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Ouled Djellal mérite d'honorer El Ouafi
Bouaouina Salima, née Zeroug. Plasticienne. Art textile et cartonnage. Nièce du champion olympique El Ouafi
Publié dans El Watan le 07 - 08 - 2014

«Rien n'est plus dangereux qu'une idée quand on n'en a qu'une.» (Claudel)
Il y a quelques semaines, et au lendemain de la parution dans nos colonnes d'un portrait consacré à El Ouafi, le première médaillé d'or olympique algérien en 1928 à Amsterdam, on était joint au téléphone par une voix féminine se présentant comme la nièce du célèbre marathonien, souhaitant donner davantage d'informations à son sujet.
Cette dame s'appelle Mme Bouaouina Salima, née Zeroug. Bientôt 77 ans, artiste plasticienne spécialisée dans le patchwork. Rendez-vous est pris à son domicile à Alger, où elle nous reçoit dans son atelier au charme désuet, «illuminé» par ses œuvres plastiques, disséminés ici et là. Visage rêveur, regard attentif, Salima répond aux questions en choissisant ses mots avec la même minutie et la même élégance qu'elle met à composer ses créations.
Baignée dans l'oralité, elle raconte avec un art consommé et prenant qui nous capte et nous fait voyager en relayant les mots. On était venu à la rencontre d'une damme soucieuse de témoigner par devoir de mémoire, et on découvre une artiste élégante qui, en dépit d'une modestie qui confine à la timidité recèle un talent indéniable. L'occasion était propice pour la faire mieux connaître puisqu'elle aussi n'a pas été avare dans ses témoignages poignants sur sa famille et son enfant terrible d'oncle parti de son bled désolé, Ouled Djellal, au début de sannées vingt pour aller tutoyer les étoiles et la célébrité, hélas éphémère. Salima parle de son enfance et surtout de son douar, Ouled Djellal, auquel elle veut associer El Ouafi pour l'éternité et la postérité.
Retour aux sources
D'entrée, Salima évoque sa passion, la peinture, pour laquelle elle se dévoue sans compter. «Le dessin, pour moi, est une vocation. A l'école déjà, j'aimais beaucoup m'exprimer par ce moyen. En grandissant, j'ai fréquenté des ateliers de dessin et d'art à Montparnasse. J'ai travaillé chez un décorateur en art textile dans le 10e arrondissement de Paris. Le patron m'a encouragée et m'a même inscrite dans une école d'art à la place Blanche, que je fréquentais le soir après les heures de travail. J'étais gainière. Après, j'ai travaillé au Boulevard Saint Michel.
Après la mort de mes parents au début des années soixante, je suis partie à Stuttgart en tant que réfugiée politique. J'y suis restée deux ans et j'ai profité de cette occasion pour apprendre l'allemand. A l'indépendance, on a été réquisitionnés par le FLN pour rentrer en Algérie. Mon mari, syndicaliste, a créé avec Ali Chemli le collège syndical. J'ai exercé au MJS en 1962 aux côtés de MM. Mohamed Fares et Hervé Bourges, puis à la SN Repal à la Communauté européenne et à l'ONU.
J'ai pris ma retraite anticipée en 1989. J'avais déjà préparé mon atelier pour y passer la seconde partie de ma vie. En mon for intérieur, je devais me consacrer à la peinture, mon hobby. Un jour, en feuilletant une revue j'ai découvert le pachwork, ça a fait un clic dans ma tête. Je me suis dit, pourquoi pas ? Je me suis informée et formée en me consacrant sérieusement à cette activité lors de la décennie sanglante. J'ai commencé à donner des cours à de jeunes filles. En 1998, j'ai organisé le premier salon de pachwork à la Bibliothèque nationale. Ensuite, avec des amies nous avons créé un club. «Cette discipline, confie notre interlocutrice, s'est finement développée puisqu'un bon nombre de mes élèves transmettent à leur tour à travers des cours. J'en suis heureuse et flattée.»
La peinture tient aussi une place particulière dans la vie de Salima qui a exposé à la galerie Royal à Paris en 1957, en Algérie à la galerie Omar Racim en 1964, à l'UGTA, à la SN Repal, et plusieurs fois au Palais de la Culture. L'activité culturelle, selon elle, n'est pas aussi florissante qu'on tente de le faire croire. «Celle-ci n'est pas très encouragée, mais il y a beaucoup de galeries qui s'ouvrent ainsi que des ateliers. Ce qui augure d'un avenir moins sombre», lance-t-elle.
L'oubli, c'est la mort
Observatrice, incisive et audacieuse, son intelligence et sa liberté l'amènent à débusquer la vérité, elle qui est toujours soucieuse de conformité entre l'apparence et l'être. «On ne parle d'El Ouafi juste lorsqu'il y a les JO, même si certaines amis téméraires ont vaincu la culture de l'oubli. Comme en France où la grande artère du stade de France porte le nom de mon oncle. Son patronyme est aussi pérennisé à Bobigny à la Coureneuve et à Boulogne Billancourt dans les anciens emplacements de l'usine Renault où Tonton a travaillé assez longemps.
