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La guerre d'Algérie et la position des intellectuels français
Publié dans El Watan le 22 - 08 - 2004

Pourquoi, dirait-on, un tel regain intérêt pour un sujet passionné, particulièrement en ces circonstances bénies qui ont vu en 2003 l'exploit de l'Année de l'Algérie en France ?
D'abord, tout simplement, parce que l'histoire de nos deux peuples, mise sur le devant de la scène malgré elle, fut sans aucun doute du voyage ! Grâce à elle, nos deux peuples vont sûrement se rappeler, ainsi, leurs dérèglements communs et les états d'âme d'un certain siècle. J'estime, ensuite, que l'Année de l'Algérie en France a, visiblement, fourni une occasion de faire tomber cet écran délétère de malentendus qui met à mort toute entreprise généreuse de se rapprocher les uns des autres. En outre, cette manifestation sera certainement propice à configurer nos plates-bandes et à réconforter notre allant commun. C'est, enfin, une aubaine, car je me dis que le calme n'étant pas toujours synonyme de sérénité, il est nécessaire d'assurer et de garantir la vertu du breuvage, tant il est vrai que, pour qu'une eau de bonne odeur puisse être bue et appréciée, il faut que, transparente, elle ait une bonne saveur...
Peut-on être porteur d'un même idéal et le défendre résolument dans la pratique ?
L'engagement envers une juste cause est le sujet que j'aborderai ici, avec en arrière-plan la colonisation de l'Algérie, et en filigrane l'attitude des intellectuels français envers cette expédition. On peut se demander, en effet, s'il est si certain qu'un engagement envers une noble cause se fasse dans l'absolu, la généralisation, pour l'éternité... Autrement dit, peut-on être porteur d'un même idéal et le défendre en pratique, indifféremment du temps, de l'espace ou de son adversaire ? Ou bien, alors, si au fil des circonstances, l'infidélité n'est pas, dans ces cas-là, également de mise ? Au vu des expériences recensées par l'histoire, certains croient devoir apposer un doute sur la pérennité de tels serments à la pureté des cristaux ! Puisque, non seulement, arguent-ils, un engagement se paie le plus souvent au prix fort, mais qu'il peut être parfois, corrélativement à une autre bonne cause, à géométrie variable. Le problème ainsi posé ne confine-t-il pas la raison à se questionner sur la pérennité des passions ? Et d'ailleurs ! Dalila a bien trahi Samson, dit la légende. Ponce Pilate a dû exécuter une sentence décrétée malgré lieu. Pétain, au gré des contingences, a engagé la France selon sa conviction au partage avec l'ennemi.
Un engagement dépend d'une vérité
Ainsi, en Arabie, la période préislamique (500-600 après J.-C.) connaissait ses poètes engagés : Antar, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, au risque de perdre sa belle Abla, s'est engagé avec le glaive contre le statut d'esclave. Et au VIIIe siècle, le poète troubadour El Moutanabi s'est engagé contre les incompétences, la dictature des souverains arabes et l'incurie de leurs royaumes. Rouget de Lisle au XVIIIe siècle, par la Marseillaise et Moufdi Zakkaria au XXe siècle, dans son idyllique épopées Kassaman, se sont plus qu'engagés, perpétuant à leur manière le combat de libération de leurs peuple, Molière, Jean de la Fontaine, Louis Aragon, Henri Alleg, Jacques Berque, Kateb Yacine, plus près de nous ont d'eux-mêmes opté pour une authenticité à ciel ouvert. Alors où doit-on invoquer le péché véniel et quand évoquer le crime de lèse-majesté ? Serait-ce dans le manque de culture, l'absence d'idéaux et de valeurs pérennes ? Dans un trouble de perception ou un manque de conviction ? Dans l'excès d'un opportunisme temporel ? Ou, tout simplement, dans une défaillance de discernement et d'à-propos ?
Renoncer à ses convictions : une culture d'appréciation ou de réalisme ?
