Iran: Téhéran déterminé à poursuivre sans relâche sa riposte face aux agressions sionistes    L'ANS souligne le rôle des médias dans la sensibilisation à l'importance du don de sang    Agrément à la nomination du nouvel ambassadeur d'Algérie au Koweït    Accidents de la route : 50 morts et 1836 blessés en une semaine    Ouverture à Alger de l'exposition collective "Héritiers de la lumière"    Relizane : le Moudjahid Abed Salmi inhumé à Mazouna    Agression sioniste contre Ghaza : le bilan s'alourdit à 55.493 martyrs    Hydrocarbures : ouverture des plis des compagnies participant à l'"Algeria Bid Round 2024"    Sonatrach : approbation du bilan annuel et financier 2024 lors de l'Assemblée générale ordinaire    Commerce extérieur : le ministère appelle les sociétés d'importation à fournir une liste de documents avant le 31 juillet    Palestine occupée : plus de 16000 étudiants tombés en martyrs depuis le 7 octobre 2023    La télévision d'Etat annonce une nouvelle salve de missiles contre l'entité sioniste    L'USMA stoppe l'hémorragie, l'USMK enchaîne    La DG de la Communication dément la tenue de toute entrevue médiatique entre le Président de la République et des organes de presse étrangers    La technologie Oled décryptée pour les journalistes algériens    Entre modernité et modalités d'accession et de relégation    Gattuso devient l'improbable homme providentiel    Vers une régulation moderne des importations et exportations    Quels impacts le classement du GAFI (Groupe d'action financière) sur la liste grise et noire dans la lutte contre la corruption ?    La première journée des épreuves marquée par une bonne organisation dans les wilayas de l'Est du pays    « Lorsque l'intérêt d'Israël est en jeu, l'Amérique oublie tous ses principes »    Le site nucléaire iranien de Natanz subit des dommages superficiels    Une date célébrée à travers plusieurs wilayas de l'est du pays    APN: les textes adoptés renforcent l'assise législative et institutionnelle de secteurs stratégiques    Ligue 1 Mobilis: l'USMA stoppe l'hémorragie, l'USMK enchaîne    Futsal: dernier module de la formation fédérale du 28 juin au 2 juillet à Tipasa    Journée mondiale de l'enfant africain: le ministère de la Solidarité nationale organise une cérémonie au Jardin d'essai du Hamma    Festival national du théâtre comique: 7 pièces sélectionnées pour décrocher la "grappe d'Or"    Foot/CAN féminine 2024 (décalée à 2025) : début du stage des Algériennes à Oran    C'est parti !    Ghaghaa, la fontaine oubliée... ou l'art d'assoiffer la mémoire    Les lauréats de l'édition 2025 couronnés    Des chercheurs ont créé un outil pour repérer les ouvrages toxiques    L'Autorité nationale indépendante de régulation de l'audiovisuel met en garde    L'Algérie est en mesure de relever toute sorte de défis !    Une série d'accords signés entre l'Algérie et le Rwanda    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Sur la piste du guépard de l'Ahaggar
Il est l'un des derniers grands prédateurs du Sahara
Publié dans El Watan le 02 - 11 - 2013

Son pelage très clair, moucheté de taches noires ou ocres, est un camouflage parfait pour le désert. Sa silhouette élancée est celle d'une ombre qui se fond parfaitement dans un paysage rocailleux ou sablonneux.
Tamanrasset.
De notre envoyé spécial
Le dernier des grands carnivores du Sahara central est devenu, ces dernières décennies, une légende que l'on se plaît à évoquer entre deux thés, le soir autour d'un feu. Un fantôme plus proche du mythe que de la réalité. Certains nomades affirment avoir aperçu sa silhouette féline dans un oued à acacias, d'autres soutiennent avoir perdu un chamelon ou un chevreau sous ses griffes acérées. Pour beaucoup, en revanche, Amayas, le guépard de l'Ahaggar, était une espèce éteinte, du moins jusqu'en 2004. Cette année-là, une jeune femelle, s'étant aventurée un peu trop près de leurs troupeaux, a été capturée par des nomades. Alertés, les responsables de l'OPNA (Office du parc national de l'Ahaggar), se sont déplacés sur les lieux pour prendre le fauve en photo avant de le relâcher dans la nature. Il faut croire que celui-là a eu beaucoup de chance tant, en général, les nomades ne sont guère indulgents avec les prédateurs qui s'en prennent à leur bétail.
