L'établissement dépasse triplement sa capacité d'accueil, avec des parturientes entassées les unes sur les autres, sans compter le manque de moyens à tous les niveaux. La grève prévue à l'EPSP de Sidi Mabrouk a été suspendue, jeudi dernier par la section syndicale affiliée au syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap). Cette décision a été prise après de longues négociations avec l'administration. Selon le représentent du Snapap, Saber Boubekri, la grève a été reportée suite à l'accord pris avec l'administration de mettre en œuvre des dispositifs visant l'amélioration du cadre du travail. «A partir de la semaine prochaine, à part les cas d'urgence, l'établissement n'admettra plus aucun autre cas dépassant sa capacité d'accueil, notamment les patientes qui viennent des autres établissements de la wilaya et ceux des autres wilayas de l'est», a-t-il déclaré. Ce dernier dénoncera avec colère «la situation infernale générée par les mauvaises conditions de travail», ajoutant que «le personnel médical ou paramédical, qui fait son devoir depuis des années, est aujourd'hui saturé». Selon lui, l'instruction ministérielle 26/07 exige l'admission de tous les malade, et dans tous les cas ; mais l'établissement, regrette-il, dépasse sa capacité d'accueil au double, voire au triple. «Nous avons admis, à ce jour, 10 754 patientes au service de gynécologie et 19 651 à la maternité avec une moyenne de 40 accouchements en 48 heures; nous sommes passés de 3000 accouchements à 10 000 par an, entre ceux pratiqués par césarienne et ceux par voie normale», a-t-il fait savoir. Lors d'une petite tournée que notre interlocuteur nous fera dans les différents services de l'EPSP, nous avons constaté de visu qu'une salle de trois lits est occupée par un bon nombre de femmes; certaines sont à deux dans un même lit, alors que d'autres sont allongées sur d'affreux matelas posés à même le sol. D'autres patientes à peine sorties du bloc opératoire, sont laissées sur les brancards par manque de place en salle de réanimation. Des infirmières et des sages-femmes, rencontrées lors de cette visite, nous ont assuré qu'elles sont vraiment fatiguées de travailler dans ces conditions intolérables, avec une telle surcharge, en plus de l'absence de moyens, surtout certains médicaments. Elles ont en outre dénoncé l'absence de vaccination au profit du personnel, notamment le vaccin anti-contagieux. «Il n'y a aucune hygiène, l'eau ne coule pas H24, comment voulez-vous que les lieux soient désinfectés ?» ont-elles fait remarquer. Selon elles, les malades, les nouveaux-nés et le personnel sont menacés par des maladies contagieuses, comme l'hépatite. De son côté, le Pr. Salahi, chef du service des accouchements a reconnu que la situation est catastrophique. «Le personnel est complètement dépassé par l'arrivée en grand nombre de parturientes, lesquelles sont souvent envoyées par malades d'autres établissements qui sont mieux équipés que nous», a-t-il affirmé, tout en précisant que l'EPSP de Sidi Mabrouk a une capacité de 68 lits mais qu'il accueille plus de 120 femmes par jour. Le service des grossesses à haut risque dispose d'une capacité de 12 femmes, alors que selon lui, il en compte actuellement 35. Le représentent du Snapap a révélé que le nombre de demandes de départ à la retraite est en nette augmentation, alors que la relève est en régression, sachant que la formation est bloquée. «Cette situation relève de la responsabilité absolue de la DSP qui, non seulement fait une mauvaise répartition des effectifs existants, mais ignore totalement nos revendications ; les autres centres devraient aussi prendre en charge leurs malades, surtout ceux des autres wilayas», a-t-il martelé.