Tit. Une verdoyante et séduisante localité située à une quarantaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya de Tamanrasset. Un lieu de prédilection incontournable convoité par les gens en quête de paix et de détente, particulièrement en cette période de vacances et pendant les week-ends. La localité mérite à bien des égards l'épitaphe d'éden. Etendue sur une superficie imposante par son cortège végétal constitué de plantes aux vertus médicinales en particulier, elle contraste profondément avec l'infinité du désert et offre une couleur particulière au décor pierreux de l'Ahaggar. Ces mêmes plantes servent de pâturage au mouton local et confèrent à sa chair une saveur très appréciée au barbecue. La cuisson à la braise, localement appelée la «maynama», y est devenue un plat alléchant qui occupe une place de choix au menu de la gastronomie locale sans pour autant faire usage de gros moyens. Les brochettes, raffinées et garnies, sont cuites avec un assaisonnement de bonne sélection qui constitue le critère de supputation des gourmets qui tiennent à ce que ce plat culinaire soit un repère touristique inéluctable. A Tit, le poumon de la wilaya comme la nomment certains agriculteurs, l'agriculture est de mise et réduit un tant soit peu le chômage qui frappe la région de plein fouet. Dotée d'une importante nappe phréatique, l'eau y est distribuée à travers (la foggara) un peigne calibrant soigneusement le débit pour une irrigation rationnelle et judicieuse des cultures. Ce système permet de cultiver différents arbres fruitiers et l'olivier, l'amandier, le pommier, le grenadier et le figuier côtoient de près l'omniprésent palmier de Tit. Lequel semble être un joyau serti dans un écrin de verdure avec une multitude de taudis qui comptent résister aux aléas du temps et à la négligence de l'homme. Dans ces bouges ancestraux, le décor se décline sous diverses formes d'ornementation et de motifs touareg. «C'est une autre géographie et une autre architecture. Jamais je n'ai imaginé des localités sahariennes d'une beauté pittoresque comme telle. L'Algérie est un pays continent», nous disait la représentante de la direction de la culture d'Annaba, Djamila Aït Ikhlef, en visite à Tamanrasset dans le cadre du festival local des arts culturels et populaires. «En visitant Tamanrasset, j'ai eu beaucoup d'inspiration. J'ai pris plus de 5000 photos que je compte produire sous forme de contes pour les enfants du nord afin de découvrir la richesse et la diversité du patrimoine culturel matériel et immatériel de notre pays», s'écrie l'écrivain annabi, Boussaha Ahcène. Et d'ajouter : «Mon expérience dans l'éducation m'a permis de déduire qu'il n'existe malheureusement pas de communication entre le sud et le nord. C'est une autre Afrique. On ne peut pas aimer ce qu'on ignore. Pour aimer l'Algérie, on doit la connaître. C'est un très beau pays qui mérite notre sacrifice et notre abnégation». Pour connaître notre patrimoine national, il faut investir dans l'écriture et l'édiction de recueils sur les monuments et sites historiques que renferme l'Algérie, d'aucuns le pensent, mais qui fera le pas ? A Tit, des promenades et randonnées pédestres sont souvent organisées pour le simple plaisir de marcher et réfléchir. La localité est en outre une destination privilégiée pour les sorties pédagogiques effectuées notamment par les établissements scolaires et les écoles spécialisées pour enfants handicapés de la wilaya. «Ces sorties permettent aux potaches de découvrir de nouveaux espaces et un repos psychologique sans égal qui les feront sortir de l'abstrait des couleurs à celles imposées concrètement par dame nature. Ces hyperactifs et infatigables infirmes se permettent ainsi de se distraire et de se délasser à longueur de journée», estime un employé à l'école des sourds-muets de Tamanrasset flanqué d'une vingtaine de marmots assagis. Pour le premier responsable de cet établissement, l'idée de visiter Tit «vise principalement à initier l'enfant à la préservation de l'environnement en déterminant réellement l'importance de la nature et la particularité des espaces verts dans une région saharienne». A Tit, faut-il le signaler, certains adeptes de la nature ont installé des campements dignes des Mille et Une Nuits offrant une véritable vie de prince aux amateurs. L'hospitalité légendaire de la population et la chaleur humaine de certains Touareg saisis par l'allégresse de se prendre pour de véritables guides touristiques sont très appréciées par les visiteurs qui sont à leur tour reçus comme des hôtes de marque. «Leur présence nous permet de sauvegarder un mode de vie très proche de nos us et coutumes», dira en substance un habitant rencontré sur les lieux. Accroupi près d'un feu de camp autour des colonnes rocheuses surgies du sable ambré, il semble interroger du regard les braises rougeoyantes sur lesquelles il cuit le foie d'un mouton. 19h, le soleil amorce son déclin et la beauté crépusculaire nous saisit fortement. Nous quittons Tit avec des images envoûtantes et des rêves indescriptibles que nous avons vite abandonnés une fois arrivés au chef-lieu de la wilaya à la saleté accablante eu égard aux immondices qui s'amoncellent un peu partout dans la ville.