Le conflit social qui secoue le ministère des Affaires étrangères rebondit. Le Syndicat autonome des personnels du ministère des Affaires étrangères (SAPMAE) a décidé de faire appel auprès du Conseil d'Etat pour contester la décision du tribunal administratif qui a jugé «illégale» la grève qui avait paralysé le ministère durant cinq jours. Si le représentant des travailleurs avait accepté la décision de la justice en suspendant la grève, il a estimé que la justice a été «instrumentalisée» par le ministère pour briser le débrayage. L'administration qui s'est engagée «verbalement» à prendre en charge les revendications des travailleurs n'a, jusque-là, pas encore agi concrètement. Cependant, elle a agité le bâton pour «punir» certains syndicalistes ayant pris part activement au mouvement de contestation. Elle vient de signifier à un syndicaliste, représentant du corps diplomatique au sein du syndicat, la notification de sa mise à la retraite d'office, alors qu'il vient tout juste d'avoir 65 ans. Les travailleurs parlent d'«une mesure de représailles» et dénoncent une politique de deux poids, deux mesures. «Curieusement, l'administration a décidé de mettre à la retraite un diplomate, actif au sein du syndicat, alors que ses collègues, qui ont dépassé largement l'âge légal de départ à la retraite, sont maintenus à leur poste.» Le syndicat en a fait pourtant de l'application de la loi sur la retraite son cheval de bataille dans ce ministère qui pilule de «vieux diplomates», dont certains septuagénaires qui immobilisent l'appareil diplomatique. Le syndicat revendique «la fin de la gérontocratie» qui règne au sein de ce ministère régalien pour permettre aux jeunes diplomates d'accéder aux postes de responsabilité. «De nombreux jeunes et brillants diplomates voient leur carrière bloquée à cause d'un système de gérontocratie. D'autres qui ont fait leurs preuves sont carrément sur le carreau», regrettent des diplomates. En somme, le mouvement de contestation qui s'est emparé du ministère des Affaires étrangères a dévoilé le fonctionnement «peu diplomatique» qui y prévaut. Le syndicat soulève le couvercle sur des pratiques jugées «contraires aux traditions» d'un département aussi stratégique que celui des Affaires étrangères. Il s'indigne contre «l'absence de transparence dans la nomination à des postes à l'étranger, copinage et régionalisme comme critères de promotion au détriment de la compétence». Des pratiques qui ont déteint négativement sur le rendement de la diplomatie algérienne au regard de ses contre-performances, notamment à la faveur des bouleversements qu'a connus la sphère régionale.