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Boycott, tension et profonde angoisse à Béjaïa
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Publié dans El Watan le 19 - 04 - 2014

Béjaïa s'est réveillée, hier, avec le même voile de profonde angoisse qui l'avait étreinte la veille.
Les foyers de tension qui se sont éteints dans certains coins ont repris dans d'autres comme à Souk El Tenine où des manifestants étaient aux prises, en fin d'après-midi d'hier, avec les forces de l'ordre qui ont usé de gaz lacrymogènes. Au même moment à Tichy, des jeunes sont revenus à la charge et ont brûlé des pneus sur la RN9 à hauteur du quartier Baccaro. Les inquiétudes de lendemains incertains demeurent après une élection majoritairement boycottée. 405 192 inscrits sur le fichier électoral n'ont pas voté à Béjaïa, ce qui représente l'énorme taux de 77%.
Des non-votants lassés par «l'inutilité» des précédentes consultations électorales. Il y a là un énorme vivier électoral qui a grandi, comparé à la dernière présidentielle d'avril 2009 où seulement 29% de Bougiotes avaient voté. En avril 2004, l'écart est encore plus grand avec le faible taux de 16,64%. Le scénario n'étonne plus puisqu'il se reproduit habituellement même au-delà du territoire de la wilaya, s'étendant à toute la région de la Kabylie qui a une relation particulière, tumultueuse parfois, avec le pouvoir. D'aucuns ont déduit que le lien de confiance est rompu avec le pouvoir par la force des multiples crises et épisodes regrettables de 1963, 1980, 1998 et 2001. Mais aussi par la force de déclarations provocantes comme celle de 1999.
Au chiffre des non-votants, il faudra ajouter un autre chiffre non moins significatif, celui des 15 718 bulletins nuls recensés cette fois-ci. Les deux témoignent d'un même état d'esprit. Jeudi, les rues n'ont pas porté les habituelles grosses foules des week-ends et un grand nombre de commerçants ont préféré ne pas ouvrir leur boutique. Le calme qui a régné, surtout pendant la matinée, trahissait un sentiment d'appréhension perceptible tout au long de la campagne électorale. «Je resterai chez moi», nous disait, la veille, une jeune femme. Dehors, la présence féminine a été, en effet, très rare. Le temps ne se prêtait pas au lèche-vitrines.
La présence policière était, elle, très remarquée, devant et à l'intérieur des bureaux de vote. Au CEM Naciria, adossé à la direction de l'éducation et voisin du siège de la wilaya, nous avons compté une dizaine de policiers en uniforme. A côté du commissariat central, une file de véhicules des forces antiémeute garés, discrèts, prête à répondre à tout ordre de faire mouvement. Elle restera au repos toute la journée, dont le calme a grandement contrasté avec le bouillonnement dévastateur du 5 avril dernier. Ce ne sera pas, cependant, le cas de certains de leurs collègues mobilisés dans d'autres localités de la wilaya. La veille, à Guendouz (Aït R'zine), les forces antiémeute ont eu fort à faire face à des manifestants qui ont envahi le siège de l'APC pour en sortir les 19 urnes destinées à cinq centres de vote, et les brûler.
Le lendemain, les autorités ont pu se procurer d'autres urnes, révélant ainsi l'existence d'un stock dont on pourrait s'interroger sur le motif de sa constitution. Le feu de Guendouz éteint, un autre brûlait une centaine de kilomètres plus loin. Dans le populeux quartier de Baccaro, à Tichy, des jeunes manifestants sont entrés, dans la nuit, dans un centre de vote situé à l'intérieur d'un CEM qu'ils ont saccagé. La nuit a été encore plus mouvementée après l'intervention des forces de l'ordre et l'usage des gaz lacrymogènes. Le jour du vote, les esprits se sont plus ou moins apaisés. Si pendant les locales, on préférait se mobiliser le matin pour aller voter, jusqu'à 11h, ce jeudi, à peine 28 198 votants sur le demi-million d'inscrits. Les portes de certains centres de vote n'ont pas été grandes ouvertes, il fallait les pousser après que des regards alertes aient scruté l'électeur. Le danger de perturbation était dans tout mouvement.
Les urnes presque vides
Sans empêchement, vers 13h, un peu plus de 37 000 autres électeurs se sont dirigés vers les bureaux de vote de la wilaya. Le taux de participation grimpe de 7 points en l'espace de trois heures. C'est à Draâ El Gaïd qu'on vote le plus. Les taux les plus élevés de Béjaïa ont toujours été obtenus dans cette région de la wilaya où le FLN compte une base respectable. Cette fois-ci, elle a profité, en gros, au candidat Ali Benflis. Sur ce même littoral est, les taux sont en dents de scie. On ne vote pas beaucoup à Tichy. Les incidents de la veille n'ont pas repris dans la journée, mais sont apparus loin de la côte, dans la commune de Feraoun.
