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«Les forces de l'Union africaine se donnent jusqu'à 2016 pour en finir avec les shebab»
Mahamat Saleh Annadif. Chef de la mission de l'UA en Somalie
Publié dans El Watan le 05 - 12 - 2013

Le représentant spécial du président de la Commission de l'Union africaine en Somalie, le Tchadien Mahamat Saleh Annadif, a une certitude : les forces africaines peuvent écraser le groupe terroriste Al shebab et sécuriser les principales villes de Somalie durant les deux prochaines années. En revanche, ce qui le préoccupe le plus, c'est la dynamique clanique qui continue encore à rythmer la vie politique somalienne et qui risque de rendre difficile la réconciliation intersomalienne. Malgré cet «os», le patron de la Mission de l'UA en Somalie, (Amisom), croit dur comme fer à la renaissance de la Somalie.
-Quel est exactement le mandat de l'Amisom ?
Le mandat de l'Amisom est celui d'imposer la paix en Somalie. Je dis bien imposer la paix. Contrairement aux missions classiques des Nations unies qui consistent à maintenir la paix, ce qui suppose une certaine neutralité et une non-utilisation de la force, l'Amisom a cette particularité d'être une mission d'imposition de la paix. Elle s'est battue sur le terrain contre les Tribunaux islamiques. Maintenant, elle le fait contre les shebab, qui ont voulu imposer un Etat basé sur un nombre de principes, dont la stricte application de la charia. Ce dernier groupe s'est par la suite affilié à El Qaîda. Grâce aux sacrifices des Africains, la Somalie est en train de renaître.
-Pourquoi l'Amisom concentre-telle ses opérations uniquement dans le sud du pays (Mogadiscio et Jubaland) et ne s'intéresse pas au nord, c'est-à-dire au Puntland ou au Somaliland ?
L'Amisom couvre toute la Somalie, excepté le Somaliland qui, après la chute de Mohamed Siyad Barré, a déclaré son autonomie. Ses dirigeants de l'époque avaient soutenu qu'ils ne se reconnaissaient pas dans une Somalie unitaire. Dieu merci, 20 ans après cette déclaration d'indépendance, le Somaliland n'est reconnu par aucun pays. L'Union africaine, qui fonde sa politique sur le principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation, y a toujours fait barrage. A part cela, l'Amison couvre toute la Somalie, y compris le Puntland. D'ailleurs, il doit bientôt y avoir des élections. Le Puntland reconnaît le gouvernement fédéral et l'actuel Parlement qui est représentatif de toute la Somalie. Mais je vous rassure. Dans le cas du Somaliland, il y a un travail qui se fait pour tenter de faire changer d'avis à ses dirigeants. Des pourparlers sont menés par le biais de la Turquie entre le Somaliland et la Somalie fédérale pour essayer de trouver un compromis.
-Qu'est-ce qui vous fait croire réellement que la Somalie est en train de renaître ?
Ce sont les faits. Quand l'UA a lancé ses opérations en 2007, Mogadiscio était sous l'emprise des Tribunaux islamiques. Il n'y avait alors aucune administration centrale ou fédérale. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Les principales villes du pays sont sous le contrôle de l'Amisom. A chaque fois que nous en libérons une, elle est mise à la disposition du gouvernement fédéral qui met en place une administration provisoire. Par la suite, des élections sont organisées. A l'exception de certaines zones rurales encore sous contrôle des shebab, tout le reste du pays est maîtrisé par nos forces. Battus sur le plan militaire, les shebab ont maintenant opté pour la guérilla et les attaques suicides. Ils n'ont plus la capacité de nous affronter de manière frontale.
-Est-ce suffisant, pour vous, pour parler de victoire ?
Une chose est sûre, la Somalie existe aujourd'hui. Elle a retrouvé sa place au sein de l'Union africaine et elle est à nouveau reconnue au plan international. Beaucoup de conférences internationales lui sont consacrées. La dernière en date s'est déroulée au mois de mai dernier à Londres. Le 16 septembre, à Bruxelles, tous les partenaires de la Somalie se sont rassemblés et ont adopté un plan d'aide au développement de la Somalie. Une autre preuve de ce retour : l'aéroport de Mogadiscio accueille quotidiennement 20 vols internationaux. Ce n'est pas peu pour un pays qui était complètement isolé durant les années 2000. Sur le plan interne, les vols reliant Mogadiscio à Kismayo, Baidoa ou Beledweyene ont aussi repris. Ce qui est aussi un bon signe, c'est que beaucoup de Somaliens de la diaspora commencent à revenir. Si vous faites un petit tour au centre-ville de Mogadiscio, vous remarquerez que la capitale commence à se reconstruire et qu'il y a de la vie. Le soir, Mogadiscio est même plus éclairée que certaines capitales africaines que j'ai eu à visiter. L'Etat c'est quoi ? C'est un territoire et une population. Il y a aujourd'hui un Etat qui gouverne sur un territoire. C'est vrai qu'il y a une rébellion. Mais dans quel pays n'y en a-t-il pas ? La Somalie existe. Des perspectives prometteuses s'ouvrent devant elle, car c'est un pays qui a un gros potentiel et qui est extrêmement riche.
-Pour vous, l'Amisom a-t-elle réussi sa mission ?