Les anciens qui l'ont connu ont même créé un comité pour perpétuer sa mémoire.» Pour l'heure, il n'y a qu'un seul souci qui obsède Salima, décidée coûte que coûte à réhabiliter la mémoire de son oncle. «Lorsqu'il y a eu le marathon de Djanet auquel l'organisateur, M. Rezkane, a eu l'amabilité de m'y inviter, j'ai saisi l'opporltunité de parler d'un éventuel marathon d'envergure portant le nom d'El Ouafi, non seulement pour le remettre au goût du jour, mais aussi pour lui rendre justice.
J'en ai parlé à mon entourage et à M. Rezkane qui m'a orientée vers le MJS. J'y suis allée, où j'ai été reçue par le directeur des sports. La rencontre, plutôt protocolaire, n'a pas donné de résultats. J'ai écrit aux autorités à Biskra, où un complexe était en construction dans l'espoir de le baptiser du nom d'El Ouafi, on m'avait rétorqué que ce n'était pas un martyr.» Déçue mais pas abattue, Salima continuera son combat en frappant à toutes les portes et notamment à Ouled Djellal, le fief de sa famille, mais où l'histoire d'El Ouafi est peu connue. Salima nous en donne les grandes lignes.
Nonobstant sa carrière olympique fulgurante et sa médaille en 1928 à Amestardam, El Ouafi a eu une fin de carrière chaotique. «Tonton El Ouafi vivait chez ma mère Khadidja, sa sœur, à Stains, dans la banlieue parisienne. Suite à un accident domestique, il ne travaillait plus. Il cotisait au FLN avec 3000 francs menseuls. Je me rappelle bien de cette période où j'exercais à la mosquée de Paris et où la collecte d'argent se faisait. Une de mes sœurs, Hamida, était mariée à un riche Algérien, dont la mort suspecte dans un accident avait éveillé des soupçons. Mon père, Abdelkader Khodja et Tonton El Ouafi sont partis à Saint Denis chez Hamida pour partager son deuil. Il y avait un escalier de service dans le café au-dessus duquel se trouvait l'appartement de ma sœur.
Il n'y avait que Lounis, son mari, qui l'utilisait. Ce jour-là, des individus armés sont montés par cet escalier et ont commencé à tirer dans le tas. Ma sœur Zoulikha a assisté à toute la scène. Tonton El Ouafi a pris un objet contondant pour faire face aux assaillants. Il a été criblé de balles ainsi que ma mère. Sincèrement, je ne peux dire si ces tueurs relevaient du MNA (France Soir titrait le 19 octobre 1958 en première page «Règlement de comptes entre FLN») ou une histoire d'héritage. Mon père qui a survécu à cette tuerie possédait une rotative clandestine qui imprimait les tracts du FLN.
Un jour, un inconnu lui a tendu un guet-apens et l'a assassiné. C'était le 10 mars 1960 à Paris.» Mme Bouaouina Salima, née Zeroug est née en 1937 à Belcourt. Son père avait un atelier de menuiserie. En 1937, lors de la grève des commerçants, il a été arrêté et incarcéré à la caserne de Blida. «Lorsque j'ai été emmenée pour le voir, je pensais qu'il était incorporé au service militaire alors qu'il était emprisonné. En sortant de la caserne, il a décidé d'emmener toute la famille en France aux côtés de mon oncle El Ouafi qui nous a trouvé un logement à Clichy et a fait embaucher mon père.»
En 1954, El Ouafi est victime d'un accident et ne pouvait donc plus travailler. Il habite seul à Saint-Ouen. Mais, déprimé, il passe le plus clair de son temps chez sa sœur Khadidja, la mère de Salima. A Alger qu'elle a rejoint avec sa famille au lendemain de l'indépendance, Salima tente de renouer avec son village d'origine, Ouled Djellal. Elle n'y est allée la dernière fois qu'en 1948. «J'avais une image un peu floue de ces contrées désertiques, où les habitations surgissaient comme par miracle du sable, entourées de palmeraies dans des espaces verdoyants sublimes.»
Dernièrement, Salima s'est promise d'aller à Ouled Djellal enveloppé d'un autre décor que celui qu'elle a connu dans sa jeunesse. «La maison familiale, se rappelle-t-elle, était à l'extrémité du village. Dès qu'on y sortait, on était en face de l'immensité du désert. Plus maintenant, notre demeure n'est plus isolée puisqu'elle est au milieu du village entourée de plusieurs maisons.» Salima n'y est pas allée pour rien. D'abord pour renouer avec ce qui reste de sa famille, mais surtout pour faire ressusciter le nom de son oncle Louafi, qui avant de devenir champion olympique en 1928, s'initiait à la course dans ces contrées désertiques, à l'apparence hostile, défiait la nature, les vents de sable.
Un marathon el ouafi à Ouled Djellal
A l'origine de ces retrouvailles de Salima avec son bled, un cousin faisant partie du groupe de médecins exerçant à Alger et qui sous la conduite du professeur Benbouzid, s'accordent une semaine à Ouled Djellal pour y exécuter des opérations chirurgicales au profit de la population locale. Du bénévolat méritoire dès lors que ces toubibs en ont fait une tradition et leur passage remarqué est signalé chaque année à Ouled Djellal.
Salima en a parlé au professeur Benbouzid et à ses compagnons qui étaient séduits à l'idée d'organiser ici, la ville d'El Ouafi, un marathon international qui porterait son nom.
L'idée a fait son chemin, les autorités ont été sensibilisées. En attendant la réalisation de cet objectif, une auberge de jeunesse s'enorgueillit déjà de porter le nom d'El Ouafi à Ouled Djellal…


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