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pour les hôteliers de la côte, le tourisme sexuel est plus rentable que le tourisme estival
Mourad Kezzar. Auteur et expert en tourisme
Publié dans El Watan le 14 - 06 - 2013

-Pourquoi l'Algérie n'arrive pas à promouvoir sa destination ?
D'année en année, nous cumulons des retards. Développer une destination nécessite au moins une volonté politique, une stratégie de développement cohérente et des entreprises économiques, touristiques performantes. Nous n'avons même pas de statistiques touristiques. Beaucoup de bonnes décisions ont été prises mais à partir de fausses données. Et beaucoup d'incompétents continuent de berner toute une nation en jonglant avec les chiffres. Qui peut nous donner le nombre de nuitées passées par des vacanciers l'été 2012 dans les villes balnéaires ? A partir de là, comment, le 5 septembre 2013, allons-nous juger bonne ou mauvaise la saison 2013 ?
-Les agences de tourisme qui vendent la destination locale ne sont pas non plus très encouragées…
Les textes régissant les professions d'hôtelier et d'agent de voyages ainsi que la fiscalité ne sont pas suffisamment orientés vers la consécration du professionnalisme, d'une part, et de la préférence Algérie, d'autre part.Une agence de voyages qui fait dans le tourisme interne est abusivement taxée par le fisc, alors que celle qui envoie les Algériens en Tunisie ne paie rien au Trésor. Cela ne se passe qu'en Algérie ! Ensuite, il faut dire que l'offre culturelle actuelle est une finalité en elle-même et non un moyen de développement du pays. On a l'impression que les gens du secteur de la culture ont davantage l'obligation de dépenser l'argent que d'atteindre des objectifs. Par exemple : pourquoi organiser des festivals en été à l'intérieur du pays, alors qu'il serait plus rentable de le faire dans une ville balnéaire ?
-Le tourisme interne en Algérie est surtout balnéaire. Pourquoi ?
Au risque de déplaire à certains, aujourd'hui, pour une partie des hôteliers du littoral, le tourisme sexuel est plus rentable qu'une campagne estivale, à leurs yeux, un gouffre financier en raison des investissements nécessaires. En attendant la mise en place d'une caisse de garantie pour protéger les hôteliers contre d'éventuels agents de voyages mauvais payeurs, il est urgent d'initier une charte du tourisme durable et une convention cadre pour les hôteliers, les agents de voyages et les offices de tourisme. Et dans un partenariat public-privé, hôteliers et agents de voyages doivent se rapprocher des œuvres sociales pour développer un partenariat au service de la consommation nationale.
Autant le touriste algérien est libre de choisir sa destination, autant les comités des œuvres sociales sont appelés, par esprit syndical et patriotique, à encourager le made in Algeria. On est en 2013 et le moment est venu de définir l'activité en fonction du touriste. Aujourd'hui, l'Algérien est plus un excursionniste qu'un touriste. C'est-à-dire touriste d'une journée qui fait le trajet de l'intérieur vers la côte. Cela chamboule les définitions classiques, mais nous pousse à assumer nos responsabilités au lieu de les fuir. A ces milliers d'excursionnistes, offrons des conditions agréables. Créons dès l'année prochaine des routes de la mer, sur le modèle des routes de l'artisanat ailleurs, selon une démarche qualité autre que celle qu'on étouffe actuellement par les éternelles actualisations. Sur ces routes de la mer, installons des services de sécurité, des parkings, des sanitaires publics, des stations-service, des cafés, des restaurants… Les deux premières années, la priorité sera donnée à l'hygiène et la sécurité.
-L'investissement est-il suffisant ?
Le retard pris depuis des décennies dans le tourisme a été pris aussi dans les mentalités des professionnels. Il y a quelques années, on était encore dans une approche «produit». Deux discours destructifs cohabitaient : selon le premier, notre désert est le meilleur, le tourisme saharien algérien n'a pas de concurrent. Et c'est par lui que le développement touristique doit se faire. Selon le second, il suffit de construire des hôtels de luxe, d'augmenter le nombre de lits «classés», pour développer le tourisme. Le premier discours ramène notre Sahara à une rente. «Ne faites rien, juste un peu de pub, et la magie de notre Sahara fera le reste.»
Quant au second, et après avoir perdu beaucoup de temps, on sait aujourd'hui que ce qui a permis au tourisme de se développer dans le monde ce n'est pas l'hôtellerie, mais bien les avancées technologiques (train, routes, avion), les acquis socioéconomiques (congés payés, chèques voyage) et les apports du management (marketing). Je suis ravi de voir que le gouvernent vient de prendre conscience que ce ne sont pas les 4 et 5 étoiles dans les grandes villes du pays qui vont accompagner notre future industrie touristique mais bien l'hôtellerie de moyenne gamme. Ainsi, au vu de la situation actuelle du marché, le déficit en lits n'est pas si important. Il faut continuer l'effort mais tout en adaptant l'offre à la demande et veiller à ce qu'on ouvre bien des hôtels sur nos côtes et non des lieux de débauche qui feront fuir les touristes algériens et étrangers vers d'autres destinations.
-N'y a-t-il pas aussi un problème de comportement et de culture ?
En Algérie, le seul comportement qui fait défaut est celui du professionnel et du responsable. Nous n'avons pas de culture d'entreprise en général et d'entreprise touristique en particulier. Je suis sur le terrain depuis 1986 et le constat est le même ici comme ailleurs dans le monde : le citoyen répond plus ou moins bien à l'offre touristique selon si cette dernière lui apporte ou non de la valeur. Si l'installation d'un hôtel dans mon village balnéaire est synonyme d'ouverture d'un lieu de débauche, je ne peux que me montrer violent envers ce corps étranger.
Si, par contre, cet investissement est synonyme de création d'emplois, d'un plus pour l'économie locale, je ne peux qu'y adhérer. Les mêmes émeutiers qui demandent la fermeture d'hôtels suspects ouvraient grandes leurs maisons pour recevoir des touristes, même d'autres confessions, pour les inviter en famille autour d'un couscous. Ainsi, l'idée selon laquelle l'Algérien manque de culture touristique n'est pas aussi évidente. Ce qui manque, c'est un environnement favorable à l'émergence d'une économie touristique, une entreprise touristique dans laquelle les employés se reconnaissent et un fait touristique auquel les citoyens s'identifient.
-Que faut-il faire réellement pour arriver au même stade que la Tunisie ou le Maroc ?
La Tunisieet le Maroc, pour ne citer que ces deux pays, ont mis en place une offre touristique qui répond à une demande cernée et évaluée. Mais nous ne devons surtout pas faire du «copier-coller». Le management nous donne des outils d'analyse et d'aide à la prise de décision pour développer notre tourisme. Faisons confiance en la science et en nos compétences.
-Est-ce que la conjoncture actuelle dans la région profite à la destination Algérie ?
Ce n'est pas aussi évident, car ce qui développe le tourisme ce n'est pas la beauté d'un site ou la catégorie des hôtels, mais une politique cohérente et des entreprises performantes. Nous ne sommes pas dans une élection politique où l'on va choisir le moins mauvais des candidats. Je pense que c'est l'inverse qui risque d'arriver. Un éventuel déclin de l'image de la Tunisie et du Maroc peut enterrer définitivement la destination Algérie. Mais si en ces temps de turbulences, l'Algérie arrive à capter le regard des touristes étrangers, cela permettra au moteur touristique du Maghreb de rester en marche pour démarrer une fois la zone de turbulences traversée.


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