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Réflexions sur la guerre au Mali
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Publié dans El Watan le 18 - 01 - 2013

Quand la classe politique algérienne se tait, les intellectuels algériens décident de s'exprimer sur la guerre au Mali. Il en résulte à la fois une réflexion pertinente et des interrogations légitimes.
Bachir Mefti. Ecrivain et éditeur : Il faut que nous soyons prudents

J'espère que notre gouvernement assimilera bien les enjeux et pèsera ses choix stratégiques, car les conséquences immédiates vont nous tomber dessus et nous payerons, certainement, la facture après le Mali.

Je trouve des difficultés à aborder ce sujet, pour la simple raison que nous manquons des informations les plus élémentaires, utiles à l'élaboration d'une vision claire de la situation, afin de mieux cerner ce qui se passe exactement. Quels seraient les avantages ou les inconvénients de cette guerre pour l'Algérie ? Même si l'Algérie n'a toujours pas annoncé sa participation directe - dissimuler notre position par rapport à ce genre de questions sous le couvert du principe de non-ingérence est habituel chez nous - nous savons que l'intervention française a entraîné des affrontements à nos frontières. Ce qui aura, bien entendu, des conséquences néfastes, tôt ou tard, car nous ne pouvons pas, quelles que soient nos compétences sécuritaires, surveiller toutes nos frontières avec le Mali ou la Libye. Je ne sais pas si nous nous sommes impliqués dans cette histoire et j'espère que notre gouvernement assimilera bien les enjeux et pèsera ses choix stratégiques, car les conséquences immédiates vont nous tomber dessus et nous payerons, certainement, la facture après le Mali. A ce stade, je ne parle pas en tant qu'intellectuel ou écrivain, mais en tant que citoyen algérien qui s'interroge : pourquoi l'élite politique et intellectuelle n'a pas été mêlée à la prise de décision pour des questions aussi importantes ? Ce genre de décision devrait reposer sur un consensus national et ne devrait pas être prise «d'en haut» dans des salles sombres desquelles il ne filtre aucune information. Et ensuite il nous est demandé de donner notre accord en aval, sans nous avoir consultés. Mais cela est la nature même du système algérien, un système renfermé sur lui-même et qui ne fait participer le peuple à aucune décision, y compris aux questions liées à la souveraineté nationale. A mon avis, le sujet est grave et tant que la guerre est à nos portes il faut que nous soyons prudents. Il faut aussi que le système soit un peu plus transparent, afin d'élaborer une position commune entre le peuple et le gouvernement.



Nacer Djabi. Sociologue : le système politique ne favorise pas l'émergence de l'intellectuel

Quand bien même il existerait un intellectuel dans tous les sens du terme, il faudrait qu'il y ait des espaces où il lui est possible d'échanger, d'écrire et d'activer.

Plusieurs choses peuvent expliquer le peu d'implication de ce que vous appelez «intellectuel» dans la vie politique nationale ou internationale. La crise actuelle au Mali intervient à un moment où l'Algérien est noyé dans plusieurs problèmes sans issue, de prime abord. Cependant, nous sommes face à une crise aux implications directes pour l'Algérie. L'expérience a prouvé qu'en tant qu'Etat, système politique et unité territoriale, nous sommes menacés depuis le Sud. Depuis le Sud, nous sont parvenus le sida, l'immigration clandestine, le trafic de cocaïne, le crime organisé, les armes, le terrorisme international... En Algérie, «l'intellectuel» ne s'est pas penché particulièrement sur ce qui se passe au Moyen-Orient, par exemple, à l'exception de certains universitaires proches du sujet pour des raisons idéologiques (nationalistes, islamistes notamment). A cette exception près, il n'y a aucune différence qualitative particulière entre l'«intellectuel» et un citoyen lambda. L'intellectuel, dans le sens d'un citoyen doté de convictions qu'il exprime en toute liberté, un citoyen qui se «mêle de ce qui ne le regarde pas», comme il a été défini dans certains cas, un citoyen qui se sent concerné par les affaires publiques n'a pas de position particulière parce qu'il n'existe pas. Cet intellectuel, à de très rares exceptions, n'existe pas en Algérie. Ni le système universitaire, ni le système politique, ni le système médiatique ne favorisent son émergence. Cela se vérifie face à des questions internationales importantes et non face à des questions nationales. Quelques exceptions préfèrent partir ou se contenter d'observer. D'autant plus qu'on considère que le gouvernement est le seul habilité à exprimer son opinion dans les sujets internationaux. Sujets, souvent entourés de mystère et qui laissent le citoyen terrifié à l'idée de formuler un avis. Les partis politiques non plus ne se mêlent pas de ce genre de questions, ni les débattent ouvertement. Cependant, on s'aperçoit que les prises de position officielles en matière de politique extérieure ne sont plus aussi consensuelles qu'avant. Seuls certains universitaires s'expriment dans pareilles circonstances, lorsque les micros leur sont tendus, sans qu'ils aient de véritables expertises en la matière. Certains pseudo-experts, cités à longueur de colonnes, n'ont, bien souvent, jamais rien écrit sur la question. Ils se contentent de formuler des impressions générales, accessibles à quiconque dans n'importe quel café populaire. Quand bien même il existerait un intellectuel dans tous les sens du terme, il faudrait qu'il y ait des espaces où il lui est possible d'échanger, d'écrire et d'activer. L'Algérie est l'un des rares pays où on manque de centres de recherches politiques et d'études scientifiques. En comparaison, l'Egypte dispose de centres de recherche de renom dont le plus pointu est public. Un dernier point concerne notre système politique et médiatique. Notre système politique, héritier de la guerre d'indépendance, n'imagine pas devoir porter attention aux opinions de la société, ni à des individus quels qu'ils soient. Ni l'hégémonie ni le débat ne l'intéressent, seule la domination compte pour lui.


