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Dali par Dali
Un entretien inédit avec le grand maître

Un entretien enregistré il y a 36 ans, treize jours avant le décès du maître.
Le 8 février 1978, nous avions rendez-vous, Zeineb et moi, avec Hadj Abdelkrim Dali à l'Institut national de musique, rue Hocine Tiah, à Alger, où il travaillait avec une technicienne est-allemande à l'enregistrement de pièces du patrimoine musical. L'accueil est chaleureux, l'homme est affable, d'une réelle simplicité mais d'une impressionnante rigueur, dès lors qu'il traitait du patrimoine. Il s'est livré sans emphase, avec humilité, et ce fut pour nous un moment exceptionnel.
Nous ne savions pas encore à quel point… Le 21 février au soir, le téléphone sonne. D'une voix cassée par l'émotion, Hadj Abdelmadjid Djezzar nous apprenait le décès de Hadj Abdelkrim. Voilà ce que nous disait le cheikh treize jours auparavant :«J'avais dix ans et demi. Je suis sorti de l'école. J'ai commencé à apprendre un peu d'arabe, en même temps que la musique. J'ai commencé d'abord avec la derbouka. Mon père était commerçant et les musiciens venaient ''s'asseoir'' chez lui. Mon premier maître était Cheïkh Abdesselem Bensari, un ami de mon père.
Parfois il entreposait ses instruments de musique chez mon père : derbouka, tar, kamandja, rbeb… J'ai commencé à taquiner la derbouka. Un jour, ce cheïkh m'a entendu chanter une vieille chanson, Baba Salah, ouayni lkelma. Saci (Il s'agit de Saci El Bratni) l'a enregistrée. Le cheïkh était assis sur le pas de porte avec mon père et m'écoutait. Il lui dit : ''Ecoute, ton fils, il a une belle voix. En grandissant, il aura une voix convenable, qui plaira''. Mon père était mélomane. Il lui dit : ''Il est à toi. Apprends-lui''».
La boutique du père
«Il a commencé par m'apprendre à jouer de la derbouka chez lui. Ça a duré un peu moins d'un an. Ensuite, il a commencé à m'emmener aux mariages. J'étais jeune, j'avais rapidement sommeil, je ne terminais pas la nuit. Quelqu'un me raccompagnait à la maison vers minuit.
A l'âge de douze ans, douze ans et demi, j'ai commencé à veiller réellement jusqu'à trois heures, trois heures et demie. Je suis resté deux ans avec le cheïkh, puis avec Omar Benbakhchi qui travaillait avec cheïkh Larbi Bensari. Ils se sont séparés après 24 ans de travail commun. Cheïkh Benbakhchi a formé son propre groupe.
Il dit à mon père : ''J'aimerais bien que tu me donnes Abdelkrim pour les veillées du Ramadhan au café. Cheïkh Abdesselem Bensari ne veille pas dans les cafés. Il ne chante que dans les mariages. J'aimerais renforcer mon orchestre avec Abdelkrim, comme Redouane avec son père. Je mettrai ton fils dans le Livre de Dieu et lui apprendrai ce que je sais. J'ai appris avec Larbi Bensari. Je lui apprendrai tout et ne serai pas avare de mes efforts". Mon père m'a mis avec cheïkh Omar Benbakhchi.
J'ai travaillé pendant environ un an à la derbouka, puis le tar pendant deux ans. Il m'avait acheté une mandole. J'avais seize ans et demi. Puis, progressivement, le violon, le piano… J'ai travaillé pendant deux ans avec cheïkh Mohamed Bendali-Yahia. C'est lui qui m'a initié au chaâbi du Maroc. C'était une personne expérimentée en ce qui concerne la voix. Il interprétait la qacida El Hadjem que le public connaissait et aimait. Il m'a fait apprécier la qacida Rdjel Meknès (El Meknassiya). En grandissant, j'ai commencé à voyager avec les maîtres. J'allais au Moghrib (ndlr : Maroc) pour ramener des textes, surtout les textes populaires marocains.»
