Senouci Abdessatar, que Dieu ait son âme et qu'Il l'accueille en Son Vaste Paradis, est mort à l'âge de 25 ans suite à un malaise cardiaque survenu lors d'un match de football. La question des examens cardiaques dans le football se retrouve, à nouveau, au cœur des débats. Ce sujet concerne bien évidemment tous les acteurs du sport, à tous les niveaux. La FAF a fait tout son possible, depuis plus d'une décennie, sous l'égide de sa commission médicale que nous avons eu l'honneur de présider jusqu'en 2011, pour que les joueurs bénéficient des examens les plus poussés, largement réalisables en tout point de notre pays. Quel que soit leur coût, la vie d'un jeune Algérien, footballeur ou non, n'a pas de prix. D'autant que les moyens ne manquent pas, semble-t-il, au niveau de notre Fédération et que l'Etat n'a jamais fait d'économies «de bouts de chandelles» en matière de santé. Le débat que nous avons engagé doit se poursuivre mais rester tout de même à bonne hauteur pour arriver à un consensus salvateur. Une conférence de consensus s'avère nécessaire, qui devra réunir toutes les compétences, les vraies, si possible ; tous nos maîtres et tous nos confrères qui se sont intéressés au sujet et qui ont à dire pour avoir fait, pour avoir publié. Nous n'échapperons certainement pas malgré tout aux interventions fantaisistes des habituels apprentis-sorciers, des experts sur «titre», juste munis de leur «inexpérience personnelle» et de leur «intime conviction». Ce genre de réunion reste cependant la meilleure opportunité pour les démasquer et les confondre, lorsqu'ils osent s'y aventurer… C'est leur droit. De quoi s'agit-il, en fait ? Dans le cadre de la saison sportive 2012/2013, tous les sites web des ligues le confirment, les dossiers médicaux des joueurs doivent impérativement comporter un examen clinique (interrogatoire à propos des antécédents personnels et familiaux et examen physique général), un bilan biologique et une exploration cardiologique de base (clinique, ECG à 12 dérivations, dûment commenté). Cet examen étant suivi d'autres explorations cardiologiques (échocardiographie, en particulier) selon les résultats de l'examen de base ou en raison du niveau de pratique (joueurs seniors de la LPF, de la LNAF et de la LIRF). Encore faut-il s'assurer que tous les acteurs suivent la procédure dans son intégralité. Il s'agit là d'un sérieux problème de santé publique, d'organisation médicale, de pathologie cardiaque, congénitale ou acquise, de rythmologie, d'ECG de stress, de holter, d'électrophysiologie cardiaque, de réanimation et j'en passe…Nos cardiologues et nos internistes, nos pédiatres et nos urgentistes sont les plus concernés. Nous saurons y prendre notre part. Le bilan de base, peu coûteux et partout réalisable sur le territoire national, fortement conseillé (voire imposé) par l'instance faîtière du football mondial, a fait l'unanimité d'une conférence de consensus internationale. C'est ce même protocole que nous avons appliqué à l'occasion des examens médicaux réalisés pour le compte de la Ligue de football de la wilaya d'Alger (selon une convention décidée lors d'une assemblée générale souveraine) au niveau de la clinique Chahrazed (plus que jamais) accréditée Centre médical d'excellence par les plus hautes instances scientifiques et médicales de la FIFA. C'est dire l'incompréhension que pourrait susciter l'information récente publiée par la FAF sur son site internet concernant ce sujet «vital». Le relevé des conclusions de la dernière réunion du bureau fédéral rapporte en effet que «afin de faciliter la tâche des clubs, le bureau fédéral a décidé de simplifier les exigences du dossier médical pour le football amateur»… Connaissant l'esprit des membres du bureau fédéral, nous avons la conviction que cette déclaration n'a péché que dans la forme. La protection du joueur restant, à la FAF, la sacro-sainte règle. Que faut il entendre par «simplification» ? Que simplifier des exigences d'un dossier médical tout à fait basique et qui répond aux normes internationales recommandées, auxquelles notre système national de santé peut aisément répondre ? Est-il, en l'occurrence, plus important de «faciliter» la vie des clubs ou de préserver la vie des joueurs ? Simplifier le dossier médical ? Peut-être bien après tout, mais après mûre réflexion et en collaboration avec les institutions de santé publique, la faculté et les sociétés savantes. Certainement pas pour «faciliter la tâche» de qui que ce soit au détour d'une simple «circulaire»… Mais alors, que faut il faire ? Comment agir ? Certainement en essayant d'abord de mieux comprendre, en analysant sereinement et sans concessions la situation à laquelle nous faisons face ; en termes de prévention mais aussi en termes d'organisation des secours. Ce nouveau drame doit générer une véritable prise de conscience vis-à-vis de ce phénomène. Nous savons désormais que nous devons tout faire pour limiter les risques au maximum, car malgré toutes les précautions, il est probablement impossible de prévenir tous les accidents susceptibles de se produire pendant un match de football ou tout autre sport. Certains athlètes apparemment sains passeront toujours à travers les mailles du filet de la détection. Nous devrons tous œuvrer pour que, lors des compétitions sportives, du personnel médical qualifié et un défibrillateur soient présents dans chaque stade. Notre rôle sera aussi d'expliquer aux autorités et aux institutions sportives, pour celles qui restent à convaincre, qu'il s'agit là d'une question de vie ou de mort.
Dr A. Yacine Zerguini. -Membre de la commission médicale FIFA -Membre du F-Marc (FIFA Medical Assessment and Research Center – Zurich) -Directeur du centre médical excellence FIFA (clinique Chahrazed –Cheraga)