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«Les révolutions arabes ont joué un rôle important»
Philippe Corcuff. Sociologue, maître de conférences à l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon
Publié dans El Watan le 24 - 10 - 2011

-Quels enseignements tirez-vous, en tant que sociologue, en observant le mouvement des indignés ?
On est dans une situation où nous avons à la fois des éléments conjoncturels et structurels. Sur le plan structurel, il y a eu un mouvement d'effacement des formes traditionnelles qui portaient la contestation et structuraient les mouvements sociaux, c'est-à-dire la gauche classique, à la fois sociale démocrate et communiste. Depuis un certain nombre d'années, on est dans une phase de recomposition où ces forces ne constituent plus le cœur de la mobilisation sociale en Occident sans qu'il n'y ait quelque chose qui ait vraiment émergé. Il s'agit donc de savoir comment va se composer l'espace des mouvements sociaux aujourd'hui.
Cela dure depuis quelques dizaines d'années. Il y a eu le mouvement des alter-mondialistes comme possibilité, le mouvement pour la justice climatique après le Sommet de Copenhague et là, on a le mouvement des indignés qui redonne une perspective comme occupant un espace émergent. Après, il y a des éléments conjoncturels comme les processus révolutionnaires arabes qui ont redonné un sens à l'idée que des événements qui n'étaient pas prévus à l'avance pouvaient bousculer l'ordre des choses. On est dans une conjoncture où ces révolutions ont joué un rôle important pour débloquer une série d'imaginaires. Il y a aussi comme condition favorable la globalisation, pas seulement capitaliste, mais également culturelle à travers Internet, où il y a des échanges qui se font, ainsi que la crise économique et sociale.
Suite à la crise de 2008, on avait annoncé à la population que c'était fini, qu'on avait réglé le problème avec les banques, etc. mais il y a un décalage entre ce qui a été annoncé et les formes de purges qu'il y a pour la Grèce, l'Espagne et qui arrivent dans d'autres pays aussi. Il y a donc des éléments structurels qui concernent la période à moyen terme et conjoncturels qui jouent aussi dans ces mouvements.
-Vous êtes membre du nouveau parti anticapitaliste. Pensez-vous que le capitalisme survivra à cette crise ?
Le capitalisme qui est en crise renforcée depuis 2008 a montré son extrême fragilité. La crise des subprimes, a montré que quelque chose de très périphérique par rapport au capitalisme comme l'achat de maison par des gens à bas revenus aux Etats-Unis pouvait, par l'effet systémique, avoir des conséquences de mise du capitalisme au bord du précipice. Le problème, ce sont les forces anticapitalistes qui sont elles-mêmes fragiles et faibles. Elles n'ont pas de modèle, ni de mode d'emploi, ni de repères stratégiques très clairs sur comment on y arrive pour sortir du capitalisme. Cela reste flou. Les forces anticapitalistes renaissent, mais sont à la fois fragiles.
-Vous voulez dire qu'il n'y a pas d'alternatives fortes au capitalisme ?
Ce n'est pas qu'une question d'alternative. Le mouvement alter-mondialiste a commencé depuis la fin des années 1990, posant les bases d'une alternative possible au capitalisme. Mais ses repères sont assez flous et il y a encore beaucoup de fatalisme. Les forces anticapitalistes sont encore fortement attachées aux anciens modèles. Il y a des nostalgiques du communisme, de la sociale démocratie. Elles sont également divisées : est-ce qu'il faut créer quelque chose de complètement nouveau ou bien se mettre en alliance avec les forces classiques ? Il y a donc beaucoup d'hésitations, de flottement et de flou. Le modèle pourrait être celui qu'on construit en avançant, en faisant des expériences locales, régionales, nationales.
On n'a pas besoin de savoir à l'avance quelles sont les caractéristiques d'une société alternative à construire. Il faut peut-être avoir une vision plus pragmatique. Pour l'instant, il n'y a pas de stabilité. Il y a beaucoup de mouvements sociaux qui émergent un peu partout, mais parfois ils sont très ponctuels. Il n'y a pas forcément une mémoire des expériences telles qu'elles ont été faites. Le capitalisme lui-même, mais aussi les forces anticapitalistes sont dans une logique d'immédiateté. Or, pour construire une alternative au capitalisme il faut retrouver le lien entre l'action présente, le passé et l'avenir
-Dans ce contexte de flou, quelle suite peut-on imaginer pour le mouvement des indignés?
Il y a au moins trois évolutions possibles. La première serait que le mouvement crée des formes plus stabilisées, plus durables qui se construisent une mémoire, qui ne soient pas une action ponctuelle. Un mouvement organisé à l'échelle internationale. La deuxième est que cela ne soit qu'une action ponctuelle et que cela reflue. D'autant plus que ces mouvements portent à la fois la question démocratique, sociale, écologique et une forte présence de l'individualité dans la forme d'action collective. Cela peut donc refluer et laisser place à des forces plus régressives comme l'extrême droite en Europe ou islamistes dans le monde arabo-musulman. Il y a aussi la possibilité que cela serve simplement aux forces politiques installées, à l'establishment. On voit que c'est en cours dans les processus révolutionnaires dans le monde arabe.
Il faut savoir qu'il y a une nouvelle couche de salariés précaires diplômés qui jouent un rôle important. Ils se sont par exemple alliés pour donner la force en Tunisie à des secteurs populaires plus traditionnels ou syndicaux. Ces secteurs peuvent être happés par les régimes représentatifs existants, comme dans les processus électoraux en Egypte et en Tunisie. Cela servirait donc simplement de rénovation dans une logique de récupération par les forces politiques classiques. Les régimes représentatifs professionnalisés peuvent se servir de cela pour se donner un nouveau look grâce à ces mouvements. Pour l'instant, cela reste assez incertain.


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