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Jetez votre art à la rue, le peuple le récupérera, l'interprétera et finira par l'adopter
Yasser Ameur. Artiste designer
Publié dans El Watan le 12 - 06 - 2015

«L'homme jaune», création de Yasser Ameur, s'affiche sur les murs de nos villes pour mieux nous parler de notre société.
- Vous exposez L'homme jaune dans la rue et dans vos œuvres. Pourquoi est-il jaune et gras ?
L'Homme jaune, c'est nous, d'où mon expression «Hna houma ntouma» (nous sommes vous). C'est donc un concept à travers lequel je propose des personnages imaginés et façonnés, à l'image de l'humain et de sa condition actuelle, le tout contextualisé par rapport à l'Algérie, sa réalité sociale et politique. Mes sujets sont poussés jusqu'à la déformation, soumis ainsi à l'expression de mes réflexions et de mes tourments.
Et même si le jaune peut sembler comme étant un choix subjectif de premier abord, on trouve cette même symbolique dans notre société «Dahka safra» (rire jaune), signifiant toute cette laideur intérieure incluant hypocrisie, perfidie, individualisme et tout ce qui s'en suit. Elle est donc, pour ma part, la couleur qui va le mieux à l'homme que l'on est devenu. On trouve cette même symbolique dans Le Christ jaune de Paul Gauguin.
- Selon vous, les arts devraient être dans la rue. Pourquoi ?
Plus qu'un choix, il s'agit là d'une nécessité. Prendre la rue comme support est une manière d'occuper esthétiquement l'espace public. Nos musées sont désertés, pareil pour les quelques galeries qui parviennent à subsister où on y rencontre les mêmes habitués. L'art s'est retrouvé, malgré lui, réservé à une certaine élite.
Qu'en est-il alors du peuple ? Des gens non initiés à l'art. Devons-nous attendre vainement ce public tant espéré ou aller à sa recherche, bousculer son indifférence et trouver un moyen de susciter son intérêt en parlant son langage et en conjuguant notre délire artistique à sa réalité sociale. Le vrai changement n'est pas politique mais social, et la rue peut être le berceau de ce changement. Jetez votre art à la rue, le peuple le récupérera, l'interprétera et finira par l'adopter.
- Vos réalisations sont principalement dans la rue, est-ce par envie de rapprocher le public des arts ?
Il y a certes cette volonté de rapprochement, mais c'est aussi un moyen pour soulever des questionnements, pousser le passant à la suggestion et à une libre interprétation. Ecrire «nous sommes vous» sur un homme jaune collé dans une rue, c'est renvoyer une sorte d'image réfléchie à mon spectateur, le mettant face à lui-même.
En somme, la rue et les cafés m'ont permis d'être en perpétuel contact avec ces gens de peu mais des gens bien, et loin de ce que l'on pourrait croire, j'ai plus appris d'eux que je ne leur ai appris. L'Algérie est un pays vierge à conquérir artistiquement, il y a tant à donner et tant à apprendre.
- Si on vous écoutait et qu'on exposait plus d'œuvres dans les rues, que deviendraient les galeries et les salles d'exposition ?
L'un n'empêche pas l'autre, car artistes et galeristes souffrent pareillement de ce désintérêt envers l'art. Le street art a justement pour but de susciter l'intérêt des gens et les inviter dans les galeries, les salles d'expo. Cependant, j'ai assisté à une scène au MaMa où un couple obligeait leurs quatre enfants de quitter le musée car incapable de payer les 800 DA de billetterie, sachant que le smig est de 600 DA/jour. En 1991, les musées nationaux ont enregistré 90 229 entrées et en 2009 94 205.
C'est dire qu'en 20 ans, le nombre de visiteurs n'a pas changé, alors que le budget de la culture a été multiplié par 10. Et au lieu de revoir notre politique culturelle afin de rapprocher les gens de la culture, on impose des billets à 200 DA. Le pays a-t-il vraiment besoin des 200 DA de l'Algérien quand on peut se permettre des milliards de dinars pour une capitale arabe bricolée et inachevée ?
- Un peu comme Banksy, vos œuvres sont également engagées. Sauf que Banksy joue sur la carte de l'anonymat...
Banksy est un artiste qui a fait ses preuves et moi je ne suis qu'à mes débuts. Ceci-dit, on a tendance à mal définir le terme «engagé», un terme qu'on résume au simple fait de traiter des sujets d'ordre politique. Or, l'engagement doit s'accompagner par l'action et les street artistes algériens sont tout aussi engagés que moi par le fait d'agir dans la rue. Par ailleurs, il est vrai que certains de mes sujets relèvent d'une critique assez crue, acerbe et sarcastique. D'ailleurs, j'ai même frôlé l'arrestation, notamment à Tamanrasset récemment, concernant mes collages contre le gaz de schiste. Le vrai engagement ne se résume pas à la nature des sujets traités, mais à l'action entreprise.


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