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Yuan Haiping, le dernier expat'
Venu en mission a la veille de l'attaque de Tiguentourine
Publié dans El Watan le 23 - 01 - 2013

Yuan Haiping, la trentaine, fait figure de dernier expat' à In Amenas après le départ massif des étrangers en poste dans la région.
Arrivé en mission la veille de l'attaque de Tiguentourine, il se retrouve bloqué ici pendant une semaine. Il devait regagner Alger hier, mais il n'a guère l'intention de retourner en Chine, son pays. Yuan est basé à Alger. Mais son travail l'amène à effectuer plusieurs missions dans la Sud. Si le hasard a voulu qu'il débarque à In Amenas le 15 janvier, ce n'est pas la première fois qu'il lui joue des tours. «Un autre hasard a voulu que l'an dernier, alors que nous étions en mission à Illizi, nous tombions sur l'enlèvement du wali d'Illizi», confie Amine Guellati, un collègue et ami intime de Yuan. «Nous attendons le prochain vol pour Alger. Pendant plusieurs jours, il était difficile de trouver une place. Tous les vols étaient réquisitionnés pour le rapatriement des otages», explique-t-il.
Yuan précise qu'il voulait bien rentrer par route, mais il aurait fallu, pour cela, toute une escorte. «Cela nous aurait obligé à avoir une escorte pour chaque wilaya que nous traverserions, et ce, jusqu'à Alger», reprend Amine. L'enfer des escortes, les déplacements sous haute protection : voilà l'autre conséquence de l'affaire de Tiguentourine. Désormais, les étrangers seront plus que jamais soumis à des restrictions sécuritaires draconiennes. «J'ai visité plusieurs villes du Nord, notamment Béjaïa, Annaba, Sétif, Jijel, et je fais cela sans escorte, en compagnie de mon ami (Amine). Je n'ai jamais eu le moindre problème. Je vais continuer à le faire, sauf du côté du Sahara. Il faut désormais faire attention», dit Yuan. «Je pense que notre société va prendre de nouvelles mesures et éviter d'envoyer des gens en mission ici. Nous allons travailler par téléphone ou par télex. Mais pour le Nord, on va continuer à effectuer nos missions sans problème», poursuit-il.
«Je ne quitte pas l'hôtel»
Charmant jeune homme au visage avenant, brillantissime et parlant parfaitement le français, Yuan est installé en Algérie depuis cinq ans. Il vit précisément à Dély Ibrahim. Il travaille au sein d'une société chinoise : la GWDC (Great Wall Drilling Company), une filiale de la China National Petroleum Corporation (CNPC). La GWDC est présente en Algérie depuis dix ans. «On est spécialisés dans le forage pétrolier», explique Yuan. «Nous assurons des prestations de services dans le secteur pétrolier. Actuellement, nous avons des sites de forage un peu partout : TFT (Tine Fouyé Tabenkort, ndlr), Hassi Messaoud, Adrar… Et nous venons de décrocher des contrats avec Sonatrach. On va commencer les travaux en 2013 dans la wilaya de Ouargla et à TFT.» Depuis la terrible attaque du site gazier de Tiguentourine, Yuan vit emmuré dans sa chambre à l'hôtel Le Grand Erg, l'unique établissement hôtelier d'In Amenas. Heureusement pour lui, l'hôtel est vaste et fort agréable, avec des chalets pittoresques et des carrés de gazon qui tentent tant bien que mal de résister au sable.
«La première nuit après ces événements, je n'ai pas bien dormi. Quand j'entends des bruits le soir, ça me fait peur. Mais grâce à mon ami qui veille sur moi, je me sens en sécurité. Toutes les heures, ils sort faire une ronde pour vérifier que tout va bien.» Amine, 42 ans, un enfant de Bouzaréah, est cadre depuis dix ans dans la même société. C'est un véritable boute-en-train qui respire la joie de vivre. Il porte en lui un optimisme naturel et une forme de générosité bien algérienne. Amine a déterré ses souvenirs de bidasse pour veiller sur la sécurité de son acolyte. «Je me suis rappelé mes années de service militaire que j'ai passées au plus fort du terrorisme, en 1994, une expérience qui m'a aguerri», glisse Amine. Il a ainsi mis en place tout un dispositif de sécurité à lui seul pour protéger Yuan. «Je me souviens, durant le service militaire, il y avait le mot de passe qu'on exigeait pendant nos tours de garde.
