Les arguments avancés, jeudi dernier, par le Président Bouteflika pour justifier le rejet de l'augmentation des salaires des travailleurs de la Fonction publique sont loin d'être acceptés par les partis politiques de l'opposition. « Ce sont des arguments qui ne tiennent pas la route » et « c'est une fuite en avant », ont lancé, hier, les responsables du RCD, du PT, du MRN et du MDS. Le chef de l'Etat a, rappelons-le, dans un discours prononcé jeudi à l'occasion du 50e anniversaire de la fondation de l'UGTA, conforté la position de son chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, sur la question. Les attentes du monde du travail et des syndicalistes ne se sont finalement pas exaucées. Le président de la République, tout en mettant en avant « la menace planant sur la stabilité macroéconomique du pays », a renvoyé le débat sur la problématique des salaires à la prochaine tripartite. Le refus de la revalorisation des salaires « est inconcevable », selon Mohamed Khandek, chargé de la communication au RCD. « Le maintien de la stabilité macroéconomique passe inévitablement par l'amélioration du pouvoir d'achat de la population », a-t-il déclaré. Pour lui, le président de la République doit trancher sur cette question sensible au lieu d'engager un débat avec un syndicat, dont la représentativité est remise en cause. Pour sa part, le parti de Abdallah Djaballah, le MRN, a exprimé sa désillusion de voir le suspense sur le sujet perdurer. « Nous avons souhaité que le président de la République tranche définitivement la question », a déclaré Lakhdhar Benkhellaf, député du MRN. La revendication des travailleurs, selon lui, est légitime. « Il faut améliorer le pouvoir d'achat des citoyens. Ils sont dans une situation sociale déplorable. L'écart entre la haute classe et le bas peuple est flagrant, alors que la classe moyenne a complètement disparu. La revalorisation des salaires s'impose, d'autant que la situation financière du pays est confortable », a-t-il ajouté. L'argument avancé par le Président ne tient pas debout, a précisé M. Benkhellaf. « Les études qui ont été faites prouvent que le prix du pétrole ne baissera pas brutalement. En outre, c'est au Pouvoir de trouver une solution afin d'augmenter les salaires et de maintenir la croissance économique du pays », a-t-il souligné. Même son de cloche chez le PT de Louisa Hanoune. Ramdhan Taâzibt, député de ce parti, dira que l'amélioration du niveau de vie des citoyens est une préoccupation qui incombe à l'Etat. Les justifications avancées par le Président sont, selon notre interlocuteur, les mêmes que celles mises en exergue par les institutions internationales. « Je pense qu'il y a de fortes pressions sur notre pays », a-t-il indiqué. Dans un communiqué rendu public, hier, le bureau national du MDS a réitéré son appui aux revendications salariales des travailleurs, à leur droit à la grève et à l'exercice syndical. « Comment le Pouvoir peut-il convaincre les Algériens qu'il se soucie de relancer l'économie, de réhabiliter le travail, de redresser les secteurs de l'éducation, de la santé...lorsqu'il s'empresse de réhabiliter, indemniser et pardonner aux terroristes criminels les actes les plus abominables, tout en refusant aux travailleurs le droit le plus élémentaire, celui de reproduire leur force de travail ? », s'interroge le MDS. Pour ce dernier, la stabilité et la sécurité ne se réaliseront pas sans la mise en avant d'une politique de progression sociale.