La cible est cette fois-ci un centre de vote d'Iguer Guendouz que des jeunes ont investi devant l'impuissance des policiers. La fuite d'un manifestant portant une urne a été l'image insolite de cette élection. L'urne contenait un maigre suffrage puisqu'on ne s'est pas bousculé pour voter à Feraoun. A cette heure de la journée, sur les plus de 10 000 inscrits sur le fichier électoral de la commune, moins de 1000 ont voté. Dans la ville de Béjaïa, ce n'est pas non plus le rush. L'école Boucherba, aux quatre chemins, est un centre de vote «particulier». C'est là que votent les militaires de la caserne voisine. 15% de votants pendant la matinée, affirme à El Watan le chef de centre. «On ne peut pas savoir qui a voté», nous répond-il.
D'autres citoyens, des civils, votent aussi dans cette école primaire. Au milieu de l'après-midi, nous croisons un groupe de femmes au sortir du centre d'El Hammadia. «C'est maintenant que les femmes votent, une fois les tâches ménagères terminées», commente une femme mobilisée pour l'élection. Les rémunérations pour les postes dans les centres et bureaux de vote en ont alléché plus d'un, même des élus de l'APW ont demandé à y être affectés. Dans la vieille ville, sur les hauteurs de Béjaïa, l'intérêt est porté sur le lycée Ibn Sina. Dans ce quartier, l'élection a déjà souri à Bouteflika, sans que toute sa population lui soit acquise. Naturellement, Ibn Sina a été la destination des caméras de télévision, dont celles de l'ENTV.
Sur les écrans de télévision, le wali en gros plan. Des images aussi du directeur de campagne de Bouteflika et de son adjoint, le maire de Béjaïa, en train de voter. Plus de 20 000 votants dans la ville, dans l'après-midi. Au moment où, à Tichy on peine à dépasser la barre des 800, à Tinebdar les 650 et Sidi Ayad les 400, 98 000 bulletins glissés et 18,63% de participation à 17h. On avance à la même cadence, dans la moyenne des 6/7 points. Le vote se déroule toujours dans le calme. 19h, heure de clôture. Cette fois-ci, pas de prolongement. Il n'y a rien à espérer des boycotteurs, aucun espoir qu'ils changent d'avis. Dans certains coins de la wilaya, la fin du scrutin a été houleuse.
A Boudjellil, des manifestants se sont accaparés des urnes qu'ils ont saccagées après que les PV de dépouillement aient été établis. A Sidi Aïch, des jeunes se sont attaqués au siège de l'APC dans la soirée au même moment où, à Akbou, un groupe a barricadé la RN26 en brûlant des pneus. L'émeute a repris de plus belle à Tichy où les manifestants s'en sont pris à un autre centre de vote, avant que les forces antiémeute n'interviennent avec des gaz lacrymogènes.
Dernier taux : 23,58%, rectifié dans la soirée à 23,44%. 124 026 votants. Nous prenons la destination du CEM de Naciria pour assister au dépouillement. L'accès n'est pas libre au public. «Le vote est fini», nous apostrophe un policier. A l'intérieur, les bureaux, qui grouillent de monde pendant les locales, rendent l'écho des voix de leur personnel. Aucune trace des observateurs des candidats. «C'est une question de moyens. On ne sait même pas s'ils vont nous payer», nous répond un jeune représentant du candidat Benflis. De quoi permettre des dépouillements à huis clos. Là, la transparence de l'élection est difficilement vérifiable.
Dans ce centre, comme dans plusieurs autres dont le lycée d'El Hammadia, Ali Benflis est sorti gagnant. A la permanence du candidat, on compte les communes où celui-ci a triomphé : Kherrata, Souk El Tenine, Melbou, Tamridjet, Darguina, Tichy, Aokas, Oued Ghir, Toudja… La côte Est a voté Benflis. Mais à la permanence de Bouteflika, on se prépare à assister aux feux d'artifice que le maire, Merouani, promet de faire lancer du haut du mont Gouraya. Les résultats préliminaires accréditent Bouteflika de 44,14% des votants, soit 47 806 voix, et Benflis de 43,27% avec 46 870 voix. Presque un remake du coude-à-coude de 2004 (38,28%-35,91%). Louisa Hanoune, en troisième position, a gardé ses 5%, reculant de quelques points (5,05%) et Rebaïne a engrangé un tout petit point (2,31%) et devance le malchanceux Moussa Touati, sixième, dont le millier de votants qu'il a convaincu n'ont pas suffi pour compter 1%. Abdelaziz Belaïd s'adjuge la quatrième place avec 4,28%.


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