La capture de la jeune femelle dans la Tefedest confirme donc, de façon éclatante, la présence du guépard dans l'Ahaggar.
Mieux encore, l'année suivante, en 2005, une analyse génétique des fanges de carnivores collectées dans l'Anhef, réalisée dans le cadre d'un inventaire de la faune, a permis d'identifier avec certitude la présence du guépard et du léopard dans la région. Farid Belbachir, un biologiste de l'université de Béjaïa, se lance sur les traces du guépard dans le cadre d'une thèse de doctorat en anthropologie biologique à l'University College London. Après la signature d'une convention de collaboration entre l'Office national du parc culturel de l'Ahaggar et la Faculté des sciences de la nature et de la vie de l'université de Béjaïa. En 2008, une mission de collecte des indices est montée pour réaliser un essai d'estimation de la densité de la population du guépard et du domaine vital des individus. L'OPNA et le ministère de la Culture offrent la logistique d'une expédition qui prend très vite des allures d'une grande aventure dans l'inconnu. Traquer un animal aussi insaisissable sur un territoire aussi vaste revenait à chercher un poil de chameau dans une meule de foin. Le GPS est indispensable pour se repérer dans ces immensités désertiques. La mission confirme on ne peut plus clairement l'existence de cet animal emblématique qu'est le guépard.
Un félin qui joue à cache-cache avec les chercheurs
Une deuxième mission sur le terrain est alors montée en 2010. Elle dure trois mois. Une quarantaine de camera-traps, des pièges photographiques qui se déclenchent par détecteur de mouvement, sont disséminés sur un territoire de 2800 km2. Notre félin est un sacré baladeur aux longs parcours. Les caméras sont fixées dans des lieux bien étudiés : des oueds aux acacias à Tamarix et à des endroits susceptibles d'abriter les prédateurs. Les pièges sont relevés en moyenne tous les 15 jours : vérification des batteries puis lecture et copie sur ordinateurs portables des données des cartes mémoire. On fait également l'inventaire des indices et autres signes de présence comme les fanges que l'on recueille soigneusement. Un travail épuisant qui est effectué dans des conditions de chaleur et de froid extrêmes du Grand Sud. «C'était un travail extrêmement dur. Nous étions dans un état de fatigue permanent», se rappelle Farid Belbachir, rencontré à Tamanrasset lors de la projection d'un film documentaire consacré à cette recherche. L'autre Farid, Ighilahriz de son nom et directeur du parc de l'Ahaggar de son état, à l'époque de cette quête éperdue dans le désert, avait également jeté toutes ses forces et toutes ses ressources dans la réussite du projet.
A chaque passage, le félin laisse des traces de sa présence. Il semble jouer à cache-cache avec les chercheurs et guides touareg qui le pistent. Amel Belbachir Bazi, l'épouse de Farid, est chargée d'échantillonner chaque indice recueilli sur le site. De retour au laboratoire, elle s'occupera d'extraire l'ADN de chaque espèce à partir des précieuses fèces de carnivores qui sont collectées dans des sacs en plastique.
Il s'agit de dresser la carte de la richesse spécifique des carnivores de la région et de déterminer la structure génétique de la population des guépards présente dans la région.
Des renards, des chacals dorés, des gazelles, des mouflons…
L'angoisse et le cœur qui bat au moment fatidique où l'on découvre les images prises par les pièges photographiques. Le suspense est de mise comme dans un thriller haletant où le détective part à la recherche d'un fugitif particulièrement intelligent. Le guépard est un animal rare qui ne se laisse pas piéger facilement. Les images donnent à voir des lièvres, des renards de Rüpell, des chacals dorés, des gazelles dorcas, des mouflons à manchettes, etc. C'est toute la faune du désert qui défile, mais point de guépard. Jusqu'au jour où, enfin, l'Amayas est là.
