Du poisson accessible à toutes les bourses ? Si un temps les responsables du département de la Pêche et des Ressources halieutiques faisaient miroiter d'immenses possibilités, le discours empreint d'un trop-plein d'optimisme est désormais révolu. Même si la consommation annuelle moyenne de poisson s'établit actuellement à 5,8 kg per capita, très en deçà des normes de la FAO en la matière, la production ne répond plus aux besoins de la consommation interne. Et pour cause, la production halieutique a connu une régression marquée au cours de ces dernières années. Plus précisément, une baisse de 20% en une année, selon les chiffres avancés hier par le ministre du secteur, Abdallah Khanafou. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce recul à l'image de l'effet du changement climatique ou encore la pêche illégale (pêche à la dynamite, non-respect des périodes de repos biologique…). Toutefois, nul ne peut s'avancer tant que l'évaluation de l'étendue de nos ressources halieutiques n'aura pas été effectuée, d'autant que la dernière campagne date de 2004. L'évaluation de la ressource réalisée à l'époque a fait ressortir un stock de 220 000 tonnes de poisson à pêcher. Aussi le département de Khanafou a mis en place un programme s'étalant sur 5 années, prévoyant une évaluation bisannuelle de la ressource halieutique en mettant à contribution le bateau de recherche Grine Belkacem. La première opération du genre a d'ailleurs été lancée hier et devrait durer 30 jours. Conduite par 11 chercheurs algériens, assistés de deux de leurs homologues sud-coréens, celle-ci va effectuer une évaluation des ressources en poisson bleu. Selon les propos du ministre, cette campagne ainsi que celles qui suivront permettront au secteur d'élaborer des plans de gestion de la ressource et définiront s'il y a lieu de maintenir les moyens d'exploitation actuels. Cela permettra aussi de se pencher sur les raisons de la baisse de la production halieutique qui peine à couvrir les besoins de la consommation directe ainsi que ceux de l'industrie de transformation en matière première. Le ministre a ainsi révélé que son département a déjà essayé d'introduire une exonération des droits de douane et un taux réduit de la TVA pour l'importation des matières premières dans le cadre de la loi de finances 2012.