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«Il y a une stagnation au niveau de la grosse pièce»
Rachid Ogal. Artisan bijoutier
Publié dans El Watan le 18 - 08 - 2012

Bijoutier depuis une quarantaine d'années, Rachid Ogal est né dans les coulisses de l'orfèvrerie. Rencontré lors d'une exposition qui s'est tenue du 19 juillet au 16 août, au Palais de la culture de Kouba, ce spécialiste des bijoux traditionnels revient sur son parcours et sur les difficultés rencontrées.
- Comment s'est faite votre rencontre avec les bijoux ?

Dans notre famille, nous sommes bijoutiers de père en fils. Mon grand-père paternel était le précurseur des bijoutiers à Beni-Yenni dans les années 1860-1960. Ils étaient quatre frères tous mordus par ce métier. En toute sincérité, je n'étais pas destiné à exercer ce métier de bijoutier. A l'époque, j'étais technicien topographe. Je me souviens qu'à l'orée des années 1970, mon père se plaignait de cette absence de la relève. Un beau jour, je lui ai dit que s'il voulait, je prendrai la relève de ce métier. Mes frères m'ont rejoint par la suite. Je passais le plus clair de mon temps avec mon père. Je m'asseyais à côté de lui pour tenter de retenir ses moindres gestes dans le travail. Mon regretté père était très connu à Beni Yenni pour ses bijoux anciens et ses travaux divers. Il faut dire qu'il s'était spécialisé dans la grosse pièce. Il m'a appris beaucoup de choses. Il ne cessait de me répéter de son vivant que chez les grands artisans on n'apprend rien mais qu'il faut voler le métier. J'ai aimé ce métier dès le départ. C'est un métier de créativité et de patience à la fois. Mon père avait un atelier à Kouba. Avec la création du Bois des Arcades de Riadh El-Feth, on a fait appel à lui. Nous avons aujourd'hui dans cet endroit un atelier.

- Cette entreprise familiale s'est élargie depuis une dizaine d'années par le savoir-faire de votre épouse...

Exactement. Cela fait une dizaine d'années que mon épouse a rejoint l'entreprise. Je m'occupe des grosses pièces et elle des pièces modernes. Vu la cherté de la matière première pour la confection d'un bijou traditionnel, ma femme s'est spécialisée dans le montage de bijoux modernes, se déclinant, entre autres, en boucles d'oreilles, bracelets, parures complètes en pierres semi-précieuses ou encore en corail. Il va sans dire que les bijoux en argent vont devenir inaccessibles, car l'argent suit le cours de l'or.
Ceci étant, l'atelier reste ouvert pour nous deux, mon épouse et moi. Pour ma part, j'exécute seul toutes les pièces anciennes. Je n'ai aucun ouvrier. Je me suis spécialisé dans le style ancien. Je reste dans le traditionnel, dans la parure de mariée. La confection d'un bijou peut prendre jusqu'à un mois de travail, tout dépend de la charge de travail. Avant de réaliser un bijou, il faut l'imaginer : son style, sa nature, sa matière, son coût… Je joue avec la signification. Il va de soi que chaque bijou a sa propre signification.

- Justement, depuis quelques années les artisans algériens se plaignent de la cherté de la matière première...

Le corail est actuellement onéreux sur le marché national. Si vous avez remarqué, actuellement les bijoux modernes sont réalisés à partir de résine de corail. Il faut savoir que le corail n'est plus disponible depuis que sa pêche a été interdite. On ne retrouve plus de pièces entièrement conçues avec du corail. Même quand il y a des saisies et des ventes aux enchères, on n'arrive pas à surenchérir par rapport aux autres bijoutiers. C'est beaucoup plus ceux qui font l'or qui rachètent ce corail. Pour nous ravitailler, nous sommes obligés d'acheter le corail très cher. Nous nous ravitaillons, entre autres, auprès d'artisans à Tizi Ouzou. Au lieu d'acheter du corail brut, on se le procure à la pièce, et ce, très cher, soit 200 DA la pièce. Le bracelet qui faisait l'année dernière 10 000 DA est cédé aujourd'hui à 40 000 DA.

- Peut-on affirmer que le marché du bijou est inexistant ?

Actuellement, il y a une stagnation sur la grosse pièce, en l'occurrence sur le diadème et les gros bracelets. Ce genre d'objets, je les fais uniquement sur commande à des familles qui aiment nos bijoux et à une clientèle attitrée. Et encore, nous arrivons à travailler avec des facilités. Les gens payent par facilités. Les mariées optent pour cette option de facilité de payement. Certains clients me proposent le système de location de bijoux, mais vu ma profession et ma conscience, je ne peux pas le faire. Cependant, je tiens à souligner que nous prêtons quelques bijoux à certaines familles de confiance qui nous les rendent au bout de trois jours.

- Les Chinois ont investi, dernièrement, le marché du corail. Quelle appréciation faites-vous de ce fléau ?

Actuellement, on importe du corail de Chine. Je n'incrimine pas les Chinois, mais les importateurs. Ces derniers sont en train de faire du mal à la profession.

- Que préconisez-vous pour préserver le bijou traditionnel ?

C'est à l'Etat d'aider l'artisan. Les responsables se doivent de créer un fonds de participations afin de nous aider. Il faut qu'Agenor arrive à accorder des quotas de matières premières avec des facilités de payement. Le corail était cédé à
40 000 DA le kg dans un passé récent. Aujourd'hui, il est monté à 170 000 DA le kg. Il est devenu inaccessible à l'artisan. L'argent est disponible chez Agenor, mais il reste très cher. Il y a une petite diminution au niveau du prix, mais cela reste tout de même excessif pour nous. Nous faisons de la résistance au quotidien. A mon âge, je ne peux plus me recycler. Je continue ma destinée. Ce métier est une passion et un gagne-pain. C'est pour cela que mon épouse et moi essayons d'activer pour sauvegarder ce métier. C'est la petite pièce qui est plus rentable, comparativement à la grosse. En témoigne notre participation dernièrement à une exposition à Tizi Ouzou, où nous avons enregistré une vente appréciable pour les bijoux modernes.

- Des projets d'expositions en perspective…
Nous avons l'habitude d'exposer en Algérie et à l'étranger. Les étrangers apprécient nos bijoux traditionnels. Après cette exposition au palais de la culture Moufdi Zakaria, à Alger, nous n'avons aucun autre rendez-vous ponctuel. Je ne vous cacherai pas que cela nous revient cher quand nous décidons d'exposer seuls. Quand c'est l'Anaf qui est l'organisatrice, il faut se prendre en charge totalement, en particulier pour le fret et le transport… Le seul cas où nous sommes pris en charge à 100%, c'est dans le cas où nous sommes invités par le ministère du Tourisme. Quand il s'agit d'une exposition thématique et spécifique, il n'y a aucune prise en charge de l'Etat. Il existe d'intéressantes expositions qui se déroulent à l'étranger, mais hélas l'artisan n'arrive plus à faire face aux dépenses.


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