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Bourrage de crâne
La chronique de Maurice Tarik Maschino
Publié dans El Watan le 23 - 05 - 2013

Il est une pollution dont on ne parle presque jamais. Et pour cause : ceux qui pourraient en parler sont ceux qui polluent. A longueur de titres chocs, de photos réquisitoires, d'articles qui travestissent la réalité, les «grands médias» européens trompent quotidiennement le public. Bien des lecteurs s'en doutent, qui concluent un peu vite que «les journaux mentent». Ils mentent parfois, ne serait-ce que par omission mais, beaucoup plus souvent, ils rapportent les faits de façon telle qu'ils les déforment. C'est ce que montrent deux journalistes du Monde diplomatique, Serge Halimi et Dominique Vidal, dans «L'opinion, ça se travaille(1)». Les exemples qu'ils analysent concernent la façon dont les principaux journaux français et la télévision ont rendu compte des guerres qui ont ravagé le Kosovo, l'Afghanistan et l'Irak. Mais les procédés de désinformation qu'ils mettent en lumière sont toujours d'actualité et valent bien au-delà des exemples cités.
Dépendant d'un groupe financier ou de l'Etat (la télévision), les médias sont toujours porteurs d'une idéologie, d'une vision de la société qu'ils défendent et propagent ou combattent. Ce qui, en soi, est parfaitement justifié : il n'y a pas de présentation «neutre» des faits sociaux et politiques, toute présentation répond soit à une exigence de vérité, soit à une volonté de taire ou de mentir. Toute lecture du réel implique une sélection, des critères, des concepts et suppose un jugement de valeur.
Mais ce qu'on doit dénoncer, c'est la soumission des médias occidentaux, entre autres français, aux puissances d'argent, leur dépendance à l'égard du pouvoir politique et, plus généralement, d'une opinion qu'une école très partiale – cf. l'enseignement de l'histoire – oriente dès l'enfance vers des positions de droite, toujours définies comme celles du «bon sens» et de la «juste mesure». L'un des procédés employés consiste à décrire la réalité sous un jour qui la rende acceptable – par exemple, à présenter toute intervention occidentale dans les pays arabes, en Libye, en Irak, au Mali, comme une intervention au service de la démocratie. Alors que les puissances occidentales se moquent de la démocratie, soutiennent les régimes dictatoriaux et s'efforcent d'écraser les révoltes populaires.
Elles n'interviennent pas pour éteindre un incendie, mais pour l'alimenter et l'exploiter.
D'emblée, par la façon même dont les médias nomment un fait révoltant pour tout démocrate, ils le neutralisent et le rendent acceptable. Ainsi en a-t-il été pendant la guerre d'Algérie : autant le terme de guerre risquait de provoquer l'opposition d'une grande partie de l'opinion, autant le terme «événements» – «les événements d'Algérie», titraient les journaux – conférait à la politique répressive du gouvernement français un air de normalité : il n'était pas scandaleux, pour le plus grand nombre, que le gouvernement se préoccupât du «rétablissement de l'ordre». La façon même dont les médias nomment l'adversaire le disqualifie : comme les moudjahidine pour les Français pendant la guerre d'Algérie ou les résistants français pour les Allemands lors de la Seconde guerre mondiale, il s'agit toujours de «terroristes». De tueurs sans foi ni loi, que les médias qualifient également d'islamo-fascistes ou d'islamistes – suggérant ainsi qu'islam et islamisme se confondent – à moins que, plus simplement, ils ne les traitent d'Arabes – les lecteurs comprendront immédiatement de quel genre d'individus il est question.
Ainsi, en 1991, Gérard Carreyrou, responsable de l'information à TF1, parle-t-il d'une «guerre du monde civilisé contre les Arabes» (2). Qui dit guerre dit bombardements, destructions, victimes. Des bombardements qui, dans le langage médiatique occidental, deviennent des frappes, ce qui paraît moins meurtrier et prend même un air thérapeutique quand on parle de frappes chirurgicales, à cette différence près, évidemment, que les «opérés» qui gisent sous les ruines d'immeubles, d'écoles, d'hôpitaux ne se relèvent jamais. Mais quelle guerre n'a pas ses bavures ? Mortes lors d'un combat ou d'un bombardement, les victimes n'ont pas toutes le même statut : si les téléspectateurs occidentaux ont appris que la seconde Intifadha a coûté la vie à un millier d'Israéliens, «combien savent que plus de 4500 Palestiniens y ont été tués ?»(3)
Systématiquement mensongers lorsqu'ils rendent compte des interventions européennes ou américaines dans les pays arabes et africains, la plupart des médias occidentaux n'informent pas mieux lorsqu'ils traitent des problèmes de société. Ils s'adressent moins à la raison du lecteur qu'à son émotivité ; ils se proposent moins de le faire réfléchir que de l'inquiéter ou lui faire peur. D'où cette abondance d'articles sur la drogue, l'insécurité, la montée du chômage, la sexualité des adolescents, en attendant celle des bébés, d'où cette ouverture fréquente des journaux télévisés sur un crime, un viol, un vol d'enfant, un avion qui s'écrase… De bons esprits déplorent régulièrement le parti pris et le bas niveau intellectuel d'un grand nombre d'Européens. Mais peut-il en être autrement quand l'école, qui n'instruit plus, les médias, qui n'informent guère, les politiques, qui prétendent parler vrai pour mieux mentir, bourrent d'inepties le cerveau des citoyens ?

-1)Editions Agone.
-2) S. Halimi et D. Vidal, op.cit.
-3) Ibid.


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