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Tébessa malade de la contrebande
Emeutes et affrontements récurrents
Publié dans El Watan le 22 - 01 - 2012

Le calme est revenu, hier, dans les rues de Tébessa après les violentes émeutes qui ont mis la ville sous le choc durant la journée de vendredi. Le décès de deux jeunes contrebandiers au volant de leur pick-up de marque Ford avait mis le feu aux poudres, provoquant la réaction de leurs proches et de dizaines de jeunes liés aux filières de la contrebande transfrontalière dans cette wilaya.
Tébessa.
De notre envoyé special
L'incident est le premier du genre en cette nouvelle année. Il s'inscrit cependant au pied d'une longue liste d'incidents qui mettent en scène des contrebandiers ciblés par les forces de répression du banditisme et vengés par leurs clans. L'attaque, fin octobre dernier, d'une caserne des Douanes de Tébessa par la famille d'un contrebandier décédé lors d'une course-poursuite est encore fraîche dans les mémoires. Le phénomène illustre la puissance qu'a prise le cartel de la contrebande et ses ramifications face à un Etat de plus en plus fragile. L'enchevêtrement des intérêts où se rencontrent bandits, tribus, représentants de l'Etat ripoux et politiques, a produit une véritable pègre qui a su se construire et faire main basse sur la wilaya durant les deux dernières décennies. La population, quant à elle, est prise en otage et souffre en silence.
Les faits : Bilel Djenina et Hamza Khemaïssia, âgés de 25 ans et qui s'adonnent au trafic à la frontière, transportent, dans la nuit de jeudi à vendredi, du poisson impropre à la consommation en provenance de Tunisie et destiné au marché local. Vers 23h, leur véhicule force le barrage fixe du carrefour, sur la route menant vers El Kouif et le poste-frontière, pour éviter la saisie et l'arrestation. En s'engageant sur la rocade, ils tombent, quelques centaines de mètres plus loin, sur une patrouille de police. Le noir, la vitesse du véhicule, l'état de la chaussée et la réaction des policiers précipitent le pick-up dans le mur d'une station de lavage. Les passagers décèdent sur le coup.
La réaction de leur famille et leurs amis, qui habitent le même quartier, ne se fait pas attendre. Elle est brutale.
L'état négocie avec les barons
Jusqu'à l'hôpital Salah Alia où les corps ont été transportés, des jeunes déchaînés cassent tout sur leur passage et déversent leur colère sur le personnel hospitalier. Les malades vivent une nuit cauchemardesque. «Ils ont saccagé même les chambres des médecins de garde», témoigne le surveillant médical, Kamel Athamnia, ulcéré par ces comportements et le climat d'insécurité totale au sein de cet établissement où des scènes pareilles se répètent souvent. «Le personnel est démoralisé ; nous avons peur même le jour», avoue encore Kamel, qui nous montre le registre des admissions sur lequel les infirmiers de garde, sous le choc, ont oublié d'inscrire les deux jeunes décédés.
La colère se transforme en émeute dès le lendemain matin. A l'aide de blocs de pierre, de pneus enflammés et de poteaux électriques renversés, des centaines de jeunes bloquent la rocade, axe névralgique menant vers les postes-frontière, et affrontent les forces antiémeute dépêchées sur les lieux. D'un côté, on a recours aux pierres et au cocktail Molotov ; de l'autre aux gaz lacrymogènes et aux balles en caoutchouc. Bilan : 33 blessés du côté de la police alors qu'aucun cas de blessure n'a été signalé parmi les émeutiers. Pour ces derniers, qui reprennent la thèse des parents de Bilel et Hamza, la mort n'est pas accidentelle et serait due à des blessures par balle provenant des armes des policiers. Une thèse balayée d'un revers de main par le chef de sûreté de wilaya Daoud Mohand Cherif qui, sans révéler les résultats de la balistique, affirme que ses éléments ont tiré seulement trois coups de sommation en l'air.
La tension a commencé à baisser dans l'après-midi par l'effet de négociations engagées par le chef de sûreté de wilaya avec des contrebandiers. Quels étaient les termes de ces négociations ? Nous n'en saurons rien de la part de cet officier. Ceci dit, nous savons que les contrebandiers, qui vivent en clans dans ce quartier, ont exigé que le barrage de la rocade soit levé et que les services de la brigade de recherches et d'investigation (BRI) et celle de la répression du banditisme (BRB) soient supprimés. Ces brigades dérangent-elles à ce point le trafic ? Oui, répond l'officier Nabil Khazzar, responsable de la cellule de communication de la police. Pour lui, le bilan 2011 en fait foi : 90 000 litres de carburant destinés à la contrebande ont été saisis, auxquels s'ajoutent 150 kg de cannabis en transit, des tonnes de marchandises diverses totalisant des milliards de centimes et des dizaines de véhicules utilisés dans le trafic.
«C'est politique !»
Ce tableau de chasse vaut-il quelque chose face à l'impunité dont jouissent les barons de la contrebande, l'immensité du réservoir où se recrutent les jeunes contrebandiers ? Personne ne veut se voiler la face, y compris dans les rangs de la police. «C'est politique», résume une source du cabinet du chef de la sûreté de wilaya sous le couvert de l'anonymat. L'exode rural induit par les années difficiles du terrorisme et la montée des tribus locales – Nememcha, Ouled Abid, Ouled Yahia et Ouled Derradj – face au recul de l'Etat, ont favorisé le développement exponentiel du gain facile.
En fait, il est impossible de venir à bout de l'hydre du trafic qui saigne l'économie nationale, à défaut d'une stratégie globale pensée en haut lieu et d'où devront être exclus les responsables qui ont échoué localement. «Le wali est faible, le maire est absent, les services de sécurité sont corrompus et les députés de Tébessa agissent pour le compte des trafiquants», affirme Nazim, un jeune architecte converti dans le bâtiment. Il n'y a qu'à voir l'état dans lequel se trouve la ville de Tébessa pour se faire une idée de la qualité de la gouvernance locale. La ville donne l'impression d'avoir subi un bombardement intense et aucun signe de développement n'est perceptible. Un véritable gâchis, œuvre d'une maffia qui a investi dans la misère et l'ignorance. Le pouvoir a-t-il laissé faire ?


Bir El Ater se rebiffe

La capitale du trafic tous azimuts, Bir El Ater (80 km au sud de Tébessa), abrite aussi des hommes valeureux. Des citoyens prévoient en effet de tenir aujourd'hui un rassemblement de protestation au sein même du siège de l'APC. Ces citoyens s'insurgent contre le climat d'insécurité qui règne dans leur ville à cause des trafics en tout genre. Le décès de toute une famille, fauchée par un véhicule de contrebande, le jour de l'Aïd El Adha, a été la goutte qui a fait déborder le vase. Après de nombreuses plaintes adressées aux autorités locales et restées sans écho, les citoyens ont informé le ministre de l'Intérieur de leur initiative et de la situation qui prévaut dans leur localité, relevant «l'indifférence et l'irresponsabilité» des autorités locales. Il n'existe pas de statistiques concernant le nombre de victimes des chauffards contrebandiers mais elles seraient des dizaines, selon les informations recoupées émanant de la police et des services hospitaliers. Une page facebook consacrée à Tébessa, «une photo par jour», donne le chiffre de 50 victimes en deux ans.


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