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«Les rapports de force risquent de profiter aux milieux mafieux»
Belkacem Boukherouf. Universitaire
Publié dans El Watan le 01 - 06 - 2014

-La plus importante organisation patronale du pays, le FCE, est minée par de graves conflits d'intérêts ? Comment analysez-vous cette situation de crise qui touche directement les milieux d'affaires ?
Je ne pense pas que ce soit une crise liée seulement à des conflits d'intérêts. C'est encore plus grave. Cette crise est révélatrice d'une crise d'identité entrepreneuriale que notre élite industrielle ne veut pas ou ne peut pas acquérir ou construire. La crise qui secoue le FCE est juste arrivée à maturité puisqu'elle ne date pas d'aujourd'hui. Son alignement sur des positions politiques non consensuelles a aggravé la crise de confiance qui y régnait depuis bien longtemps.
Depuis la dernière assemblée générale élective, rien n'est resté en l'état : la représentativité de ses leaders a été sérieusement réduite, faute d'avoir pu mobiliser les jeunes entrepreneurs et les promoteurs des PME. En second lieu, la crédibilité de cette institution a définitivement été entachée avec l'arrimage forcé de cette organisation au soutien forcé de la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un 4e mandat. Le principe du caractère non partisan de l'organisation patronale a été violé et cela a conduit à un effondrement de l'équilibre, déjà fragile, qui a régné pendant longtemps parmi ses membres. La démission médiatisée du patron de NCA-Rouiba n'a pas fait bouger trop les choses, mais en lui emboîtant le pas le patron de Cevital a fini par dévoiler ce malaise et cette crise longtemps dissimulés.
Mais en réalité, ceci démontre surtout l'incapacité d'un acteur fondamental de la construction de la stratégie économique nationale — il y participe via la tripartite en s'imposant comme le représentant des apporteurs de capitaux — à s'accommoder de la culture du consensus et de la neutralité politique. On fait comme si la survie d'une institution n'est due qu'à l'allégeance qu'elle doit exprimer aux puissants du moment.
-Certains hommes d'affaires ayant démissionné du FCE affirment qu'il y a aujourd'hui une véritable chasse aux entrepreneurs intègres. Le pays serait-il ainsi entré dans une sorte de ruée vers l'accaparement de la rente ?
S'ils le disent, c'est qu'ils sentent des pressions ou qu'ils les subissent. Quand on constate, amer, le rôle bloquant du Conseil national de l'investissement (CNI) et son incapacité à libérer des projets qui sommeillent depuis des années, il y a de quoi douter de ses missions et de son rôle. Son détournement vers l'embrigadement de l'acte d'investissement et sa transformation en cimetière de projets innovants et porteurs inquiète vraiment la communauté nationale et découragera certainement toute intention d'investissements étrangers par les firmes internationales.
Dans des pays adultes, les déclarations du patron de Cevital, vérifiées et avérées, provoqueraient un effet atomique dans les centres de décisions et feraient tomber bien des décideurs. L'intrusion de l'argent sale dans le circuit entrepreneurial, combinée à une instrumentalisation éhonté de l'appareil patronal, risque de briser l'émergence d'une élite économique solidaire et dynamique, garante d'une économie solide. C'est là aussi le drame : le discours politique est en porte-à-faux avec les actes de nos gouvernants. Au moment où des économies du monde entier tendent les bras à nos hommes d'affaires, notre économie les décourage, les rejette et les exclut. C'est un stade métastasique de l'incurie politique.
-La crise du FCE est-elle, selon vous, symptomatique d'une crise politique autrement plus grave, née de la lutte des clans au sein même du pouvoir en place ?
Je ne saurais le dire tant les décantations ne se seraient pas totalement faites. Les repositionnements futurs et les réactions manœuvrières des décideurs nous renseigneraient sur les prolongements politiciens qui seraient donnés à la crise du patronat. Mais comme partout ailleurs et particulièrement dans une économie rentière comme la nôtre où l'on confond business et trabendo, les liens étroits entre le monde politique et celui des centres économique et financier ne peuvent être ignorés. Et en cela, il y a un risque que les rapports de force soient favorables aux milieux maffieux et «trabendistes» au détriment de vrais investisseurs qui savent ce que veulent dire stratégie, concurrence, valeur ajoutée, patriotisme, etc. Il y a une nécessité à assainir ce genre d'institutions de la pollution politicienne qui hypothèque les chances de l'émergence d'un consensus entrepreneurial parmi l'élite économique, seul garant de notre capacité à construire une économie forte et compétitive.
S'embourber dans de telles crises au moment où notre sécurité alimentaire, énergétique et même sanitaire est menacée est franchement humiliant pour l'Algérie. Le «tiers-mondisme» de l'Algérie en matière entrepeneuriale est déjà si actif qu'il faille vite s'en sortir. Mais à y voir ce qui se passe, on a l'impression que nos décideurs s'y plaisent et font tout pour décourager les vrais entrepreneurs auxquels on veut substituer des aventuriers sans lendemains.


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