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Il y a toujours eu ‘‘liberté de tuer'' des Noirs aux Etats-Unis
Françoise Vergès : Politologue spécialiste de l'Outre-Mer. Présidente du Comité pour la mémoire de l'esclavage
Publié dans El Watan le 29 - 05 - 2015

Après les violences policières à Baltimore, un mouvement de femmes noires a lancé Black Lives Matter ! Françoise Vergès analyse les origines du racisme aux Etats-Unis.
- Est-il approprié de parler de «commémoration» de l'abolition de l'esclavage, sachant qu'en France il y a plusieurs dates assignées pour l'occasion ?
Il y a plusieurs dates parce que l'histoire de la traite et de l'esclavage est longue et complexe, elle se passe sur plusieurs territoires et sur plusieurs siècles. La France esclavagiste a eu plusieurs colonies et pendant plusieurs siècles. Il ne peut donc pas y avoir une seule date. C'est normal qu'il y en ait plusieurs. En Martinique, Guadeloupe, Guyane et à La Reunion, l'abolition de l'esclavage n'a pas eu lieu à la même date en 1848.
En Martinique, les esclaves n'attendent pas que le décret arrive de France. Ils imposent dès le 22 mai le décret du 27 avril. Mais pour revenir au présent, il y a une date, le 10 mai, qui s'adresse à tous les citoyens et qui est la journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition ; le 23 mai demandé par des associations pour honorer les victimes de l'esclavage et les dates de chacune des anciennes colonies esclavagistes.
Il y a plusieurs niveaux d'histoire et de mémoires et je trouve cela positif plutôt que négatif. Une histoire n'existe pas sans des liens avec d'autres histoires, ce que je veux dire, c'est que l'histoire de l'esclavage est une histoire globale, que l'histoire de chaque colonie est elle aussi inscrite dans une histoire régionale (Caraïbes, Océan indien, Amérique du Sud).
- Lors de sa visite en France, en mai, Angela Davis a déclaré que «l'industrie carcérale aux Etats-Unis n'est que le prolongement de l'esclavage». Que peut-on retenir des tragiques événements survenus à Baltimore ?
Que la lutte continue ! Bien que des progrès aient eu lieu, la violence policière raciale est toujours là. Il y a toujours eu «liberté de tuer» des Noirs aux Etats-Unis. Ce n'est pas nouveau. C'est ancré dans l'esclavage. Ce qui est réconfortant, c'est de voir la détermination des jeunes, ils ne manifestent pas un jour puis rentrent chez eux, ils restent là, reviennent. Ils sont plein de courage.
On assiste à l'émergence de quelque chose de nouveau comme leadership, une manière de s'organiser. Et il faut dire et redire que ce sont des jeunes femmes noires qui ont lancé «Black Lives Matter !». Mais il n'y a pas qu'aux Etats-Unis que la violence policière raciale s'exerce. En France aussi, des jeunes sont tués par des policiers pour «délit de faciès» et nous attendons toujours que les coupables soient poursuivis.
- Aux USA, la violence policière est devenue la réponse première à une société qui se cherche et qui tente de concilier identité, passé et revendications civiques.
La société américaine s'est fondée sur le génocide des Amérindiens puis sur l'esclavage des Africains déportés. Dès le départ, elle est violente. Les esclaves, les Noirs américains seront à l'avant-garde des luttes pour une vraie démocratie. Ils ont évidemment eu des alliés parmi les Blancs. Il ne faut pas non plus oublier les autres communautés. Les Latinos, les Asiatiques, les musulmans sont aussi visés par les violences racistes. Tant que ces questions ne sont pas résolues, la violence policière, le racisme, l'homophobie, l'islamophobie, mais aussi les profondes inégalités dans l'éducation, la santé, le logement, on ne peut pas parler de véritable démocratie
- Angela Davis était en France dernièrement pour la commémoration de l'abolition de l'esclavage. Comment a été la rencontre avec les jeunes présents ? Qu'a-t-elle laissé comme message ?
Angela Davis était l'invitée d'honneur de la ville de Nantes pour la journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition. Elle a rencontré des lycéens, de jeunes adultes, des élus, des migrants africains vivant dans un squat fuyant guerres, chaos, et misère de leurs pays (Tchad, Erythrée, Soudan...) qui avaient une compréhension très claire des enjeux géopolitiques dont ils sont les victimes. Elle a donné une grande conférence, et a répondu à plusieurs interviews. Les rencontres avec les jeunes ont été formidables, elle dit avoir été très émue par ces rencontres. Elle pense que les jeunes (lycéens et autres) qui visitent le Mémorial apprennent autrement l'esclavage.
- L'année prochaine nous fêterons les 50 ans de la création du parti Black Panthers, l'esprit du mouvement a-t-il survécu ?
Quelque chose a survécu, c'est évident. Tout ce qui était formidablement novateur : les petites déjeuners pour les enfants des ghettos, les cours d'histoire noire. Il faut aussi se souvenir des liens que le Black Panther Party faisait entre classe sociale et discriminations raciales, entre discriminations raciales et impérialisme. Ils parlaient de «colonialisme interne» et voyaient leur lutte comme solidaire de celles des peuples vietnamien, cubain, etc.
Une chose importante : on oublie souvent que les femmes furent nombreuses au BPP et qu'elles jouèrent un rôle important. L'image qu'on connaît est souvent celle des hommes en veste et béret noir avec un fusil, mais il y avait des femmes très courageuses, très déterminées. N'oublions pas non plus l'incroyable mouvement de répression contre le BPP : emprisonnement, destruction de leurs bureaux, campagnes de diffamation et, bien sûr, assassinats par la police et le FBI. L'esprit qui vit est celui d'une détermination et de la conviction qu'il faut s'organiser pour lutter. Organiser, organiser, organiser !


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