaires -des céréales surtout - en prévision des moments difficiles (sécheresse, famine…), nous ne savons pas garder nos richesses (moyens financiers) pour les lendemains difficiles. Au contraire, nous gaspillons et nous n'avons même pas l'intelligence (comme le disait un ministre à propos de l'affaire Khalifa) de prendre des dispositions préventives nécessaires pour que l'argent public, lorsqu'il est dépensé dans des projets de toutes sortes, n'entraîne pas, comme c'est souvent le cas, des occasions d'enrichissement illicite de personnes sans foi ni loi ; nous voulons parler des corrupteurs et des corrompus.
Nous nous posons la question suivante : comment penser à des dépenses de prestige, au moment où l'Algérie a grandement souffert de la perte de sommes colossales d'argent public détourné : affaire BNA, affaire Khalifa, affaires Sonatrach... La liste est trop longue, et il n'est pas exclu que d'autres scandales ont existé et que nous n'en avons jamais eu des informations, même superficielles, le silence étant volontairement maintenu. Nous y ajouterons seulement le scandale de l'argent de l'autoroute Est-Ouest pour en conclure que la corruption continue et semble avoir encore de beaux jours devant elle. Les dépenses de prestige, c'est aussi l'organisation, en Algérie, du 2e Festival panafricain.
La totalité des pays africains ont eu la sagesse de s'abstenir d'organiser cette manifestation budgétivore, mais les décideurs algériens, se prenant pour les plus intelligents du continent, n'ont pas hésité à engager de fortes dépenses qui, dès le départ, revêtaient le caractère d'impossibilité à rentabiliser. Pour ceux qui défendent l'idée de ne pas parler de rentabilité dans le secteur de la culture, nous dirons : «Voyez ce qui se fait ailleurs, dans les pays bien organisés !» Nous ne pensons pas seulement à l'Occident. Il existe une multitude d'associations qui organisent, sans l'aide de leur Etat, des manifestations culturelles réussies (théâtre, musique…) avec le souci de leur rentabilité financière, d'une part, et d'autre part, l'Algérie ayant déjà organisé, sur son sol, le 1er Festival panafricain, absolument rien ne l'obligeait à faire un second et même si l'Afrique avait voulu s'arrêter définitivement à un seul festival de ce genre, la faute - si faute il y a - ne serait jamais revenue à Algérie.
Quelles sont les raisons qui poussent les responsables algériens aux dépenses de prestige ? En plus du désir psychologique de «paraître», la réponse est simple : l'absence d'une structure chargée de contrôler - a priori - les dépenses de l'Etat, c'est-à-dire avant même que les projets ne soient entamés dans leur réalisation.
Et si on se demande pourquoi cette structure n'existe pas, la réponse est également simple : c'est parce que la démocratie n'existe pas encore en Algérie, bien qu'elle figure, depuis l'indépendance, dans l'appellation officielle de la République algérienne. Puisqu'il est à l'ordre du jour d'engager des réformes dans le pays, il faudrait absolument que ce volet soit pris en charge pour éviter, à l'avenir, la répétition des mêmes erreurs. Nous appelons à une réaction de sagesse de la part des responsables, une réaction qui serait courageuse et qui honorerait et grandirait ceux qui prendraient la décision de geler le projet de la Grande Mosquée d'Alger tel que prévu dans son aspect financement.
Au moment où l'économie mondiale est menacée de récession, une récession qui va probablement s'étaler dans le temps, c'est-à-dire plusieurs années, selon l'avis partagé de nombreux experts internationaux, les déclarations de nos ministres des Finances, actuel et précédents, et celle du Premier ministre, selon lesquelles l'Algérie est à l'abri de perturbations financières, sont tout à fait ridicules, car le minimum de bon sens, de raison et d'intelligence permettrait au citoyen ordinaire, n'ayant aucune notion en économie, de comprendre que l'Algérie étant dépendante presque exclusivement de ses exportations d'hydrocarbures, par quel miracle ne serait-elle pas affectée si l'économie mondiale est perturbée au point où beaucoup d'entreprises industrielles arrêteraient complètement leurs activités au moment où d'autres les ralentiraient grandement ? Si l'Occident est moins demandeur d'énergie, donc l'hydrocarbure, il est tout à fait logique et évident que nous en vendrons moins : les rentrées de devises chuteraient, entraînant automatiquement la baisse des importations.
Nous pensons surtout à l'éventualité d'une incapacité financière de l'Algérie de pourvoir au marché intérieur en produits alimentaires de base, actuellement importés. Cela n'est point du pessimisme, mais un scénario tout à fait plausible, qui plus est pouvant devenir une réalité dans un avenir assez proche. Même les animaux savent prendre leurs dispositions pour faire face aux mauvais jours (fable de la cigale et la fourmi).Alors messieurs les décideurs, oserions-nous nous montrer moins efficaces que des insectes ? Il est inadmissible et révoltant de ne pas dire la vérité au peuple, c'est un comportement de mépris à son égard, de la véritable «hogra» en bonne et due forme. Il est trop facile de trouver le prétexte de ne pas affoler le peuple.