A ce titre, cet article ambitionne d'évoquer comment les intellectuels et hommes de lettres français ont ouvert - ou, du moins, couvert - l'expédition des troupes coloniales françaises depuis 1830. Il semble utile, du moins instructif, au regard de l'avenir, d'exposer aux jeunes générations l'attitude de distanciation intellectuelle - pire, comme nous l'aurions qualifié de nos jours, de déconnexion - qui a accompagné par action, sinon par omission, la tragédie du royaume d'Alger durant plus d'un siècle. Et si je rappelle ces méfaits, c'est uniquement pour que nous puissions déclarer à l'unisson : « Plus jamais de ça ! » Et je pense qu'aujourd'hui, les deux peuples en sont conscients et plus disposés. Evidemment, en écrivant ces lignes, j'ai banni de ma pensée l'intention de jeter l'effroi ou de troubler l'esprit des gens honnêtes. Bien au contraire, si je devais porter certaines vérités, ce ne serait que par dépit. Sans haine ni rancœur, donc, cette lie permettra une thérapie en apaisant l'âme des consciences bien nées qui se diront : « Maintenant, on s'est compris, on se pardonne ! » On parle de littérature (ou de poésie) engagée et s'engager, c'est, dit-on jurer, opter. Pourtant, ne point s'engager, c'est aussi avoir opté ! Car, même dans une neutralité de jure, on s'engage de facto. Quand à Bandoeng en 1958, les pays du tiers-monde ont adopté le non-alignement, cette disposition les écartait, du moins en théorie, de chacun des deux blocs. De même que dans leur neutralité légendaire, la Suisse et la Norvège sont engagées envers une option philosophique et politique. Mais un tel protocole les absout-ils, pour autant, d'être sensibles aux malheurs des autres peuples ? Bien au contraire ! La Croix-Rouge est suisse et la Norvège décerne le prix Nobel de la paix. Car comment pourrait-on estimer qu'un membre d'une société ou d'une nation ne ressente point ce qu'éprouveraient en mal des amis, des compatriotes ou tout simplement d'autres ethnies ou d'autres contrées ?
La galère
Si je salue les génies et les géants de la pensée française, je suis cependant mû par le désir de revoir la copie de notre histoire commune. Et si je m'incline humblement devant toutes les victimes innocentes des deux bords, je commencerais par gommer les apocryphes des recalés de l'histoire qui ont justifié, à travers un miroir déformant, la torture en Algérie entre 1956 et 1960. « Les autres, ont-ils dit, ont aussi tué des innocents et ont posé des bombes ! » Soit ! A théorie burlesque, argument exterminateur qui jette l'opprobre sur celui qui se bat pour sa dignité et se libérer du joug imposé. Se prenant pour des civilisateurs, ils ont justifié l'asservissement des autres peuples bafouant, ce faisant, les dogmes mêmes (valeurs universelles) de la Révolution française. A ceux-là qui, injustement, ont dénié aux partisans de la liberté le droit élémentaire de respirer leur terre, une terre qu'eux ont spoliée, après l'avoir ensanglantée et dévastée, je répondrai placidement dans la langue de Molière. Comme Scapin apprend à Géronte que son fils s'est embarqué, par dépit, dans une galère à Alger, celui-ci assène son fameux leitmotiv : « Mais que diable est-il allé faire dans cette galère ? » Oui, messieurs les philosophes du néant, qu'êtes-vous venus faire en ces lieux avec des canons pleins d'obus, puis des avions dernier cri ? Nous laisserons pourtant le mot de la fin à Scapin, qui, tout aussi fourbe qu'il fût, répondrait philosophiquement : « Une méchante destinée conduit quelque fois les personnes ! » Certes ! Et il en fut ainsi !
Les intellectuels français ont-ils renié les idéaux durant l'expédition française en Algérie ?
S'adressant à ses compatriotes, Michelet déclarait : « Notre interminable guerre d'Afrique tient surtout à ce que nous méconnaissons le génie de ces peuples, nous restons toujours à distance, sans rien faire pour dissiper l'ignorance mutuelle, les malentendus qu'elle cause. » Et c'est vrai que, si nous devions observer le côté historique vécu en aparté par la France et par l'Algérie, on relèverait que tout a dû commencer par là : d'un côté comme de l'autre, l'incompréhension et les arrière-pensées !Certains intellectuels ont tenté, et c'est la que le bât blesse, à travers cette histoire commune, de prescrire une certaine morale à d'autres peuples, du moins ont-ils tenté de donner des leçons de civilité (voire de civilisation) à d'autres nations. Pourtant, dès qu'il s'est agi de son propre pays, de sa propre conduite, c'est-à-dire justement à l'instant même de l'examen véritable, il s'est avéré que leurs considérations se sont ponctuées de plus de réserve et de retenue.
(A suivre)


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