Une dizaine de greffiers et de corps communs affiliés au Snapap ont tenu, hier, un sit-in devant la maison de la presse Tahar Djaout à Alger. Les membres du comité de soutien aux greffiers en grève de la faim ont tenu hier leur énième sit-in à Alger. Cela fait trois fois qu'ils changent d'endroits pour manifester leur solidarité avec leurs collègues. Après avoir tenu leur sit-in à la rue Didouche et rue Abane Ramdane, le personnel de la justice a ciblé, hier, la rue Bachir Attar à proximité de la maison de la presse. Il s'avère que le choix est bon cette fois-ci. Après deux tentatives avortées par la police, une dizaine de greffiers et de corps communs affiliés au Snapap ont enfin réussi à tenir leur sit-in sur le trottoir de la maison de la presse Tahar Djaout.Le choix de l'endroit n'est pas fortuit. La maison de la presse est le seul endroit qui permet aux manifestants de tenir leur action sans qu'ils soient traqués par la police. La DGSN a-t-elle peur du flash des appareils photo ? En tout cas, l'attitude que les agents de police ont tenue hier laisse entendre qu'ils réagissent en fonction de la sensibilité de l'endroit. «Vous êtres sur la voie publique», a déclaré un officier à l'adresse des membres du comité de soutien des greffiers lors de leur avant-dernier rassemblement en face du tribunal Abane Ramdane. La rue Abane Ramdane n'est-elle pas aussi une voie publique ? C'est une voie publique très sensible pour la police et stratégique pour les manifestants. Le traitement de la police pour les manifestants sur cette rue est généralement différent du traitement réservé à ceux qui manifestent dans d'autres endroits. C'est la raison pour laquelle la Maison de la presse est devenue depuis quelques mois le refuge de toutes les menées revendicatives, notamment réprimées par la police. La corde au cou, des cadenas aux pieds A la sensibilité de l'endroit s'ajoute une nouvelle donne. C'est une chose inédite dans les annales des manifestations en Algérie. Une longue corde a ceinturé les membres du comité de soutien aux greffiers. La corde est bien attachée à leurs pieds à l'aide des cadenas. A l'aide de la même corde, le nœud coulant passé autour du cou de l'un des protestataires. «Si la police vient cette fois-ci pour m'embarquer. Je tire la corde et je mes fin à mes jours. C'est la dernière alternative qui me reste face à une tutelle sourde et un pouvoir oppresseur», avertit le syndicaliste atteint du diabète. Ils sont tous suspendus de leurs postes suite à la dernière grève qu'a connue le secteur de la justice. Mais ils manifestent pour sauver leurs collègues qui se trouvent après un mois de grève de la faim dans un état déplorable. Ils ont relégué leurs soucis au deuxième rang. La corde est la dernière méthode utilisée contre les stratégies de la police qui visent à disperser les manifestants en les embarquant sans les tabasser. La conjoncture est à la création de nouvelles méthodes qui puissent contrecarrer celles de la police. Les pratiques de la police sont également adaptées aux exigences actuelles. Elles se résument essentiellement au rapport de force tantôt exprimé par la violence tantôt par la loi du nombre. Ces manifestants combatifs sont restés durant toute la journée d'hier sur le trottoir. Les coups de chaleur les ont amenés à transformer le papier journal en chapeaux. La corde au cou, des cadenas aux pieds. L'image est pathétique. L'esclavage est aboli. Ses séquelles persistent.