Il serait plus intelligent, à notre avis, de savoir l'informer sans qu'il puisse s'affoler, mais pour qu'il soit psychologiquement préparé pour l'avenir à affronter des jours difficiles. Etant enseignant en sociologie des organisations et du travail, nous avons l'habitude, en tant qu' universitaire chercheur, de commencer par le diagnostic d'une situation de dysfonctionnement pour, ensuite, proposer une ou plusieurs solutions.
Quelle sera donc la suggestion pour réaliser la Grande Mosquée d'Alger sans que cela ne coûte un centime à l'Etat qui doit, par contre, consacrer l'argent public aux projets, nationaux ou locaux, qui doivent revêtir plusieurs caractères : importance prioritaire pour les populations, urgence objective du projet et coût raisonnable, d'autres critères sérieux pouvant y être ajoutés.
La solution c'est la souscription nationale
Nous expliquons comment nous voyons les choses. Donner, durant une année entière, l'occasion à tout citoyen algérien, qu'il réside dans le pays ou à l'étranger, de participer financièrement au projet. En plus de la participation des citoyens, les organisateurs de spectacles et de festivals (théâtre, musique…) ainsi que de rencontres sportives verseraient une partie de leurs revenus pour la bonne cause. La télévision pourrait organiser un ou plusieurs téléthons. Chaque citoyen participerait selon ses possibilités. Le consommateur de tabac se priverait de tabac une seule journée - ce qui serait bien pour sa santé, surtout si ce serait le signe déclencheur d'un arrêt définitif de consommation - pour verser le prix de sa «chema» ou de son paquet de cigarettes.
Les enfants et les adolescents se priveraient de leurs bonbons et chocolats pour donner ce qu'ils auraient économisé durant la journée de privation. Cela irait, bien sûr, jusqu'au niveau des citoyens aisés (industriels, commerçants, entrepreneurs…) qui participeraient selon le niveau de santé financière de leur entreprise. De la petite somme versée à la plus élevée, il serait remis au donateur un reçu bien officiel portant son nom ; ce qui constituerait un souvenir de sa participation effective, et même si elle est modeste, à la construction de la Grande Mosquée d'Alger qui serait, en partie son propre bien. Le nom qui serait donné à l'édifice, lors de son inauguration, est tout indiqué : «Grande Mosquée du peuple». Il n'existe rien de construit après l'indépendance qui porte le nom du peuple, le Palais du peuple étant une très ancienne construction.
Une fois l'année de la souscription clôturée, le projet de la Grande Mosquée d'Alger serait revu en fonction de la somme d'argent réunie. Ladite somme pourrait entraîner la réalisation d'une construction plus modeste que celle initialement prévue. Par contre, si cette somme est conséquente, elle pourrait permettre de construire encore plus beau, encore plus grand. Nous souhaitons, à propos de la grandeur de l'édifice, donner un point de vue technique. Pourquoi vouloir, à tout prix, que le minaret de la mosquée soit le 2e plus haut du monde ? Est-ce dans l'esprit d'un jeu infantile à vouloir faire mieux que nos voisins marocains avec leur mosquée de Casablanca ? Dans l'affirmative, nous tomberions dans le phénomène qui a été appelé en France «querelle de clochers» et que nous serions obligés d'adapter à notre culture en inventant l'expression «querelle de minarets».
La merveilleuse mosquée d'El Qods, en Palestine, n' a pas de minaret, ce qui ne diminue en rien de sa magnificence. La conception du minaret dans les mosquées est historiquement liée à l'appel à la prière, cinq fois par jour, par le muezzin, à voix humaine naturelle, qui tourne en hauteur, autour du minaret dans le but d'être entendu par les fidèles, se trouvant dans toutes les directions géographiques par rapport au lieu d'implantation de la mosquée. L'invention du haut-parleur permet une meilleure efficacité technique, sans aucune fatigue du muezzin - nous n'avons jamais entendu parler d'un ascenseur dans un minaret - par rapport à la fonctionnalité première du minaret.
Sachant que le minaret, en lui-même, ne revêt aucun aspect sacré et sachant que l'Islam, religion tolérante et souple, a toujours permis de dépasser les traditions qui ne se justifient plus, nous suggérons de réfléchir au côté technique de suppression pure et simple du (ou des) minaret(s). N'importe quel architecte vous dira que la construction des minarets à eux seuls nécessitent un assez fort pourcentage du coût global de la construction d'une mosquée et leur suppression permettrait de réorienter l'argent économisé vers un agrandissement des salles de prière et vers une esthétique plus recherchée, plus raffinée de l'édifice. On éviterait, par la même occasion, de vouloir se comparer aux Marocains ou à d'autres. Il n'est pas exclu que les Marocains en reçoivent plein le visage dans le cas où la Grande Mosquée d'Alger soit construite sans aucun minaret.
Ce sont eux qui voudront comparer la leur avec la nôtre en s'apercevant, in fine, que nous aurons construit plus intelligent. La souscription nationale est un moyen pour le peuple d'exprimer sa souveraineté en toute démocratie, la participation à l'effort collectif étant tout à fait libre mais demeure un acte de foi au sens plein du terme. Si le ministère des Affaires religieuses opte pour le gel de la construction de la Grande Mosquée d'Alger et adopte la solution de la souscription nationale, nous sommes prêts à l'aider en expliquant comment nous voyons, dans les moindres détails, l'organisation de cette souscription, que ce soit en Algérie même ou dans les pays étrangers où vit une communauté algérienne.


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