La tentation du chaâbi
«Pour revenir à nos premiers propos, à dix ans et demi, j'ai commencé par le chaâbi dans les mariages et à l'écoute. Il n'y avait personne pour me donner les textes. Cheïkh Omar, mon deuxième professeur, avait un grand livre où étaient écrits les madayeh, des textes populaires d'auteurs algériens, Bentriki, Bensahla et marocains, Bensmaïel El Djazaïri, Benchehad, tels Talet Sidi elghaïba, Qadhaïna soughra… Lui ou moi écrivions les textes. Je connaissais à peine l'arabe, mais j'apprenais à l'écoute. Dans les mariages, j'apprenais les textes qui me plaisaient.
Les gens me demandaient des textes et c'est ainsi que j'apprenais, extrait par extrait, que je transcrivais, une fois à la maison, pour ne pas oublier. Les textes populaires en dialectal, chaâbi, étaient faciles, contrairement au classique, à l'andalou qui était en arabe littéraire. Certains disent que celui qui débute dans le chaâbi ne peut chanter l'andalou par la suite. Je dis que c'est impossible, on ne peut aimer le chaâbi sans le classique.
C'est difficile peut-être, dans la mesure où l'andalou se différencie du chaâbi par ''l'élévation" de la voix ; elle "monte", "descend", les silences, la langue, le rythme. On ne peut ignorer le rythme. Dans le chaâbi, il y a des personnes qui l'apprennent facilement, essentiellement ceux qui maîtrisent le rythme (el ouazn). J'ai travaillé le ouazn (derbouka et tar) pendant près de six ans. Tous les rythmes du chaâbi sont dans ma tête. Il ne constitue pas un obstacle pour moi, je redoute seulement les paroles.
Il existe des personnes qui n'ont jamais emprunté la voie du rythme. Ils n'ont jamais pris le tar ou la derbouka avec les maîtres. Celui qui commence avec un banjo, un luth, une kouitra, est pour moi "naqess" (ndlr : incomplet). Même s'il devient maître, il subsistera toujours une lacune. Il ne maîtrise pas le rythme. Comme me disaient les vieux Tlemcéniens, des maîtres qui nous conseillaient : "Abdelkrim, tu es l'exemple du militaire qui débute 1re classe et qui termine colonel ou général"».
Les maîtres de Tlemcen
«(…) Dans les années 1920, il y avait beaucoup de maîtres à Tlemcen. Cheikh Larbi, Cheikh Omar avec lequel j'ai travaillé, Cheikh Abdesselem Bensari avec lequel j'avais commencé, Mohamed Bendal-Yahia. Il y avait également les orchestres israélites. Cheikh Yahou Bensaïd avec lequel j'ai voyagé et que j'avais accompagné à la derbouka avec l'accord de Cheikh Omar. J'ai été avec lui à Casablanca, mon premier voyage au Maroc, en décembre 1928.
Il y avait aussi les maîtres Btaïna, Brahim Draï. (...) Je voyageais beaucoup au Maroc, j'en ramenais des textes et j'apprenais "lahdjathoum" (ndlr : leur dialecte). En 1937, ils m'avaient écrit Ana El Kaoui. C'est moi qui l'ai introduit à Tlemcen. J'ai commencé à le chanter. Il a été apprécié et à Alger aussi quand je m'y suis installé. Je l'ai donné à d'autres qui en ont modifié la mélodie. A Tlemcen, il y avait aussi ceux qui refusaient de transmettre. Je payais tous ceux qui me donnaient des textes.»
L'entretien se poursuit notamment avec la rencontre de Boudali Safir et les conditions de l'installation à Alger, l'expérience de la radiodiffusion, les échanges avec les maîtres de la çanaâ et jusqu' à l'entreprise d'enregistrement et de sauvegarde du patrimoine musical auprès de l'Institut national de musique. Il est plus facile de rapporter les mots de Hadj Abdelkrim Dali en ce jour de février 1978 que de dire notre émotion au moment où il prend son «oud» et chante Bensahla, père et fils.
Comme un cadeau, comme un message... A la sortie de l'Institut, cheïkh Abdelkrim se dirige vers la voiture qui devait le raccompagner, puis revient sur ses pas et s'adresse à nous avec ces mots : «Salou aâla ahl Qsentina» (Saluez les gens de Constantine). Constantine qui ne l'oublie pas. Comme l'Algérie toute entière et au-delà.


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