Une, deux, trois, quatre photos... L'équipe recueille une bonne quantité de clichés du plus célèbre prédateur qui couronne la chaîne trophique de l'Ahaggar. Si l'expédition est un succès, elle ne révèle pas moins l'existence de cas de braconnage sur le mouflon et la gazelle.
Quelles sont les chances de maintien du guépard dans son milieu naturel ? «Il faut un minimum d'espèces proies-clés pour son maintien durable», estime notre chercheur. «La mise en danger actuelle de la gazelle dorcas et du mouflon à manchettes ainsi que la disparition de la gazelle dama rendent un peu plus minces ses chances de survie», déclare-t-il encore. Farid Belbachir estime également que la situation est différente de ce qu'elle peut être dans les parcs nationaux de Serengeti (Tanzanie) et Kruger (Afrique du Sud) où le guépard est en compétition avec le lion et la hyène tachetée, compétiteurs féroces qui chapardent souvent ses proies et n'hésitent pas à tuer une grande partie des nouveaux nés et des jeunes guépards. «Ici, dans l'Ahaggar, il est seul au sommet de la pyramide anthropique», souligne Farid Belbachir.
Un fauve d'une grande valeur écologique
Le chercheur suggère qu'il faudrait lutter efficacement contre le braconnage des gazelles et des mouflons sur le terrain et réintroduire les ongulés qui ont disparu de la région, afin de permettre à cet animal emblématique ainsi qu'à la guilde des grands carnivores prédateurs de survivre à long terme dans les régions de l'Ahaggar et du Tassili n'Ajjer. «Ses domaines vitaux sont immensément grands mais le complexe des aires protégées de l'Ahaggar et du Tassili n'Ajjer de par son étendue constitue l'espoir ultime pour la conservation durable de la plus grande population du guépard du nord-ouest de l'Afrique», dit-il encore. Les proies du prédateur doivent être abondantes et ses habitats sauvegardés. Et moins il est en contact direct avec les humains, plus il a des chances de survivre, pense le chercheur. Dans l'Ahaggar et le Tassili n'Ajjer, le guépard est le seul grand prédateur à vivre sans compétition. C'est un fauve d'une grande valeur écologique car, la présence de guépards dans l'Ahaggar est une preuve de la survivance d'espèces proies reflétant ainsi la santé globale de l'écosystème. Est-il alors possible d'estimer avec précision la densité du nombre de guépards dans l'Ahaggar ? Farid Belbachir estime qu'il faudrait pour ce faire, déployer des moyens logistiques, matériels et humains énormes.
Un chiffre toutefois : «Il s'agit de 250 individus matures pour l'ensemble de la région du Nord-Ouest de l'Afrique. J'ai personnellement réalisé l'évaluation du statut de conservation du guépard pour la région du Nord-Ouest de l'Afrique en 2008 à la demande du groupe des spécialistes des félins de l'UICN. Cette évaluation est basée sur une analyse de données bibliographiques demandant à être revue dans le futur. Elle a permis de classer la sous-espèce hecki (guépard du nord-ouest de l'Afrique) en 2008 au statut de ‘‘En danger d'extinction'' à celui de ‘‘ En danger critique d'extinction'' », dit-il.
Les images des caméras pièges révèlent l'existence d'autres prédateurs dans la région de l'Anhef. Les informations recueillies, notamment lors des entretiens avec les populations locales, suggèrent la présence d'autres espèces en attente d'identification. Notamment, et c'est une vraie surprise pour les scientifiques, un loup africain dont la présence dans le Nord-Est algérien et la région de l'Adagh-n-Foghas malien a été attestée par une équipe de chercheurs et publiée dans une revue internationale. Guépard, loup ou léopard, le désert algérien est tellement vaste qu'il pourrait réserver au monde encore de très belles surprises.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.