L'Amisom est en train de réussir sa mission. Mais le travail ne sera vraiment terminé que le jour où la nébuleuse Al shebab sera complètement anéantie. Nous avons toutes les raisons de penser que nous pourrons en venir à bout d'ici 2016. Il est important que le travail soit fait. Je vous rappelle qu'en 2016, il est prévu des élections générales à travers tout le territoire somalien. Notre vœu est que nous puissions réussir ces élections qui seront libres et démocratiques. La mission de l'Amisom n'est pas seulement celle de libérer la Somalie du groupe Al shebab et d'aider les Somaliens à se réconcilier, il s'agit aussi de former les forces nationales somaliennes de sécurité pour qu'elles puissent prendre le relais le moment venu. Il faut savoir que nous ne resterons pas en Somalie éternellement. En 2016, nous allons organiser des élections et passer le relais à qui de droit. Il faut penser dès maintenant à une stratégie de retrait de l'Amisom.
-2016… Pensez-vous que tout cela sera vraiment possible ?
Je suis optimiste. Nous pouvons accomplir ce travail en moins de trois ans même. La dernière résolution adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies nous a mandatés pour accroître nos forces de trois bataillons d'infanterie mobile, que nous allons déployer sur le terrain.
Autre élément important, l'ONU nous a autorisés à disposer de 6 hélicoptères de combat et de 6 autres hélicoptères spécialisés dans le transport de troupes. Avec ces moyens supplémentaires, nous avons toutes les raisons d'espérer que nos objectifs seront atteints. Pour nous, 2014 sera une année cruciale et décisive. Les shebab peuvent être vaincus. Il n'y a pas de doute là dessus. Mais cela ne veut pas dire que la violence disparaîtra dans les mêmes délais. Les shebab resteront probablement pendant un temps encore un mouvement terroriste marginal. Ils continueront peut-être à faire des attentats. Mais ce qui m'intéresse, c'est que les Somaliens prennent conscience qu'ils ne doivent plus s'entretuer. C'est ça qui est le plus important, car c'est cela qui garantira l'avenir de la Somalie.
-L'Amisom est une mission d'imposition de la paix. Est-ce à dire que les portes de dialogue avec les shebab sont fermées ?
La plupart des guerres se sont terminées avec un accord politique. Les shebab sont porteurs d'une idéologie fondamentaliste et djihadiste avec laquelle la cohabitation est impossible. Aujourd'hui, il y a des mains tendues. Les shebab sont constitués de deux catégories : il y a les leaders et ceux qui, pour une raison ou pour une autre, les suivent ou les soutiennent. Pour ces derniers, les portes sont ouvertes. L'actuel président somalien, lorsqu'il est arrivé au pouvoir, a déclaré que la main de la réconciliation était tendue.
Cette réconciliation peut aussi s'appliquer aux leaders des shebab, mais à condition qu'ils renoncent à l'action armée, au djihadisme. Il est important aussi qu'ils reconnaissent l'intégrité du pays, le pouvoir en place et le caractère laïc de l'Etat. Si ces conditions sont respectées, nous sommes prêts à signer un accord de paix dans l'heure qui suit. C'est ce que nous leur disons tout le temps.
-Tous les observateurs craignent de voir les clans constituer un obstacle à la paix. L'Amisom se soucie-t-elle de la modernisation de la vie politique somalienne ?
C'est ma plus grande hantise. Cette dynamique de clans nous fait passer des nuits blanches. Elle est réelle. Il faut l'affronter. Ne pas en tenir compte serait méconnaître la Somalie. C'est une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Je ne pense pas qu'il existe un pays africain où le poids du clan, de la tribu et de la communauté soit aussi fort qu'ici. C'est un grand défi.
Les shebab vont être vaincus. Il n'y a même pas de doute. Maintenant, il s'agit de faire en sorte que le spectre de ces guerres tribales ne puisse pas refaire surface. Le défi est lancé à tous les amis de la Somalie. C'est pour cela d'ailleurs que le mandat de l'Amisom inclut aussi la réconciliation des Somaliens. L'Amisom a une composante civile qui ne ménage aucun effort pour aider les Somaliens à se réconcilier. Il y a un travail de sensibilisation et d'information qui se fait pour que le Somalien arrive à dépasser sa région et son clan. Je reconnais que ce n'est pas facile.
-A ce point vraiment…
Oui à ce point ! «Si une montagne tombe sur toi, le clan peut toujours la soulever. Si un clan tombe sur toi, il n'y a que Dieu qui peut te sauver». Ce proverbe local confirme d'ailleurs cette réalité. Le changement dont vous parlez demandera du temps. Il faut du temps pour parvenir à faire sortir nos frères somaliens de cette logique clanique et à accepter un certain nombre de principes universels. L'enjeu consiste à faire en sorte que l'Etat parvienne à remplacer le clan. L'idée est d'arriver à quelque chose du style : «Si le clan tombe sur toi, l'Etat peut te protéger».
Si cela se produit, cela voudra dire que nous avons réussi. Les gens suivront, s'ils voient que quelque chose peut remplacer le clan, qui peut les protéger. Le président somalien et son Premier ministre doivent donner l'exemple. Je leur dis souvent de se détacher de leur clan et de montrer aux autres Somaliens que vous êtes d'abord Somaliens, que vous êtes là pour tout le monde. Se sentir Somalien avant toute autre chose, c'est cela la solution du problème.


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