Les mots de passe étaient des noms de wilaya. Je te cite un nom de wilaya et tu me réponds avec le nom d'une autre wilaya prévue par le mot de passe. Eh bien, j'ai reproduit ça ici. Je lui ai dit : quand on vient frapper à ta porte, n'ouvre sous aucun prétexte. Je m'annonce toujours avec le code convenu entre nous.» Amine dit tenir cet esprit de responsabilité également de sa vie de plongeur, lui qui est passionné de plongée sous-marine. «Ce sport vous apprend qu'on ne plonge jamais seul. On travaille beaucoup l'aspect sécurité. Et ça vous apprend l'esprit d'équipe : on descend ensemble et on remonte ensemble. Et c'est ce que je fais avec Yuan. Ma sécurité, c'est sa sécurité.» Si les péripéties de Tiguentourine ont compromis la mission de Yuan, elles ne l'ont pas empêché pour autant de travailler. Les deux compères ont su parfaitement s'adapter à la situation. Amine explique : «Là, on est venus pour un travail de documentation technique. On sous-traite pour Sonatrach. On a des machines de forage qui sont sur site, et pour faire marcher ces machines, il faut ramener du matériel. Il faut dédouaner ce matériel, il faut le suivre jusqu'à la fin du projet, et il faut faire en sorte qu'il soit à jour.»
«J'ai prénommé mon fils Alger»
Amine revient sur l'événement qui a mis In Amenas en branle : «Le jour de l'attaque terroriste, j'ai eu la nouvelle dès 8h. Nous avons tout de suite pris des mesures et j'ai recommandé à Yuan de ne pas sortir. Je suis parti seul à la douane, et lui, il travaillait à l'hôtel.» «Hamdoullah. On a bien bossé», se félicite Amine. «Ce qu'il y a d'admirable dans cette affaire, c'est que tout le monde a continué à faire son travail, même pendant l'opération. Il y avait d'un côté les hélicoptères qui bourdonnaient, les ambulances qui passaient sirènes hurlantes, et les autres qui vaquaient à leur tâche. Ça m'a rappelé la décennie noire : le jour, on va au bureau, et le soir, on monte la garde, car il fallait bien ouvrir les oreilles. J'ai retrouvé ces réflexes.» Et de lâcher : «Je ne m'inquiète pas du tout. On a vu pire. On est vaccinés. Et on est solidaires.» Yuan assure que son entreprise va évidemment continuer à travailler en Algérie «surtout qu'elle a décroché plusieurs contrats avec Sonatrach et qu'elle a élargi ses investissements en Algérie». Il estime que «cette situation va durer un petit moment, après, tout va rentrer dans l'ordre».
«Mes sentiments vis-à-vis de l'Algérie n'ont pas changé. C'est un beau pays», insiste-t-il. «Et puis, la bienveillance que me prodigue mon ami me donne vraiment envie de rester.» Yuans rappelle que quand il est arrivé en 2007, il y a eu cette vague d'attentats qui avaient ciblé la capitale : l'attentat du Palais du gouvernement d'abord, le 11 avril 2007, puis celui du Conseil constitutionnel et les bureaux du HCR, le 11 décembre de la même année. «Après ces attentats, je pensais que leurs effets allaient durer longtemps. Finalement, au bout de deux mois, tout s'est arrangé.» Détail éloquent : l'attachement de Yuan à notre pays est tel qu'il a prénommé son fils «Alger». Oui. Alger Haiping. «Ji'er» en chinois. «Quand je rentre dans mon quartier, mes voisins s'écrient : Ah, voilà le père d'Alger !», s'esclaffe-t-il. Yuan nous apprend qu'en chinois, «Alger» signifie «dépassez-vous». Bienvenue à Alger, Yuan !


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