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dans le silence de la nuit...
Orfia fi samt el lil présentée au Festival national du théâtre féminin à Annaba
Publié dans El Watan le 06 - 03 - 2013

Orfia fi samt el lil s'attaque ouvertement à la lâcheté sociale qui entoure le drame des filles violées au maquis dans les années 1990.
Annaba
De notre envoyé spécial
Les faits sont réels. L'enlèvement d'une de ses élèves par des terroristes dans les années 1990 en Kabylie a inspiré le dramaturge Omar Fetmouche pour l'écriture de la pièce «Orfia fi samt el lil» («Orfia dans le silence de la nuit»), présentée lundi après-midi au Théâtre régional Azzeddine Medjoubi à Annaba, à l'occasion du deuxième Festival national du théâtre féminin. «J'ai écrit ce texte d'un seul trait, comme un conte où il y a aussi de la poésie. Cette lycéenne, violée au maquis, a été chassée par son grand frère dès son retour au village», nous a confié Omar Fetmouche. Mise en scène et jouée par Djouhra Draghla, du Théâtre régional de Béjaïa, la pièce débute par un prologue à travers lequel le dramaturge rend hommage aux Algériennes. «Je vous offre mille bougies pour qu'aucune larme ne soit versée», dit la voix off.
Dans l'obscurité, un panneau portant des bougies allumées traverse la scène. Au milieu, apparaît un corps en forme d'œuf qui s'illumine et retombe dans le noir. C'est la composante essentielle de la scénographie. Orfia occupe l'avant-scène pour narrer son histoire. Cela s'est passé dans un village, un jour de l'aïd El Kebir. «Ma mère m'a demandé d'aller chercher de l'eau de la proche fontaine, mon frère affûtait les couteaux, ma petite sœur regardait le mouton. Je suis partie. Le village se préparait à la fête. Je suis revenue, le village n'est plus le même. Où est mère, ma petite sœur ? Mon frère avait plusieurs visages. Ils les ont tués ! Je me suis enfuie, ils m'ont rattrapée, mise dans une voiture, emmenée quelque part...Une jeune et tendre captive, ont-ils dit», raconte la voix douloureuse de Orfia. Avec d'autres filles kidnappées par «les monstres», elle sera emprisonnée dans une grotte.
«L'émir des monstres leur a dit de lire la fatiha de la khotoba et de la préparer. J'ai crié, je ne serai jamais ton épouse. Ils m'ont frappée avec la pierre du tayamoum. Six fantômes sont entrés, le septième portant un bâillon...», confie encore Orfia. Le calvaire continue. La jeune captive se libère, s'échappe à travers la forêt, retrouve le village. Les villageois la chassent et va retrouver, en montagne, «le temple» maudit, là où est enterré le condor. Un condor qui a déjà sa propre histoire. Et là où tous les oiseaux viennent dresser des nids. Orfia décide de défier tout le monde. Elle n'a plus rien à perdre... Elle affronte à sa manière la peur, l'hypocrisie, la complicité et la lâcheté : «vous étiez où lorsque vos femmes étaient violées et vos enfants tués ?»
Cette femme ange a accouché, attachée à une corde, comme les mères des anciens temps. Seuls les oiseaux peuvent en témoigner. Le théâtre algérien a rarement abordé de front ce qui s'est passé dans les années 1990 en Algérie avec autant d'audace. Orfia fi samt el lil brise d'une manière claire une grande muraille. Au chant et à la guitare, Halima Khelfaoui intervient de temps à autre pour intensifier le jeu de Djouhra Draghla. La chorégraphie psychologique conçue par Samar a donné une autre profondeur au drame déjà fort sur scène.
La scénographie, souple et adaptée au récit a complété l'épaisseur du texte. Un texte qui fait partie d'un roman que Omar Fetmouche s'apprête à publier bientôt. «Je ne voulais pas narrer l'histoire du viol directement. J'ai choisi l'expression chorégraphique et le chant. Nous avons tous vécu cette période (des années 1990, ndlr). Je voulais me mettre entièrement dans la peau de la fille violée et me mettre dans la psychologie du personnage. Je pleurais durant les répétitions», a révélé Djohra Draghla, lors du débat qui a suivi la représentation.
«C'est un devoir de mémoire. Les femmes avaient été les premières à être ciblées par le terrorisme, les premières à réagir. Des milliers d'enfants sont nés au maquis, des milliers de femmes abandonnées. Quel est le crime de ces femmes qui ont subi
l'horreur ? Il est temps de tourner le regard vers ces victimes. C'est une bombe à retardement. Il y a cet hommage aux femmes qui ont porté le fusil, transgressé les tabous, comme Orfia qui est revenue au village malgré le refus des autres. Les femmes avaient été merveilleuses dans le combat contre le colonialisme et durant la guerre pour la République», a relevé Omar Fetmouche. Il était difficile, selon lui, de définir la frontière entre le réel et la fiction dans les années 1990.
«On ne savait même pas à quel moment commençait le jour et se terminait la nuit. La notion de temps et d'espace a été laminée. Il n'y avait que la peur et le sang. C'était une immense tragédie. Je pense que le témoignage est fondamental. C'est la force du théâtre de susciter la discussion, créer une atmosphère, une dynamique. Le théâtre n'a pas de message à envoyer par poste. Qu'on cesse de se voiler la face ! Le théâtre doit aller de l'avant, vers la transgression.
Le théâtre est l'espace du paradoxe par excellence», a ajouté le dramaturge. Il a relevé que certaines personnes n'ont pas pu voir le spectacle dans de précédentes représentations. «Parce que la plaie est encore ouverte. Il faut en finir avec la culture de l'oubli. On n'a pas tourné la page. On n'oubliera jamais !», a-t-il estimé.


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