L'Office national des statistiques (ONS) passe sous la tutelle du ministère des Finances en vertu du décret présidentiel n°12-366 publié dans le Journal officiel du 9 octobre. Auparavant, cet organisme public, créé au lendemain de l'indépendance en 1964, était sous la houlette du département de la Prospective et des Statistiques.Ce transfert n'influera pas sur la politique nationale des statistiques, a estimé récemment Bachir Messaïtfa, le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Prospective et des Statistiques. «Cette décision n'aura aucun effet, tant qu'il y a accord au sein du gouvernement sur une politique statistique unifiée, une politique basée sur la crédibilité du chiffre et la précision des statistiques», a-t-il rassuré. L'économiste Abdelmadjid Bouzidi estime que ce changement de tutelle pourrait améliorer les conditions de travail du personnel de l'ONS. «L'ONS faisait, par le passé, partie du ministère des Finances et des Plans. Je pense que ce changement va améliorer le statut des statisticiens d'autant plus que le ministère des Finances dispose de moyens importants», a souligné M. Bouzidi, joint par téléphone. Selon lui, le problème de l'ONS est celui de la ressource humaine et des méthodes de travail qu'il faudra revoir. Interrogé sur la question de la fiabilité des statistiques produites, il a laissé entendre que c'est l'Etat qui instrumentalise cet organisme pour son propre dessein. L'ONS est souvent montré du doigt comme un instrument de propagande au service des autorités. Ses rapports font souvent l'objet de doutes parmi les universitaires, les économistes et le patronat. En avril dernier, Abdelhamid Temmar, l'ancien ministre de la Prospective et des Statistiques, avait jeté un pavé dans la mare, en ordonnant à l'ONS une deuxième enquête pour calculer le taux de chômage en Algérie en 2011. Selon lui, les taux arrêtés lors de la première enquête ne traduisaient pas la situation de l'emploi dans le pays. L'ex-ministre avait aussi vertement critiqué la manière avec laquelle sont menées les enquêtes de l'ONS, en précisant qu'elles sont élaborées sur la base d'un seul constat de la situation de l'enquêté, alors que dans d'autres pays les enquêtés sont questionnés deux fois durant la période du sondage.