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Essai sur «Les Mille et Une Nuits» : éternelle Shahrazade
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Publié dans El Watan le 05 - 05 - 2012

Une extraordinaire fascination qui est loin de s'épuiser.
Des siècles après son apparition, le recueil mythique de contes, Les Mille et Une Nuits, continue de nourrir les imaginaires et d'interroger la critique, en suscitant son intérêt, comme le rappelle Christiane Chaulet-Achour qui vient de diriger un livre collectif intitulé : A l'aube des Mille et Une Nuits. L'universitaire parle notamment d'une «avidité critique» qui «s'est traduite par de nombreux séminaires autour de ce sujet plein d'arborescences, avec plus ou moins de dialogues entre chercheurs arabisants, travaillant sur les textes arabes et chercheurs des sciences humaines et de différentes langues sondant, à partir de telle ou telle traduction-adaptation dans une langue européenne, des œuvres héritières, pour le meilleur et pour le pire».
L'ouvrage se déroule comme un long conte et l'influence des Mille et Une Nuits semble porter sur les contours des six articles qui composent le livre. D'abord, avec Carole Boidin qui livre une étude comparative au titre très provocateur : «L'Âne d'or de Apulée de Madaure et Les Mille et Une Nuits : des ‘‘histoires de bonnes femmes''» ? Cet intitulé déroutant ne vise pas, comme il le laisse entendre, le public de réception féminin, mais porte sur le rôle névralgique joué par les deux narratrices dans le déroulement des événements portés à la connaissance des lecteurs. Dans le cas de «L'Âne d'or», la figure de Mardrus, l'énonciatrice, incarne celle qui doit créer les conditions permettant de raconter des histoires. Shahrazade, narratrice principale dans Les Mille et Une Nuits, donne au geste de raconter une valeur de vie. En passionnant le sultan Chahrayar par des histoires haletantes, elle tient la mort à distance et sauve sa peau.
C'est ensuite au tour de Victoire Feuillebois de transporter le lecteur dans un immense pays : la Russie. Elle s'intéresse à la relation qu'entretient l'ancien empire des tsars avec Les Mille et Une Nuits. Le moins que l'on puisse dire est que sur les bords de la Volga, cette somme de contes est perçue, notamment au XXe siècle, comme «trop frivole et légère pour trouver sa place dans une littérature nationale, ambitieuse et, sous la période soviétique prolétarienne». En un mot, l'idéologie a peur du plaisir que procurent les contes à l'imaginaire. Pour sa part, Olivier Besuchet évoque l'influence incontestable de l'ouvrage sur des écrivains européens de l'époque qui a coïncidé avec leur traduction au français par Antoine Galland en 1704. Il cite, à cet effet, Jean Potocki, homme de lettres polonais, né à Piköw le 8 mars 1761, et qui visita le Maghreb, dont l'Algérie, en 1778. Il est l'auteur du très célèbre roman, Le Manuscrit trouvé à Saragosse. Jean Potocki emprunte aux Mille et Une Nuits la technique des récits enchâssés qui fait durer le suspens et excite l'intérêt des lecteurs.
Pour rester dans les relations qu'entretiennent les écrivains avec Les Mille et Une Nuits, Evanghélia Stead parle de la tentative de Jules Verne d'écrire une suite à cette œuvre magistrale en l'intitulant : La Mille et Deuxième Nuit. A l'origine, «c'est un livret d'opérette composé sur une partition d'Aristide Hignard, aujourd'hui perdue et qui n'est pas considérée comme un chef d'œuvre», selon l'Allemand Volker Dehs. L'idée de ce conte additif est née à partir d'une nouvelle de Théophile Gautier qui, comme l'explique l'auteure de l'article, «repose sur le motif de la Sultane à court de récits, revenue précipitamment à Paris chercher auprès d'un pauvre feuilletoniste (Gautier lui-même) de quoi satisfaire la soif inextinguible de Schahriar d'entendre encore une histoire». A travers cette nouvelle, on a l'impression que l'Occident, en tant que berceau du roman moderne, tient sa revanche contre un Orient pourvoyeur de fictions enchanteresses.
Enfin, Cyrille François parle de l'article «Schéhérazade» contenu dans le Dictionnaire des mythes féminins ou comment est né le mythe littéraire de ce personnage fascinant. Dès l'entame, l'auteur constate que «Schéhérazade est, depuis la traduction d'Antoine Galland, la meilleure ambassadrice des Mille et Une Nuits. La postérité de l'œuvre est largement tributaire de son exploit et des fantasmes dont on l'a revêtue : beauté, charme, calme et volupté, maternité au bon gré de chacun avec l'appui croissant et très convaincant des images : gravures, peintures, illustrations, films». Cette citation montre que Shahrazade est considérée comme la figure emblématique incontestable des Mille et Une Nuits jusqu'à devenir «un cliché linguistique» et/ou «un pseudonyme valorisant sur Internet». Le mythe littéraire, né d'une fiction envahit la réalité en s'y installant durablement.
Pour clore ce travail critique très prenant, Christiane Chaulet-Achour, fait une étude sur les écrivaines contemporaines et Les Mille et Une Nuits. Dans le corpus étudié à partir des œuvres de quatorze auteures d'horizons différents (cinq Algériennes, une Tunisienne, quatre Françaises, une Egyptienne), elle montre que les emprunts sont nombreux et qu'ils prennent des formes différentes et apparaissent en «citations, reprises et transformations». Ce long voyage proposé par les différents intervenants enracine une fois de plus l'idée que Les Mille et Une Nuits reste un ouvrage de référence pour comprendre la naissance de la fiction narrative. Le roman moderne doit beaucoup à cet ouvrage exceptionnel.
«A l'aube des Mille et Une Nuits», Essai sous la direction de Christiane Chaulet-Achour. Ed. Presses universitaires de Vincennes, Paris, 2012.


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