Mohamed Saïb Musette. Rédacteur en chef de Cahier du Cread : l'Algérie, seule face aux «migrations de crise» ?

La prudence algérienne dans ses engagements, en privilégiant la voie politique, s'est avérée non concluante.


La question mérite d'être posée. Certes, notre pays dispose des capacités réelles pour répondre aux problèmes humanitaires à ses portes. Ce n'est pas la première fois que les ressortissants du Mali se replient vers les régions frontalières du Sud. Il y a eu des calamités naturelles et des conflits armés dans le passé, l'Algérie n'a jamais manqué à ses obligations. La situation actuelle est différente. Les conflits armés au Mali sont internationalisés. La responsabilité globale est partagée. Si les parties prenantes, dans ce conflit armé, s'engagent pour établir l'ordre, la sécurité et l'intégrité du territoire malien, mais aucun dispositif international (à ma connaissance) n'a été mis en œuvre, à ce jour, pour assumer les effets secondaires de ce conflit. Parmi ces effets, on trouve les personnes déplacées «en interne» et les réfugiés à l'étranger, dans les pays voisins. Les premières données chiffrées sur ces mouvements migratoires sont alarmantes. Il est vrai que les migrations vers l'Algérie ne sont pas aussi importantes actuellement, à peine 18% de l'ensemble des personnes qui ont quitté le Mali, selon les données du HCR au début janvier. Cette masse de déplacement forcé ne fait pas encore partie des estimations du coût des opérations par les «grandes puissances». Ces dernières n'évaluent que les coûts de leur mobilisation. Le Mali aurait à les «rembourser» d'une manière ou d'une autre. Ce type de calcul intéressé néglige les conséquences humaines. La vie des refugiés «africains» n'a aucune importance dans ce type d'endettement. Combien de pays européens vont accepter des refugiés maliens sur leur territoire ? Aucun pays ne s'est manifesté à ce jour. Suite à la révolution libyenne, on a vu les oppositions entre l'Italie et la France. Cette dernière avait même fermé ses frontières. Il est fort à parier que l'aide aux réfugiés maliens sera puisée dans les paniers des ménagères, avec l'aide et le soutien des associations… L'Europe (à travers la France) s'engage avec une «facture» en bonne et due forme.
C'est un conflit qui risque de s'installer dans la durée
Les autorités algériennes sont parfaitement avisées de la nature de ces conflits inter-maliens. La médiation algérienne est connue de l'ensemble des parties prenantes intérieures. Nos compatriotes sont encore en otages. La prudence algérienne dans ses engagements, en privilégiant la voie politique, s'est avérée non concluante. Le renoncement aux engagements n'est pas nouveau. Le risque est connu. Il y a aussi une forte probabilité que ce conflit armé s'installe dans la durée. Les violences iront en intensité. Il y aura beaucoup de pertes humaines aussi. Le nombre des personnes déplacées risque de connaître aussi une accentuation.
La prise en charge des réfugiés maliens en Algérie nécessite une mobilisation nationale
La solidarité algérienne a toujours été exemplaire dans ces conditions extrêmes. En ligne de front, le Croissant-Rouge qui n'est pas à sa première expérience quant à la gestion d'une crise humanitaire. Il y a des besoins élémentaires à satisfaire. La présence des réfugiés maliens en Algérie ne sera pas de courte durée. Il y aura aussi une prise en charge d'autres besoins – prises en charge médicale et psychosociale (éducation des enfants et autres réparations psychologiques des déplacés). Les associations caritatives sont déjà à l'œuvre. Des médecins, des psychologues, des travailleurs sociaux sont mobilisés. Ce sont des gestes qui comptent. Le HCR est présent en Algérie. Il apportera aussi toute l'assistance nécessaire dans la mesure des «fonds récoltés». La présence de l'OIM est attendue dans la région, peut-être aussi en Algérie ! Cette migration n'est pas comme les autres mouvements. Ces migrants ne peuvent être isolés dans des «camps» pour une longue durée. Ces migrants ont droit au respect de leur dignité. Ils ne peuvent faire l'objet d'arrestation, d'enfermement ou d'expulsion…
Algérie, un pays de réfugiés !
Les réfugiés constituent la masse des migrants en Algérie. La présence des Libyens, des Syriens, maintenant des Maliens, sans compter les «Sahraouis», fait de l'Algérie un pays de refugiés. Devant ces migrations de crise, tout l'arsenal réglementaire des conditions de séjour des étrangers dans le pays est mis en veilleuse. La primauté revient à la gestion humanitaire des migrations. L'Algérie est en train de réviser aussi ses textes relatifs à la prise en charge des refugiés. Le Cread s'est associé avec la CNCPPDH, le HCR et le CIR (ONG italienne spécialisée des réfugiés) depuis plus d'une année pour rééquilibrer la gestion des flux migratoires mixtes, avec intégration du mode humanitaire.
La solidarité algérienne dépasse les limites de ses territoires
L'engagement de l'Algérie ne s'arrête pas aux conflits à ses portes. Il est vrai que nos frontières terrestres sont pratiquement toutes fermées – à l'Ouest (le Maroc), au Sud (Niger et Mali), et à l'Est (Tunisie et Libye)… De même, au Nord nos frontières maritimes sont «gardées» par les forces de l'UE qui scrutent tout mouvement suspect. Le peuple algérien vit ainsi dans une «forteresse». Notre solidarité dépasse pourtant nos frontières… pas seulement aux Palestiniens. Plusieurs autres pays africains bénéficient de l'aide humanitaire algérienne.


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