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Polyphonie africaine
Anthologie . «Paroles d'auteurs» de Nathalie Philippe
Publié dans El Watan le 22 - 03 - 2014


Talent ne rime pas toujours avec médiatisation.
Dès qu'on parle littérature africaine, quelques noms s'imposent à l'esprit : Camara Laye, Léopold Sédar Senghor, Kateb Yacine, Ahmadou Kourouma, Wole Soyinka, Rachid Boudjedra, Alain Mabanckou, Eugène Ebodé, etc. Mais la littérature de notre continent recèle aussi des talents moins connus mais dignes successeurs de la génération qui a donné aux lettres africaines un retentissement universel.
C'est dans cette optique de découverte que s'inscrit l'ouvrage de Nathalie Philippe intitulé Paroles d'auteurs*. Le livre permet à plus de vingt-deux écrivains et intellectuels d'Afrique, de l'océan Indien et des Caraïbes, de s'exprimer. Cette anthologie, qui se lit dans une continuité heureuse, nous fait vadrouiller dans différents pays, mettant en avant des imaginaires riches aux reliefs contrastés.
L'auteure qui connaît bien le sujet par son travail universitaire et son investissement dans le magazine on-line «Cultures Sud», plongent les lecteurs dans des œuvres inédites et des univers fascinants. Ce long voyage contient nombre de surprises. Les propos recueillis s'avèrent pleins de poésie et d'une vision du monde pertinente qui rompt avec les discours formatés qu'on entend d'habitude dans les médias ou certaines revues littéraires. La première à prendre la parole dans cette chorale symphonique est la philosophe, essayiste et romancière ivoirienne Tanella Boni. Cette infatigable intellectuelle qui vit en exil ne cesse de dénoncer la condition faite aux femmes en Afrique à travers ses différents écrits. Son essai au titre évocateur, Que vivent les femmes ? (Ed. Karthala, 2001), extirpe la femme africaine de l'emprise des stéréotypes et idées reçues qui empoisonnent son quotidien. Son souhait est d'écrire un essai «sur la bêtise humaine que l'on croise, en mots et en actes, tous les jours sur le continent africain».
Le périple de l'ouvrage continue et prend la route du Sahel pour faire halte au bord du fleuve Niger où nous attend Adamou Idé. Ce poète nigérien écrit dans une langue française très précieuse et cela se lit dans son dernier roman, Camisole de paille (Ed. La Cheminante). Dans son livre, il raconte l'histoire de Fatou, jeune femme née dans un petit village du Niger. Nathalie Philippe écrit à propos de l'œuvre d'Adamou Idé : «L'humour et l'art de la caricature permettent de dépeindre en couleur la gravité des situations qu'il évoque dans ses écrits».
Le lecteur découvre ensuite le penseur camerounais Achille Mbembé, intellectuel de réputation mondiale dans le domaine des études postcoloniales. Il apporte par son propos et son regard original des analyses qui ne plaisent pas beaucoup dans les anciennes métropoles d'empires. Dans son ouvrage, Sortir de la grande nuit, essai sur l'Afrique décolonisée, il affirme notamment : «Les raisons pour lesquelles les études postcoloniales ont pris du retard en France sont à la fois culturelles, politiques et épistémologiques. Une fois la décolonisation achevée, la France est en effet rentrée dans une sorte d'hiver impérial. Celui-ci s'est traduit par un recentrement hexagonal de la pensée qui l'a tenu à l'écart des nouveaux voyages planétaires de la pensée».
De son côté, le Béninois Jacques Dalodé, ingénieur de formation, est décrit comme un jeune écrivain de plus de soixante ans. Il donne quelques pistes de compréhension sur son roman, Très bonnes nouvelles du Bénin (Ed. Gallimard, 2011). Cet écrivain souhaite notamment que son «livre fasse découvrir quelques éléments d'un petit coin d'Afrique, le Bénin, et qu'il soit expressif même pour ceux qui n'y ont jamais été».
La Sénégalaise Fatou Diome a eu un parcours très difficile avant de parvenir à publier en France, Le ventre de l'Atlantique et Celles qui attendent. Son œuvre est marquée par la nostalgie du pays natal et les conditions de vie difficiles des exilés africains en Europe.
Après ces pérégrinations africaines, le lecteur se retrouve à Haïti en compagnie de l'écrivain Louis-Philippe Dalembert. Né en 1962 à Port-au-Prince, son œuvre a été traduite dans plusieurs langues. Son dernier roman, Noires blessures (Ed. Mercure de France) parle des thématiques de domination dans les pays qui ont connu l'esclavage. Le Guadeloupéen Ernest Pépin fait partie de ce long périple, car il possède une œuvre très riche. Nathalie Philippe le présente comme un poète et romancier dont «l'œuvre prolifique et patrimoniale, empreinte de créolité, de retours aux sources africaines de la Caraïbe et de ses traditions magico-religieuses, interroge l'état actuel de la société guadeloupéenne et plus largement caribéenne dans son ensemble».
Enfin, le voyage se termine dans l'océan Indien, aux îles Maurice, où l'on retrouve Ananda Devi qui a construit une œuvre très riche composée d'une quinzaine d'ouvrages, dont le dernier s'intitule Les jours vivants, roman qui évoque l'amour de jeunesse d'une vieille dame. Cette anthologie a le mérite de faire connaître des auteurs peu médiatiques qui créent des œuvres de qualité dans la discrétion.

*Nathalie Philippe, «Paroles d'auteurs». Ed. La Cheminante, (Ciboure, France), 2013.


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